Le Dr Abdourahmane Sarr propose l’autonomisation des populations
L’actuel gouvernement fait dans le social. Si ce n’est pas les bourses familiales pour lesquelles le gouvernement a investi 32 milliards de F Cfa en 2016 pour soutenir 300 000 familles, c’est la couverture maladie universelle ou les cartes d’égalité des chances. Même si cette politique sociale est une bonne chose, le Dr Abdourahmane Sarr, ancien cadre du Fmi, indique dans son rapport publié par le CEFDEL que l’Etat doit plus miser sur l’autonomisation et la responsabilisation des populations.
Bourses de sécurité familiales, couverture maladie universelle (CMU), cartes d’égalité des chances. Ainsi, peut-on résumer la politique sociale du président de la République, Macky Sall. Avec ces différentes initiatives, les autorités pensent pouvoir régler, très vite, les problèmes sociaux des Sénégalais, notamment les couches les plus vulnérables. Cette politique sociale du gouvernement est ‘’positive’’, apprécie le Dr Abdourahmane Sarr. Mais ce n’est pas avec ces assistances que l’Etat arrivera à régler tous les problèmes des populations.
Dans son rapport intitulé : ‘’Performances économiques et enjeux politiques et économiques’’ publié par le Centre d’études pour le financement du développement local (CEFDEL), le Dr Sarr informe que cette politique du gouvernement ‘’ne pourra pas avoir d’impact systémique sans une économie qui l’accompagne’’. Le Sénégal, explique l’ancien cadre du Fmi, est un pays où ‘’la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté’’. Pour lui, la question de la pauvreté et de l’extrême pauvreté ne sera réglée que grâce à de bonnes politiques agricole, industrielle et de décentralisation.
Cependant, pour les réussir et atteindre l’émergence à date échue, l’auteur du rapport souligne qu’il faut nécessairement ‘’changer le paradigme dans lequel elles sont mises en œuvre et qui met en avant le dirigisme étatique centralisant afin d’éviter que nos marges budgétaires ne soient à nouveau dilapidées’’. À la place de ces soutiens et aides, le Docteur plaide l’autonomisation et la responsabilisation des populations. Ainsi, les ressources dépensées dans le développement du capital humain qui constitue l’axe 2 du Plan Sénégal émergent (Pse) pourraient produire ‘’des résultats probants’’.
Réforme monétaire
En outre, le Dr Sarr est d’avis que le Sénégal ne peut arriver à l’émergence que prônent les autorités avec la monnaie actuelle. Une réforme monétaire s’impose pour prétendre à l’émergence, croit l’ancien cadre du Fonds monétaire international (Fmi). Cette réforme, rétorque-t-il, est même devenue ‘’un impératif pour le bien des populations si nous voulons en finir avec les dérapages budgétaires à répétition suivis d’austérité’’. Il veut même ‘’un abandon du F Cfa’’. Cependant, cela nécessite ‘’un courage politique’’ afin de ‘’demander que nos réserves de change ne soient plus au trésor français, mais ailleurs’’, ajoute-t-il. L’ancien représentant du Fmi au Togo et au Bénin milite pour une ‘’monétisation des économies’’ africaines, comme ce qui s’est fait en Europe. Pour arriver à sa proposition, il indique que les Etats africains n’ont pas besoin de créer de nouvelles banques centrales. Il suffit juste, conseille-t-il, qu’ils autorisent l’émission de monnaies nationales complémentaires.
Par ailleurs, l’arrimage du F Cfa à l’Euro constitue un handicap pour la transformation structurelle de l’économie sénégalaise, déplore le Dr Abdourahmane Sarr. Même si la conjecture économique reste favorable à l’international, le Dr Sarr regrette que les Sénégalais n’en profitent pas à cause de l’arrimage à la monnaie européenne. Cet ancrage à cette monnaie favorise plus les importations sénégalaises en provenance de l’Europe, mais aussi oblige le gouvernement à maintenir élevés les prix des produits pétroliers, malgré la forte baisse notée sur le baril. ‘’Nous continuons de penser qu’il est temps pour le Sénégal de se donner une vision des politiques publiques ancrée dans les valeurs de liberté, d’autonomie et de responsabilité des citoyens dans leur développement local’’, propose-t-il.
ALIOU NGAMBY NDIAYE