Se fier à des ‘’sources relativement sérieuses’’!
Le plus laxiste des journalistes n’aurait pas ‘’sourcé’’ son information de la manière dont l’a fait l’homme politique, candidat malheureux à la présidentielle de 2012, Moussa Touré, ci-devant président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa). ‘’J’ai appris de sources relativement sérieuses (sic ; et c’est nous qui soulignons), ce qui me semble totalement scandaleux, que des enveloppes confortables avaient été préparées et, au sortir de cette cérémonie (lancement du dialogue national au palais de la République), elles ont été distribuées à beaucoup de participants, dont même certaines personnalités ‘’, a révélé l’ancien ministre des Finances dans une interview accordée à Walfnet.
Une information aussi ‘’grave’’ ne devrait jamais être ‘’sourcée’’ de manière aussi cavalière. ‘’Sources relativement sérieuses’’, cela veut dire des sources douteuses, voire pas du tout fiables ; et, rien que pour cette raison, elles ne devraient être invoquées pour faire une affirmation pas loin de la diffamation ou de la diffusion de fausses nouvelles. ‘’C’est du bidon !’’ , aurait-on dit dans une rédaction.
‘’La sagesse voudrait que quand on n’est pas certain, on se tait. Car en définitive, il (Moussa Touré, Ndlr) n'apprend rien à ceux qui lisent ces lignes de calomnies’’, commente un internaute.
Ainsi, un homme politique peut affirmer n’importe quoi, sans que cela ne prête à mauvaise conséquence pour lui. Peut-être que les journalistes à qui parlera désormais M. Touré seront plus précautionneux en méditant désormais sur ces ‘’sources relativement sérieuses’’. Il est arrivé que des hommes politiques aient donné à des journalistes des informations que ces derniers ont cru de première main, absolument fiables, alors que rien ne fut que faussetés. Et les journalistes se retrouvèrent pédalant dans la mélasse s’ils (certains) ne se sont pas retrouvés en prison.
Allez demander aux journalistes qui se retrouvèrent en prison pour avoir relaté des propos (appel à une révolution orange ) tenus par l’homme politique Abdourahim Agne. C’était en 2005 à Kaolack (si nos souvenirs sont exacts). Et faut-il le rappeler : avoir relaté de manière fidèle voire textuelle (le rituel : ‘’nous n’avons que citer’’ ou ‘’avons été fidèle’’ n’est guère opérant dans ce cas de contentieux) des propos inexacts, délictuels n’épargne pas du tout aux journalistes des poursuites judiciaires (pas plus qu’à l’auteur des propos).
Les poursuites peuvent certes viser en premier lieu ce dernier, mais le droit de la presse est ainsi fait que celui qui devrait être auteur principal n’est considéré que comme un complice ; et pour l’atteindre, il faut, comme dit dans une belle tournure Me Khassimiou Touré, « ‘’installer le journal dans la cause’’. Et par le journal, il faut entendre le Directeur de publication qui peut même n’avoir pas lu l’article visé par l’action judiciaire ou même avoir été absent de la rédaction voire du pays au moment de la rédaction de l’article. Mais, par ces temps de révolution par les technologies de l’information et de la communication, aucun Directeur de publication n’a plus d’excuse (si légitime et sincère soit-elle) de l’absence (de la rédaction ou du pays) ; au motif qu’un article rédigé à Dakar peut être lu, dans les secondes qui suivent, aux Antipodes.
Post-scriptum : Et la rumeur de la blogosphère répandit la mort de l’international ivoirien du football Yaya Touré. Il y a quelques semaines, ce fut le décès du Pape émérite Benoît XVI qui fut annoncé. Tout cela est le produit de hoax, c’est-à-dire de fausses informations circulant sur les réseaux sociaux, pas du tout ‘’sourcées’’ ou très mal quand elles le sont. Et cela ne fera qu’ajouter à la méfiance des uns et à l’exaspération des autres sur l’irruption de toutes sortes d’individus qui usent et abusent de la facilité d’accès aux réseaux sociaux pour diffuser informations fausses, images et photos scandaleuses. Certes, ils collectent l’information et la diffusent comme le font d’honnêtes et irréprochables journalistes, mais entre les uns et les autres, il y aura toujours cette différence que les vrais journalistes s’éclairent d’une éthique, d’une déontologie et d’un sens aigu des responsabilités. Toutes valeurs dont se tamponnent ceux qui prospèrent dans les rumeurs.