Un hopital dans le coma
La situation que nous vivons à Sédhiou, me pousse à prendre ma plume pour dénoncer les maux dont souffre notre hôpital régional qui témoigne de l’échec de notre système politique et la faillite de nos élites dans le domaine médical.
Je dénonce vigoureusement les pratiques peu orthodoxes de nos responsables locaux concernant l’entretien et la gestion de l’hôpital régional de Sédhiou. Oui je dois le dire, je dois l’avouer, je dois même l’écrire. J’ai honte de mon hôpital. Les raisons sont multiples, je vais vous les expliquer et les montrer de façon simple à travers des arguments précis.
Aujourd’hui, l’hôpital de Sédhiou dont il est question, est relégué au second plan par nos autorités de tutelle. Quand je parle de l’hôpital, j’ai vraiment envie de vomir tout ce que j’ai dans l’estomac. D’abord sur le plan architectural, quand on aperçoit cet hôpital de loin, on se croirait dans un camp de refugiés. Un hôpital dont le niveau de formation du personnel laisse à désirer ; le comportement de certains infirmiers est déplorable car les soins médicaux sont souvent faits sans aucune précaution hygiénique. Un laboratoire d’analyse où il y a un manque criard de réactifs est incapable de faire sortir des résultats d’analyses urgentes faute de matériels médicaux modernes digne de ce nom surtout quand on me dit qu’on ne peut même pas faire des analyses élémentaires comme la NFS, l’ionogramme sanguin, le CRP ; je ne sais même pas s’il faut en rire ou en pleurer. Quant à la pharmacie, n’en parlons même pas, elle a tout sauf les médicaments qu’il faut.
Comment on peut comprendre qu’une officine n’ait même pas de produits d’urgences tels que « le Perfalgan du sérum salé » etc. C’est pourquoi, lorsque je vois écrire, à l’entrée de l’hôpital, « Etablissement public de santé (EPS) », j’ai envie de l’effacer et mettre en lieu et place « Case de santé ».
Madame la ministre, je vous prie de voler au secours de mon hôpital.
Comment voulez- vous que la CMU tant chantée par nos autorités fonctionne alors que le personnel soignant ne peut même pas soigner le rhume, faute de matériels ?
Madame la ministre, comment voulez- vous que le corps médical de mon hôpital soigne correctement un patient, si le médecin ne fait pas un dossier médical pour tout patient qui vient pour une consultation ? Comment voulez-vous que la prise en charge des patients soit satisfaite dans mon hôpital alors que nous n’avons même pas de spécialistes ? En ma connaissance, il n’y a qu’un seul spécialiste, le gynécologue, (que je félicite au passage) qui fait un travail de titan à Sédhiou.
Madame la ministre, comment peut-on affecter un gynécologue dans mon hôpital sans penser à la néonatologie car vous savez que la gynécologie va de paire avec cette spécialité ?
Madame la ministre, vous savez en tant que professeur de médecine, qu’après une césarienne, tout bébé prématuré doit être interné dans une couveuse en néonatologie. Si vous ne venez pas à notre secours, notre hôpital risque de mourir de sa belle mort pour ne pas dire disparaitre de la carte médicale du Sénégal.
Madame la ministre, comment voulez-vous que les victimes d’accident (de motos-Jakarta) à Sédhiou soient prises en charge alors que la radiologie ne peut même pas produire un bon cliché facile à interpréter par un médecin généraliste. Dites à vos conseillers de sortir de leurs bureaux et faire un tour à mon hôpital ; ils se rendront compte que le personnel soignant souffre d’une maladie incurable. L’hôpital régional de Sédhiou n’existe que de nom.
Madame la ministre, de nos jours, les patients meurent comme des mouches et ceux qui ont de la chance sont évacués vers Kolda ou Ziguinchor à bord d’ambulances, dans lesquelles les patients sont rangés comme des petits pains. En période d’hivernage, le paludisme, de même que les infections dues aux maladies nosocomiales font des ravages sans que les autorités concernées ne réagissent.
Madame la ministre, je vous supplie pour la grâce de Dieu d’envoyer des spécialistes comme un cardiologue, un pédiatre, un traumatologue et un diabétologue avant qu’il ne soit trop tard.
Baïlo Diallo
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