Publié le 23 Nov 2014 - 21:41
COMMENTAIRE

Wade et les bizarreries sénégalaises

 

Quand on évoque les faits d’armes de Me Abdoulaye Wade, viennent tout de suite à l’esprit la création du PDS en 1974 et l’alternance politique intervenue au Sénégal en 2000. D’opposant irréductible au régime du Parti socialiste, le pape du Sopi est arrivé à la magistrature suprême, 26 ans après. Avant de perdre le pouvoir un certain 25 mars 2012.

Au profit d’un de ses anciens lieutenants, en l’occurrence le Président Macky Sall. Mais, depuis lors, Me Wade semble avoir du mal à digérer sa défaite. Surtout que son successeur à eu le culot de mettre son fils Karim Meissa Wade en prison, dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis. Ainsi, tous ses actes et faits ont un seul objectif : la libération de son fils ‘’injustement détenu’’, selon lui, par le pouvoir actuel.

La manifestation d’hier du PDS et de ses micros alliés s’inscrit donc dans cette logique de bras de fer que le l’ancien chef de l’Etat veut imposer à son successeur. Car tout indique que les négociations entre ‘’le maitre et son apprenti’’ sont au point mort. Même si Wade a promis à ses ouailles de rendre compte à Macky Sall de leurs doléances. Raison pour laquelle il a promis de remettre cela après le sommet de la Francophonie, des 29 et 30 novembre prochains.

En attendant, si le pari de la mobilisation a été gagné, hier, sur le plan du discours wadien, rien de nouveau sous le soleil de la place de l’Obélisque où, ironie de l’histoire, mourrait le jeune Mamadou Diop, le 30 janvier 2012, alors qu’Abdoulaye Wade était au pouvoir. En réalité, Wade a répété les mêmes accusations qu’il avait portées contre le régime actuel à son retour de France, le 25 avril dernier. Qu’il suffise de citer ‘’la précarité des étudiants’’, le déguerpissement des marchands ambulants, ‘’le manque de considération des chefs religieux’’, l’affaire Arcelor Mittal, Petro-Tim, ‘’la détresse du monde paysan’’, ‘’la restriction des libertés’’, les menaces et défis à Macky Sall….  

 Quel est donc ce mal qui hante le sommeil du leader du PDS ? Un mélange de sidération et de dépression, à l’heure où son fils sent le tapis de l’histoire se dérober sous ses pieds. Ce qui fait que Wade a du mal à se débarrasser de ses habits de démagogue. Et toutes les allusions et autres comparaisons sont bonnes  dans le cadre du combat qu’il mène pour la libération de son fils. Il en est ainsi quand, pour être dans les grâces des marchands ambulants, il soutient qu’en détruisant leurs étals, l’Etat peut les pousser à aller fumer du yamba (chanvre indien).

Du Wade pur cru. Pourtant à Dakar, les populations ont réélu le maire Khalifa Sall qui avait fait du désencombrement de la capitale un combat personnel. Bref ! C’est pitoyable qu’un ancien chef d’Etat se mette à radoter jusqu'à aussi évoquer la possibilité de déloger du palais présidentiel son successeur élu par 65% des citoyens. Pis, il demande la mise sur pied d’une commission de transition et l’organisation d’élection présidentielle au plus tard le 06 décembre 2015. Les droits de l’hommiste si prompts à crier à la violation des libertés et au respect des acquis démocratiques ont là matière à réflexion.   Et, Me Wade doit comprendre que les Sénégalais ne sont pas des moutons de panurge. Mais la faute incombe surtout aux dirigeants du Parti démocratique sénégalais, qui, faute de bien appréhender le présent et de préparer efficacement le futur, sont de grands amoureux du surplace.

En outre, la présence au meeting du FPDR d’hier de Djibo Leyti Ka, celui-là même qui avait retourné sa veste entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2000, pour appeler à voter Abdou Diouf, traduit à elle seule les bizarreries de la classe politique sénégalaise. Et quant le président du Bokk Gis-Gis, Pape Diop, (Moustapha de son vrai nom, Wade dixit) prend la parole pour demander les retrouvailles de la famille libérale autour du secrétaire général du PDS, l’on se demande que sont devenues les accusations réciproques de sacrifice d’albinos ? A dire vrai, nos politiciens ont vraiment la mémoire courte.

Et Wade n’a pas dérogé à la règle,  lui qui  le temps de son discours a demandé qu’Alioune Sall restitue les 30% de ses parts dans le contrat signé entre l’Etat du Sénégal et Petro-Tim, oubliant au passage que c’est lui-même, alors président de la République et son fils ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des infrastructures et de l’Energie, qui avaient paraphé ledit contrat, le 17 janvier 2012.

 En définitive, à l’image d’Olivia Pope, l’héroïne de la série télévisée ‘‘Scandal’’, Abdoulaye Wade semble avoir pour mission de détourner l’attention, d’effacer les traces gênantes dans le seul but de sauver ses clients aux rangs desquels son fils. La foule des libéraux d’hier à la place de l’Obélisque l’a si bien compris qu’elle n’a cessé de scander à vive et intelligible voix : ‘’ Libérez Karim’’. L’histoire retiendra….

Par Ibrahima Khalil Wade

 

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