Une idée à l’étude
La réouverture des frontières terrestres a été longuement discutée, samedi, à l’Hémicycle. Les députés ont plaidé pour une réouverture, en conformité aux décisions de l’OMS et de la CEDEAO. Le ministre de la Santé a soutenu que cette question est à l’étude au niveau de ses services.
Les parlementaires ont demandé samedi au ministre de la Santé et de l’Action sociale, Awa Marie Coll Seck, de rouvrir les frontières entre le Sénégal et la Guinée, lors de l'examen du budget de son département pour la gestion 2015. Selon Moustapha Cissé Lô, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, c’est devenu une nécessité d’ouvrir les frontières et de renforcer leur surveillance. Une idée approuvée par Mamadou Diop Decroix qui a soutenu que l’ONU, l’OMS et la CEDEAO ont raison et que l’économie de la sous-région se meurt.
En réponse à ces interpellations, le ministre Awa Marie Coll Seck a révélé que ses services sont en train de travailler sur ce dossier de réouverture des frontières terrestres. ‘’L’idée de rouvrir les frontières terrestres, nous y pensons, nous y sommes avec toutes les précautions nécessaires et une surveillance adéquate qui impliquera tous les secteurs de la sécurité, mais également de la santé’’, a dit Prof Seck. Et de poursuivre : ‘’c’est vrai que partout on parle de la libre circulation des personnes et des biens. Mais, les Etats ont aussi le droit de réfléchir sur la meilleure stratégie à mettre en place pour les populations et c’est ce que le Sénégal a fait’’, a-t-elle soutenu.
A en croire le ministre de la Santé, ils vont se préparer en conséquence, étant donné qu’ils vont aussi prendre des responsabilités par rapport à la bonne gestion de la frontière. ‘’Nous voulons que de l’autre côté des frontières, dans les autres pays limitrophes concernés, qu’il y ait aussi une bonne gestion. Il nous faut ce travail avec la Guinée, comme nous sommes en train de le faire avec le Mali. Avec ça, nous pouvons regarder les choses de façon optimiste, même s’il est vrai que le risque zéro n’existe pas'', a-t-elle déclaré.
6 centres de traitement et 50 sites de recasement
En outre, le ministre a annoncé la mise en place très prochaine de six centres de traitement et une cinquantaine de sites d'isolement, afin de mieux renforcer le dispositif de lutte contre le virus Ebola. ''Nous allons créer six centres de traitement de la maladie à virus Ebola dans six localités que sont Dakar, Kaolack, Saint-Louis, Tambacounda, Ziguinchor et Kolda. Nous prévoyons aussi de mettre en place une cinquantaine de sites d'isolement pour une meilleure prise en charge des cas suspects, avec tout l'équipement nécessaire’’, a révélé le ministre Awa Seck. Selon elle, ces sites d'isolement vont permettre d'accueillir les personnes pour les besoins de prélèvement. Si le cas est positif, on le transfère dans les centres de traitement. ‘’200 millions seront consacrés au corridor humanitaire’’, a-t-elle indiqué.
Affaire Malafy Touré : une enquête en cours
S’agissant de l’affaire Malafy Touré, la patiente décédée à l’hôpital de Kolda, le ministre a indiqué qu’une enquête est diligentée pour faire la lumière sur cet événement malheureux. ''Je suis désolée et triste par ce qui est arrivé à Kolda. Nous avons ouvert une enquête. Et au moment où je vous parle, nous avons envoyé un inspecteur sur place pour tout vérifier'', a déclaré Mme Seck. Actuellement, dit-elle, la famille pense porter plainte. ‘’Nous suivons la situation, parce que nous ne voulons pas avoir l'impression de faire une entrave à cette action judiciaire. Nous sommes à l'écoute et nous allons suivre l'évolution de la situation'', a-t-elle expliqué. A la fin du mois de novembre, la dame Malafy Touré a rendu l'âme à l'hôpital régional de Kolda. Après son décès, elle avait accouché à la morgue, alors qu'elle était déclarée non enceinte par les médecins soignants.
Dette, accueil, logistique…
Par ailleurs, la dette des hôpitaux, l’accueil dans les structures de santé, les subventions accordées aux structures, le déficit de personnel sont, entre autres, des sujets qui ont fait aussi débat à l’hémicycle. Pour le ministre, le déficit de spécialistes est surtout lié au fait que le Sénégal n’a pas formé de spécialistes pendant longtemps. Elle n’a pas manqué aussi de déplorer l’accueil dans les structures de santé et l’absentéisme de certains agents. ‘’Des mesures seront prises pour améliorer l’accueil des patients, notamment au niveau des urgences. Le contrôle de la présence sur les lieux de travail et le respect des horaires sera renforcé’’, a rassuré le ministre.
S’agissant des moyens logistiques, elle a soutenu qu’un projet d’acquisition de 164 ambulances permettra de doter toutes les zones, notamment celles rurales et frontalières. Prenant la parole, le ministre délégué chargé du Budget, Birima Mangara, a informé que des dispositions seront prises pour un paiement rapide de la dette des hôpitaux qui s’élève à 6 milliards. Le budget du ministère de la Santé et de l'Action sociale s'élève à 134 milliards, contre 127 milliards en 2014, soit une augmentation de 7 471 238 220 milliards de francs CFA en valeur absolue et 5,88% en valeur relative.
VIVIANE DIATTA