La cardiologie, une oasis dans le désert
En termes de ressources humaines et d’équipements, les cardiologues peuvent être considérés comme les privilégiés du secteur de la Santé.
Les maladies cardiovasculaires sont les premières causes de mortalité au Sénégal. Il s’agit de pathologies chroniques aux soins coûteux. L’hypertension artérielle par exemple a une prévalence de 24% dans la population adulte. C’est pourquoi, il est important d’investir dans la prévention. Le gouvernement semble mesurer la menace à juste valeur. Ce qui fait que le Sénégal est bien outillé pour prendre en charge les maladies cardiovasculaires, même s’il est en deçà des normes de l’OMS (1 cardiologue pour 10 000 habitants). ‘’Nous avons 89 cardiologues, soit 1 cardiologue pour 150 000 habitants et 39 sont en formation’’, se félicite Docteur Simon Manga.
Pour autant, il est d’avis que le pays a besoin de plus de spécialistes en cardiologie et équipements pour toutes les structures sanitaires pour le diagnostic et la prise en charge des affections cardio-vasculaires. Mais là aussi, les perspectives sont bonnes. ‘’L’évolution est favorable avec une augmentation de cardiologues et la diversification des sous-spécialités en cardiologie. Il faut juste un développement de la cardiologie interventionnelle et la disponibilité de la chirurgie cardiaque’’, fait-il savoir.
Ses propos sont confirmés par Serigne Abdou Bâ de l’Hôpital Aristide Le Dantec, ‘’Nous avons fait de gros efforts. Le Sénégal a la plus grande école de cardiologie. Nous faisons mieux que l’Afrique du Sud, le Nigeria et les autres pays africains. On a réussi à faire en sorte que dans chaque capitale régionale, il y ait au moins un cardiologue, sauf Kolda et Tambacounda parce que les cardiologues n’ont pas accepté d’aller dans ces 2 régions. Nous avons pris 12 Sénégalais des 14 personnes de la nouvelle promotion de cardiologie’’, renchérit professeur Bâ.
A l’en croire, on fait tout actuellement au Sénégal. La preuve par la coronarographie qui est devenue, selon lui, un acte très banal parce que depuis 2014, ils sont pratiquement à 537 coronarographies. ‘’On évacuait à raison de 5 millions par malade. On s’est battu pour que la coronarographie soit une réalité. Les résultats que nous avons obtenus avec la coronarographie sont meilleurs que les résultats obtenus en Europe ou au Maghreb. On a ce qu’il faut et les médecins qu’il faut’’, précise-t-il. Malgré tout, le spécialiste vise loin. Il a à l’œil les ‘’techniques très sophistiquées’’ qui ne se font pas au Sénégal comme la resynchronisation cardiaque ou les techniques d’ablation. C’est pourquoi il y a une équipe de Français qui est là pour aider dans ces techniques avancées. Par conséquent, en dehors de quelques rares exceptions, il n’y a plus d’évacuation pour problèmes cardiaques.
Les aveux de la ministre La ministre de la Santé et de l’Action sociale, a évoqué la question de déficit de spécialistes au Sénégal. C’était lors de la revue annuelle conjointe (Rac) du plan national de développement sanitaire et sociale (Pnds) 2009-2018 tenu le jeudi 30 mars 2017. Awa Marie Coll Seck a reconnu l’existence de déficit des spécialistes et des techniciens supérieurs en santé. ‘’Que ce soit en néphrologie, en radiologie, biologie, il n’y en a pas assez sur tout le territoire national. Nous avons fait un grand effort en donnant des bourses depuis 4 ans. Nous espérons que nous allons avoir de plus en plus de Sénégalais qui sortent et qui acceptent d’aller dans les régions’’, a-t-elle fait savoir. S’agissant des techniciens supérieurs, elle a révélé que dans certaines filières, il y a des échecs à l’examen d’entrée. Donc il y a un travail à faire pour qu’il y ait des techniciens supérieurs. Car il s’agit là d’un travail en équipe, puisque même s’il y un médecin chirurgien sans anesthésiste, la structure ne pourra pas bien fonctionner. Par ailleurs, le Pr Seck soutient qu’il y a eu un bon qualitatif en ce qui concerne le nombre de personnes recrutées ces trois dernières années. Le gouvernement est en train d’atteindre d’une manière assez stable le recrutement de 1 000 agents par an. ‘’C’est vrai que la demande est très forte puisque je ne reste pas un jour sans avoir des infirmiers ou des sages-femmes qui écrivent et demandent à être recrutés. Mais on n’a pas ce problème de personnel comme dans d’autres pays’’, a-t-elle précisé. A propos de l’équité territoriale, la tutelle dit avoir privilégié toutes les régions en dehors de Dakar et Thiès pour que tous les postes de santé puissent avoir un infirmier et une sage-femme. ‘’C’est le premier endroit où vont les gens et cela va permettre d’améliorer la qualité des soins au niveau communautaire’’, dit-elle. Ce, pour éviter que les gens n’aillent dans les départements ou même la capitale pour recevoir les soins. |
VIVIANE DIATTA