Publié le 14 Mar 2017 - 22:20
CENTRE TECHNIQUE DE PRODUCTION CINEMATOGRAPHIQUE

La tutelle et les réalisateurs protestent

 

Un différend oppose depuis quelques années la mairie de Dakar-Plateau à la Direction de la cinématographie. Les deux entités ne s’accordent pas sur les travaux devant être entamés sur le site de l’ex-service d’hygiène. Ce terrain a été octroyé à la communauté des cinéastes par Abdoulaye Wade. Mais le maire Alioune Ndoye est contre et dit niet à l’érection dudit centre.

 

En 2008, l’ex-Président du Sénégal Abdoulaye Wade octroyait les anciens locaux du service d’hygiène aux cinéastes. C’était à l’occasion de la célébration du premier anniversaire du décès d’Ousmane Sembène. Wade voulait que les cinéastes en fassent un centre technique de production cinématographique et audiovisuel. Mais depuis, rien n’a été fait. ‘’Je pense que ça a été un acte vraiment salutaire que les cinéastes, les hommes de culture ont apprécié à sa juste valeur  en son temps. C’est vrai qu’il y a eu du temps pour donner forme et corps à  ce projet. Ce que nous avons fait mes prédécesseurs, notamment M. Niangane, M. Fidèle Diémé et moi. Nous y avons mis toute notre énergie pour vraiment faire démarrer ce centre technique’’, a déclaré hier le Directeur de la cinématographie Hugues Diaz. Avec des réalisateurs, ils ont organisé un rassemblement devant les locaux de l’ex-service d’hygiène.

M. Diaz explique : ‘’En 2012, nous avons été concrets. Connaissant nos faiblesses dans la conduite des travaux, notamment ce qui touche à l’immobilier, nous avons fait appel à l’expertise de l’Agetip. En 2012, nous avons signé une convention de maîtrise d’ouvrage déléguée avec l’Agetip pour conduire les travaux. Ce fut un dur parcours du combattant entre 2012 et 2015. Pendant cette période, les professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, l’administration en charge du cinéma ont mis toute leur énergie pour vraiment décrire le centre technique qu’ils voulaient’’. Aussi, ‘’les moyens nécessaires à sa mise en œuvre pour une première estimation de 300 millions ont été mobilisés. Mais le projet en tant que tel coûte plus. Avec les équipements, il est estimé à 1 milliard de F CFA’’, a-t-il ajouté.

 Pour le démarrage des travaux, les autorités compétentes ont été averties, parmi elles, le maire de  Dakar-Plateau, Alioune Ndoye. ‘’En juin 2015, le maire nous a adressé une correspondance ainsi qu’à la tutelle pour soutenir que ces locaux lui ont été affectés par l’Acte 3 de la décentralisation, alors que notre projet est antérieur à l’Acte 3.  Voilà un maire qui nous dit d’arrêter un projet, d’envergure nationale qui plus est’’, a dénoncé M. Diaz. Depuis lors a commencé un bras de fer entre la mairie et la direction de la cinématographie. Egalement, ‘’il y a eu des réunions de conciliation.  Je pense que le maire est allé trop loin quand, à plusieurs reprises, il a fait des tentatives de forcing, jusqu’à détruire même des biens appartenant  à l’Etat, notamment un véhicule de la direction qui était stationnée ici’’, a-t-il ajouté.

Les choses vont crescendo depuis. ‘’La semaine dernière, des engins sont venus pour démarrer des travaux  ordonnés par la Mairie de Dakar-Plateau’’, a indiqué Hugues Diaz.

Ainsi, c’est pour dénoncer cet état de fait que les acteurs du cinéma se sont réunis hier devant ce qui doit être leur centre technique. ‘’C’est un centre technique de production qui va se focaliser sur la post production, un aspect de la cinématographie que nous n’avons pas encore. Pour faire nos films, nous dépensons beaucoup d’argent, les cinéastes sont obligés d’aller le faire à l’extérieur, en France, au Maroc etc., au prix d’énormes sacrifices’’, selon le directeur de la cinématographie. ‘’Avec ce projet, le Sénégal aura des studios de mixage, d’étalonnage, de doublage et même deux auditoriums qui feraient office de studios-écoles pour les jeunes réalisateurs qui veulent se perfectionner.’’

Toutes nos tentatives pour entrer en contact avec le maire de Dakar Plateau, Alioune Ndoye, sont restées vaines.

MARIAMA SYLLA FAYE (CINEASTE PRODUCTRICE)

‘’Je ne comprends pas pourquoi ce blocage ’’

‘’Depuis quelques années, la direction de la cinématographie est en train de faire un énorme travail pour qu’on puisse retrouver nos droits. Léopold Sédar Senghor disait que la culture est au centre de tout. 20 ans voire 30 ans après, l’on se rend compte que la culture n’est pas au centre de tout. On se retrouve avec des maires incultes qui ne comprennent pas que la culture est le point focal de l’Acte 3.  Si on veut que nos populations aient un imaginaire qui leur permettent de rester chez eux, de se développer, de travailler et ne pas prendre les barques pour aller en Europe, il faut qu’un travail soit fait en matière d’image. Avec ou sans l’aide de l’Etat, les cinéastes sont en train de faire des films, nous sommes dans la résistance.

En 2013, quand Alain Gomis a remporté l’Etalon, Moussa Touré et William Mbaye, des accessits,  il n’y avait pas cette dotation. On remercie le chef de l’Etat qui a créé ce Fonds ; il  est minime mais il nous sert. Mas quand on nous octroie depuis plus de 10 ans un centre qui devait être rénové et qui est bloqué par le bon vouloir d’un maire, je suis choquée et je me dis que ce n’est pas un digne fils, ni un digne petit-fils de Senghor. Avoir un centre de cinématographie ferait un grand bien au maire de Plateau et à ses élus.

Je ne vais pas abandonner le combat, parce que ce centre va me servir en tant réalisatrice. Quand je ferai mes films, je n’aurai plus besoin d’aller en France ou au Maroc, rester là-bas pendant 3 mois, dépenser presque la quasi-totalité des maigres sous que j’ai pour faire de la postproduction. Ce centre est fondamental pour la création et la finalisation de nos projets. Et c’est un investissement qui va générer des ressources. Je ne comprends pas pourquoi ce blocage’’.

BIGUE BOB

 

 

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