Publié le 9 May 2012 - 09:02
CONTRIBUTION

Responsabilité syndicale et patriotisme

 

Dans une contribution parue dans le journal Enquête du 24 avril 2012, M. Elhadj CISSÉ, professeur de français se demandait si nos collègues grévistes étaient des anarcho-syndicalistes. La réponse est qu'ils en ont tout l'air. Cinq mois de grève sauvage, ce n'est plus une lutte syndicale, c'est tout simplement de l'anarchie. Cinq mois de grève, alors qu'ils n'ont pas eu l'honnêteté de renoncer à leur salaire, tout en continuant les cours dans des écoles privées dont ils sont les principaux actionnaires, c'est sacrifier les enfants, au nom d'intérêts uniquement pécuniaires, sans plus. Comment peut-on passer cinq mois à ne rien faire et être les premiers à la banque à la fin de chaque mois ? Les plus sages d'entre eux ont levé le mot d'ordre, une partie, semble-t-il, s'entête. Qu'ils assument alors, mais tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. L'année sera peut-être sauvée et continuera avec ceux qui veulent faire preuve de patriotisme. Pendant cinq mois, ils ont touché un salaire qui est assimilé à du riba. Or le Prophète (PSL) a dit : "un corps qui se nourrit de choses illicites est plus destiné à l'enfer…" Il n'est jamais trop tard pour reculer… pour mieux sauter. Le plus sage eût été de suspendre le mot d'ordre de grève en attendant l'année prochaine et repartir sur des bases nouvelles, même si tout le monde sait que le régime précédent a mis la fonction publique sens dessus dessous avec des mesures politiciennes et des frustrations.

 

Des syndicats, tels que le SUDES, qui a connu des moments douloureux avec des mutations arbitraires, des coupures de salaires, des interdictions de réunions dans les lieux de travail, ont toujours mené des grèves, et pourtant il n'a jamais atteint des proportions déraisonnables. De plus, ils consentaient à se cotiser pour faire face aux coupures de salaires, et ce n'était qu'un jour de grève (le 13 mai) et des rétentions de notes. Nos collègues auront beau dire, tant qu'ils continueront à percevoir leur salaire, ils seront dans l'illégalité. Et ils risquent de se mettre à dos tous les parents d'élèves. Il ne sert à rien de s'aliéner ceux qui, en d'autres circonstances, auraient pu être des alliés objectifs. Dans une grève, il faut savoir essayer de gagner la sympathie du peuple, et ce n'est pas pour rien que des séances de communications sont organisées pour en démontrer le bien-fondé. Dans le cas d'espèce, je doute qu'ils parviennent à convaincre leurs interlocuteurs.

 

Quand on a le gouvernement, le peuple et les élèves contre soi, il est difficile de sortir vainqueurs, quelles que soient les motivations. Les parents d'élèves ont vainement offert leurs bons offices, mais ils ont prêché dans le désert. Si on sait combien une année blanche coûte à un pauvre pays comme le Sénégal, ils n'auraient sans doute pas hésité à faire preuve de patriotisme et à marquer une trêve pour sauver encore ce qui peut l'être.

 

Yatma DIEYE, professeur d'anglais, Rufisque

yatmadieye@orange.sn

 

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