Les vérités du Fmi
Le gouvernement ne veut pas supprimer les heures supplémentaires, mais il veut juste y apporter un contrôle. C’est la réplique apportée par le Fonds monétaire international (Fmi) qui vient confirmer le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba.
La polémique sur la suppression des heures supplémentaires continue d’enfler. Après la réaction du ministre de l’Économie, des Finances et du Plan et une contre-réaction du syndicat des agents des impôts et domaines, c’est au tour du Fonds monétaire international de s’inviter dans le débat. Et c’est pour apporter plus de clarification sur le sujet. Car, c’est le Fmi que le secrétaire général du syndicat des agents des impôts et domaines, Elimane Pouye, a accusé d’avoir signé avec le gouvernement du Sénégal une convention dans laquelle l’Etat a pris l’engagement de rationnaliser sa masse salariale. Cependant, pour le représentant résident du Fmi au Sénégal, le gouvernement n’a jamais pris l’engagement de supprimer les heures supplémentaires.
La volonté des autorités sénégalaises sur cette question est, d’après Loko Boileau, de payer les heures supplémentaires aux gens qui en ont droit et de ne plus les payer à des gens qui n’ont pas effectué d’heures supplémentaires. Le Fmi vient donc confirmer le ministre Amadou Ba, qui avait soutenu que le gouvernement n’avait pas le droit de supprimer les heures supplémentaires et ne pouvait même pas les supprimer. Il n’empêche que M. Boileau a affirmé que le Sénégal a bel et bien signé un mémorandum avec le Fmi. Dans ce texte, le gouvernement a pris un certain nombre de mesures y compris le contrôle de sa masse salariale. Mais cela n’a rien d’exceptionnel. Car, dit-il, tout pays qui a un programme avec le Fonds monétaire signe ce mémorandum. Toutefois, pour bien maîtriser la masse salariale, la première option du gouvernement est de contrôler les heures supplémentaires. ‘’Comment voulez-vous, comme l’a dit le ministre, que quelqu’un qui est en congé puisse bénéficier d’heures supplémentaires ?’’ se demande Loko Boileau. Ce dernier ajoute qu’il n’y a aucun pays au monde où on a des heures supplémentaires quand on est en vacances. ‘’La question n’est pas de supprimer les heures supplémentaires mais de mieux les contrôler’’, rassure-t-il.
45% des recettes vont dans les salaires
Le représentant résident du Fmi à Dakar juge le niveau de la masse salariale au Sénégal très élevé. Il a même atteint 45% des recettes de l’Etat. Ce qui oblige le Sénégal à développer une politique de maîtrise de cette masse salariale. Pour Loko Boileau, le gouvernement doit faire un certain nombre de choses pour éviter un accroissement rapide de cette masse salariale, parce qu’avec 55% des recettes, le gouvernement ne peut pas couvrir le service de la dette, faire fonctionner les universités, les hôpitaux ou contribuer à la réalisation et à l’entretien des routes. ‘’La question est jusqu’à quel point on peut aller avec l’augmentation de la masse salariale. Voudrait-on aller vers une masse salariale qui fait 100% des recettes et qui ne laissent plus de ressources pour les autres dépenses ?’’ se demande-t-il.
Au-delà du contrôle des heures supplémentaires, le Fmi demande en même temps au ‘’gouvernement d’accélérer la mise en œuvre de son plan de restructuration des agences’’.
Au Sénégal, il y a une multitude d’agences et ces agences coûtent cher à l’Etat, fait savoir le représentant du Fmi. Pour mieux maîtriser ses dépenses, l’Etat doit, conseille Boileau Loko, maintenir celles qui lui apportent des valeurs ajoutées. Pour celles qui n’apportent pas de valeur ajoutée, est-ce que l’Etat doit continuer à payer des gens qui ne lui apportent rien ? se demande-t-il. ‘’La masse salariale est une bonne dépense dans le sens où on a besoin de fonctionnaires pour travailler. Mais en revanche, il faut une certaine efficacité, un certain contrôle’’, conclut-il.
ALIOU NGAMBY NDIAYE