Publié le 5 Oct 2016 - 20:45
TROIS ANS APRES LE LANCEMENT DU CONCEPT ‘’UBI TEY JANG TEY’’

Le défi de l’effectivité 

 

Le concept ‘’ubi tey jang tey’’ qui a été lancé par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (COSYDEP), en septembre 2014, fait son bonhomme de chemin. Les acteurs de la communauté éducative restent optimistes quant au démarrage effectif des cours dès aujourd’hui. Trois ans après son lancement, ils voient que ce qui était un concept est presque devenu une réalité. Tous souhaitent une pérennisation des actions.

 

Aujourd’hui, jour de vérité. Pendant près d’un mois, le ministre de l’Education nationale a battu campagne en faveur du concept ‘’Ubi tey jang tey’’ (démarrer les cours le jour de la rentrée). Durant des semaines, Serigne Mbaye Thiam n’a cessé d’apporter la réplique à tous ceux qui pensaient que les obstacles sur le chemin de la rentrée étaient insurmontables. Principal motif soulevé par les sceptiques, l’état des écoles. Le ministre avait déclaré qu’il n’en était rien. Selon lui, seul 1% des établissements était sous les eaux de pluie. Sans compter les mesures annoncées pour libérer ceux parmi eux qui peuvent l’être. En plus de cela, le socialiste n’a cessé d’inviter les acteurs à se tenir prêts pour que la rentrée se fasse dans les salles et non dans la cour et peut-être même à la maison. Ce matin donc, on saura si les élèves et leurs parents ont été sensibles à l’appel du ministre.

Bien que s’étant approprié le concept, le gouvernement n’en est pas le géniteur. C’est en septembre 2014 que la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’école publique (COSYDEP) a lancé ‘’Ubi tey jang tey’’. Les acteurs du système éducatif avaient certes salué l’initiative à l’unanimité, mais la majorité d’entre eux était plus que dubitative. Selon le coordonnateur de la COSYDEP, Cheikh Mbow, les objectifs étaient pourtant bien définis : avoir 100% dans les zones favorables et 50% dans celles qui présentaient des facteurs bloquants comme les inondations.

À travers la caravane, les initiateurs  ont mené une campagne de sensibilisation pour, d’une part amener l’Etat à prendre toutes les mesures idoines afin que les écoles soient prêtes avant l’arrivée des élèves. Et d’autre part, inciter les parents à inscrire leurs enfants à temps. L’objectif final était de réduire les pertes sur le quantum, afin de relever le défi de la qualité des enseignements/apprentissages. A la première année, les résultats n’avaient pas bien suivi. La majorité des écoles, comme d’habitude, ont démarré les cours avec un retard certain. N’empêche, il y avait de quoi consoler les parents. Eux-mêmes savaient que le combat ne se gagnerait pas en un seul tour. Le succès résidait plutôt dans le fait que le concept frappe les esprits et s’impose.

Cette notoriété a d’ailleurs amené quelques syndicalistes à le dévoyer en utilisant une autre expression qui lui est contraire : la fameuse ‘’Ubi tey grève tey’’. Mais au finish, cet anti-concept s’est révélé être plus une alerte qu’une conviction. Depuis lors, le concept fait son chemin. Cette année, le gouvernement se l’est approprié. Le ministre de l’Education, Serigne Mbaye Thiam l’a tellement défendu qu’on en oublie même que le gouvernement n’en a pas la paternité. Du côté des enseignants aussi, l’adhésion se fait de façon progressive. D’ailleurs, les syndicats aiment rappeler que le personnel enseignant est prêt le jour de la rentrée. Les retards sont à chercher du côté de l’Etat et des élèves qui, il faut le dire, ne se précipitent pas pour regagner les salles.

Des instructions données depuis mai dernier

Pour ne pas être pointé du doigt, le ministre de l’Education a donné des instructions, depuis le mois de mai dernier, selon un interlocuteur. Serigne Mbaye Thiam a demandé à la directrice de l’enseignement élémentaire, Ndèye Khady Diop, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour la rentrée, notamment, avec l’ensemble des structures déconcentrées. Et cette dernière a fait parvenir des notes pour demander aux inspecteurs d’Education et de formation (IEF) et aux inspecteurs  d’académie  (IA) de faire respecter la mesure. ‘’Depuis lors, nous travaillons dans ce sens. Nous avons rencontré des enseignants, proviseurs, principaux, pour les sensibiliser. Mais pour que cette opération réussisse, il faut que les parents s’impliquent’’, révèle l’IA de Pikine-Guédiawaye. Il restait donc les élèves et leurs parents. Ainsi, des communications de grande envergure ont-elles été faites par des imams, dans les mosquées, les églises aussi.

Secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES), Amadou Diaouné est convaincu qu’il est possible d’y arriver. ‘’C’est une initiative qui est venue à son heure et qu’il faut opérationnaliser en la généralisant, dans la mesure où, depuis des décennies, le constat malheureux est que l’ouverture des classes ne correspond jamais au démarrage effectif des cours dans les établissements. Il y a toujours un décalage de plusieurs semaines voire d’un mois à un mois et demi. C’est une grosse perte sur le quantum horaire’’, se désole-t-il. Ainsi, il invite tous les acteurs à se mobiliser pour trouver les voies et moyens de rendre l’idée effective, puisqu’elle est à la portée du système.  

Le secrétaire général de la Fédération nationale de l’association des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (FENAPEES), Dame Seck, croit fermement à la possibilité, cette année, d’un démarrage effectif des cours, le premier jour. ‘’Nous sommes très optimistes, parce qu’il y a eu un engagement fort tant du côté du gouvernement pour apporter des solutions que des enseignants’’, se réjouit-il.

M. Seck espère qu’au minimum 80% des élèves et enseignants seront dans les classes pour commencer les cours. Il invite ainsi les parents d’élèves à amener leurs enfants le jour de la rentrée pour que les cours puissent démarrer. ‘’Nous pensons que le premier jour de classe ne doit pas être simplement une journée de retrouvailles, le jour où on expose les beaux vêtements, mais un moment qui fait partie du calendrier scolaire’’, rappelle-t-il. Malgré tout, il reconnaît qu’il y a des zones assez reculées avec des écoles qui, du fait de l’hivernage, seront difficile d’accès.

Suivre les cours d’abord, payer les frais d’inscription après

Cependant, il n’y a pas que le cadre physique comme obstacle. Les frais d’inscription sont aussi un facteur bloquant. Jusque-là du moins. Car, l’inspecteur d’académie de Pikine Guédiawaye Seyni Wade soutient qu’il n’y a plus de contraintes à ce niveau. ‘’Avant, on exigeait à ce que l’élève amène les 10 000 F CFA pour rentrer en classe, mais maintenant ce n’est plus obligatoire. Le ministre a donné des instructions pour qu’il ne soit pas un obstacle. L’élève peut venir commencer à faire cours et après verser la somme’’, précise-t-il.

Pour sa part, M. Wade reste optimiste au regard de tout ce qui a été dit au cours des CDD. ‘’Aujourd’hui, je pense que la plupart des problèmes qui ont été soulevés ont été pris en compte pour démarrer l’année scolaire. Une mobilisation est faite pour désherber les écoles. Les sapeurs-pompiers, depuis pratiquement deux semaines, travaillent pour libérer complètement les écoles qui sont sous les eaux. Et je pense que présentement, la situation est bonne’’, a-t-il fait savoir.  

D’ailleurs, Seyni Wade trouve qu’il y a moins de problèmes dans les lycées, parce qu’il en a qui ont déjà démarré les cours. ‘’Ils ont dépassé l’objectif ‘’ubi tey jang tey’’, depuis 3 à 4 semaines. Ce sont entre autres les lycées Seydina Issa Rouhoulahi et Limamoulaye. Dans ces lycées, dit-il, l’écrasante majorité des classes de Première et Terminale ont commencé à travailler. Selon lui, il ne reste que les élèves de Seconde et cela, dit-il, est lié aux orientations. A Pikine, Guédiawaye, depuis deux semaines, les orientations sont en train d’être faites. Le constat est le même du côté de l’académie de Dakar. L’inspecteur Ngary Faye révèle que les écoles ont déjà leur emploi du temps et le matériel. Les collectivités locales sont aussi mises à contribution pour une disponibilité des fournitures scolaires.

Évaluation de la rentrée un mois après

Malgré tout, les acteurs savent qu’il y aura des élèves qui manqueront demain à l’appel. La directrice de l’enseignement élémentaire l’admet d’ailleurs. ‘’Certaines réalités dans certaines écoles font qu’on ne peut pas réussir à 100% en un seul coup.  C’est une habitude que nous voulons installer. Certainement, ça va de manière progressive emballer tout le monde’’, espère Khadidiatou Diop Mbodji. Et pour avoir plus de succès dans les années à venir, le ministère va faire dans la planification. Il veut d’abord connaître la situation pour ensuite agir.

‘’Cette année, nous avons mis un dispositif et nous avons demandé aux autorités académiques, un mois après la rentrée, de nous faire un rapport pour nous décrire comment la rentrée s’est passée et cela va nous permettre de faire une évaluation’’, souligne-elle. Le concept concerne le préscolaire, l’élémentaire, le moyen secondaire. Nous veillerons à sa mise en œuvre effective’’, promet la directrice de l’enseignement élémentaire.

En outre, certains acteurs veulent même aller plus loin. Amadou Diaouné suggère que les efforts ne se limitent pas au premier jour. ‘’Les mauvaises habitudes sont si ancrées que si nous réunissons à faire de sorte que l’écrasante majorité des établissements d’enseignement public reprenne effectivement dans la semaine de l’ouverture, ça sera un grand pari gagné. Mais si nous arrivons à réaliser cela dans un an, deux ans, trois ans, je pense vraiment qu’on aura gagné le pari de la réalisation effective ‘’ubi tey jang tey’’, souhaite-t-il. Les parents d’élèves l’ont sans doute bien compris. Ils sont même en train de réfléchir sur un autre concept du genre ‘’Ubi tey, Jang lépp’’, c’est-à-dire, démarrer les cours le jour de la rentrée, mais surtout ne pas les interrompre durant toute l’année. 

AIDA DIENE

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