Un pas de plus vers une nouvelle privatisation
Le nouveau Directeur général de la Suneor est-il nommé pour relancer la société et gérer le processus de transition vers une nouvelle privatisation ? Sa nomination suscite beaucoup d’interrogations, surtout qu’elle survient quelques mois après la séparation ‘à l’amiable’’ entre l’État et l’ancien actionnaire majoritaire, Abass Jaber.
Papa Dieng, l’ancien Directeur général de la Senelec, a été choisi comme nouveau Dg de la Suneor. La décision a été prise à l’issue du Conseil des ministres du mercredi dernier. ‘’Monsieur Papa Dieng, ingénieur, est nommé Directeur général de la SUNEOR. Monsieur Youssoupha Diallo, Inspecteur principal de la Coopération de classe exceptionnelle, est nommé Président du Conseil d’administration de la SUNEOR’’, mentionne le communiqué qui a sanctionné cette réunion. Ces deux hommes sont donc appelés à conduire les destinées d’une société qui, depuis plusieurs années, peine à retrouver ses marques.
Depuis que la Suneor a été cédée, en 2005, à l’homme d’affaires Abass Jaber, président de la holding Advens, elle traverse des difficultés. C’est vers la fin de l’année 2015 qu’un divorce ‘’à l’amiable’’ a été prononcé entre l’Etat du Sénégal et M. Jaber, après un long bras de fer. Dans le cadre de ce retrait de la société Advens, le gouvernement avait mis en place une commission technique chargée de ‘’réfléchir sur les modalités d’une telle séparation’’. Au bout du processus, l’industriel sénégalo-franco-libanais avait bénéficié d’un reliquat d’indemnisation de 6,7 milliards de F Cfa, alors qu’il réclamait 40 milliards. Malgré tout, Abass Jaber s’en était bien sorti, lui qui avait décaissé 5,3 milliards de F Cfa, en 2005, pour racheter l’ex-Sonacos et toute son assiette foncière. A son départ de la Suneor, l’homme d’affaires a laissé une dette de plus de 30 milliards de F Cfa.
5 probables prétendants
Ayant donc repris la Suneor, l’Etat a annoncé son ambition ‘’de faire de la filière arachide sénégalaise une filière totalement intégrée, compétitive, pourvoyeuse d’emplois et de devises’’. De ce fait, une Commission chargée de choisir le meilleur profil pour la reprise de la société a été mise en place. Cependant, le ministre de l’Économie, des Finances et du Plan a pris le soin de souligner que si l’Etat a repris la Suneor, ce n’est pas pour la gérer. L’objectif est de la céder à un repreneur privé. Le ministre a même annoncé qu’un appel d’offres sera lancé dans ce sens.
Depuis lors, beaucoup de noms d’entreprises intéressées par la Suneor circulent. 5 probables prétendants que sont le groupe français Avril, la société agro-industrielle Safco de la Côte d’Ivoire, le groupe singapourien Olam, les Algériens de Cevital et une candidature chinoise ont été cités. Parmi les hommes d’affaires sénégalais intéressés, le nom de Cheikh Amar est souvent évoqué.
Alors, pour combien de temps restera Papa Dieng à la tête de la Direction de la Suneor, étant donné que l’entreprise doit être cédée à un nouveau repreneur privé ? Une autre interrogation : l’ancien Directeur général de la Senelec est-il juste nommé pour redresser la boîte afin d’attirer de potentiels les investisseurs ? En tout cas, la tâche s’annonce difficile pour cet homme qui, dit-on, avait bénéficié d’une retraite anticipée à la Senelec. Mais, il pourra compter sur le soutien de Youssoupha Diallo qui, jusque-là, était le conseiller numéro un du ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural. M. Diallo est un homme du sérail, disent certains, car il maîtrise bien le secteur de l’agriculture sénégalaise.
Redresser la Suneor
Ainsi, la logique d’une privatisation de la Suneor demeure, malgré la nomination d’un Directeur général. En tout cas, le coordonnateur du Conseil national de concertation des ruraux (CNCR), Marius Dia, en est convaincu. ‘’Si l’État a pris la décision de nommer un nouveau Directeur général, commente-t-il, c’est pour arriver à une bonne privatisation’’. Il attend du nouveau Directeur Papa Dieng la mise en place d’une véritable politique qui va permettre de bien redresser la société. Et ce redressement, pense M. Dia, passera forcément par l’intégration du producteur. C’est-à-dire qu’à l’ouverture de chaque campagne agricole, la Suneor, dit-il, doit prendre des risques, au même titre que les producteurs. La Suneor, selon toujours le Coordonnateur du CNCR, doit servir de garantie auprès des banques et des sociétés financières pour les producteurs.
ALIOU NGAMBY NDIAYE