Publié le 2 Feb 2015 - 12:24
JEAN CLAUDE MARUT, CHERCHEUR FRANÇAIS

La médiation américaine a amené Salif Sadio à proclamer un cessez-le-feu’’

 

La diplomatie américaine a permis de faire des avancées significatives dans le règlement de la crise casamançaise, selon le chercheur français Jean Claude Marut. Il s’exprimait ainsi samedi au Cesti, dans le cadre du rendez-vous mensuel ‘’Carrefour de l’actualité’’.

 

‘’Le rôle de la diplomatie américaine dans la crise casamançaise’’. C’est le thème de la conférence animée samedi par le chercheur français Jean Claude Marut, auteur de nombreuses publications scientifiques sur le conflit casamançais, dont ''Casamance, ce que disent les armes''. Selon M. Marut, l’implication américaine dans le règlement de la crise casamançaise est significative, parce qu’elle donne plus de confiance, grâce au poids de la diplomatie américaine, d’une part et d’autre part, elle permet une prise en charge financière des délégations qui vont aux négociations à Rome.

Pour lui, la médiation a atteint son objectif, en faisant bouger les lignes. ‘’Il y a des avancées non négligeables, grâce à cette offre de médiation, avec la nomination d’un représentant en Casamance. Cette médiation américaine dans les négociations menées à Rome sous l’égide de la communauté Sant’Egidio, a permis de faire des avancées’’, a soutenu Jean Claude Marut.

A l’en croire, les deux parties sont tombées sur un calendrier de négociations. Sur le plan humanitaire, une commission a été mise en place pour faire le point sur les exactions, dans la perspective d’un accord de paix avec Salif Sadio. ''La médiation américaine a amené Salif Sadio, un des principaux chefs des groupes armés, à proclamer unilatéralement un cessez-le-feu qui est d’ailleurs toujours en vigueur sur le terrain et est respecté par l’armée sénégalaise’’, a ajouté M. Marut.

Le chercheur a également indiqué que c’est grâce à l’implication américaine que des militaires qui étaient retenus prisonniers par le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) ont été libérés. ‘’Les Américains ont appuyé le déminage. Ils ont fait revenir des réfugiés et ils ont fait revenir la Gambie, protectrice de Salif Sadio, dans le jeu’’, a-t-il souligné.

Les limites d’une ‘’diplomatie expéditionnaire’’

Cependant, Jean Claude Marut a relevé les limites de cette ‘’diplomatie expéditionnaire, c’est-à-dire limitée dans le temps, pour mettre immédiatement fin au conflit’’. A son avis, les seuls blocages qui subsistent sont liés aux protagonistes eux-mêmes. Sur ce, il a cité entre autres difficultés l’insuffisance de l’offre de l’Etat sénégalais qui est ‘’essentiellement économique’’. Il y a aussi les faiblesses du MFDC, notamment la division et la marginalisation des chefs politiques. ‘’Les chefs des groupes armés sont, aujourd’hui, les interlocuteurs de l’État, mais la difficulté avec eux, c’est qu’ils n’ont pas la formation pour négocier et sont profondément divisés’’, a-t-il expliqué.

Par ailleurs, Jean Claude Marut a averti que le conflit peut rebondir à tout moment, du fait des ‘’anti Salif Sadio’’,  pour des questions de positionnement politique, ou par le fait que Salif Sadio est le principal interlocuteur du gouvernement dans les négociations menées par Sant’Egidio. ‘’Aux yeux des Américains, le conflit est toujours là, les forces sénégalaises sont toujours mobilisées et il y a toujours un risque de déstabilisation sous-régionale avec la menace terroriste extérieure’’, a soutenu Jean Claude Marut.

VIVIANE DIATTA

 
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