Les usagers galèrent dans les centres d’état civil
Le bras de fer que le Syndicat des travailleurs municipaux a engagé contre le gouvernement se répercute négativement sur le travail. Depuis quelques mois, c’est la croix et la bannière pour se procurer un acte d’état civil à la mairie des HLM, dans le faubourg de Sor. En cette période d’ouverture des classes, le problème s’est empiré. Les usagers passent de longues heures devant les guichets ou font de multiples allers et retours pour obtenir un acte administratif.
Le combat entre le Syndicat des travailleurs des collectivités territoriales et leur ministère de tutelle a porté un coup sévère au fonctionnement des centres d’état civil de la vieille cité. En ce début d’année scolaire, les locaux sont pris d’assaut par les usagers qui cherchent à obtenir un acte de naissance ou de résidence.
À la mairie des HLM de Sor, on note une grande affluence et des attroupements devant les différents guichets d’accueil. Au portail du grand bâtiment, des agents de sécurité de proximité ont toutes les peines du monde à filtrer les entrées des ‘’assaillants’’. Ici, il faut se montrer bien déterminé pour espérer passer. Les quelques rares agents sur place sont hélés à travers les grilles des fenêtres par des connaissances pour être servis. Ne pouvant plus supporter l’interminable attente sous le chaud soleil, certains usagers se sont rabattus le long du mur de clôture pour chercher de l’ombre. D’autres, assis à même le sol en petits groupes aux abords des guichets et devant le portail, rouspètent contre les lenteurs et les différents désagréments subis.
Vêtue d’un ensemble noir et blanc, une femme voilée ne contient plus sa colère. Pour elle, ce qui se passe dans la mairie est anormal à tous les niveaux. ‘’Comment un service administratif sérieux peut-il limiter à 50 dépôts pour toute la journée alors qu’il y a plus de 1 000 demandes par jour ? Pire, pour se faire délivrer un extrait de naissance, on te demande d’attendre 72 heures après le dépôt. Pourtant, pour espérer faire partie des heureux ‘élus’, il faut arriver sur les lieux avant l’aube. Et il arrive qu’un usager soit renvoyé pour des motifs fallacieux’’, fulmine-t-elle.
Les agents se lavent à grande eau
Ce sont les mêmes plaintes qui sont été émises par un jeune homme assis sur une brique. Pour lui, les autorités municipales doivent vite trouver des alternatives pour soulager les usagers, surtout en cette période d’ouverture des classes. ‘’Il y a une mafia qui ne dit pas son nom sur les lieux. Le plus révoltant ici, c’est que tous les usagers ne sont pas traités avec la même dignité. Quand tu connais quelqu’un dans le bureau ou que tu es recommandé par un politicien, on te prend. Les agents se soucient peu du tort qu’ils font au public. Depuis presque une semaine, je cours derrière la délivrance d’un extrait de naissance, alors que je dois compléter un dossier dont la date de clôture est fixée au 14 octobre prochain’’, a-t-il râlé.
Une situation que le responsable local de l’Ascosen trouve déplorable. Selon Zayir Fall, le moment est trop sensible pour les élèves et les étudiants. ‘’L’extrait de naissance est un droit pour le propriétaire, donc sa délivrance ne doit poser aucun problème. Il faut que les agents en tiennent compte. C’est une période de fourniture de pièces administratives pour les élèves et de dépôt de concours pour les étudiants. Donc, les autorités locales doivent tout faire pour faciliter l’obtention des documents aux usagers. Les plaintes des populations sont nombreuses dans les centres d’état civil de la ville et c’est dommage’’, a regretté M. Fall.
Pointés du doigt par les usagers, les travailleurs municipaux, par la voix de leur secrétaire général régional, bottent en touche. Pour Mamadou Dia, les agents font de leur mieux pour satisfaire les usagers. ‘’Depuis plus de deux ans, nous sommes en lutte pour une revalorisation salariale, mais jamais nous n’avons abandonné le service minimum dans nos services. La demande est forte, mais nous sommes accusés à tort. Les braves agents municipaux méritent plus de considération et de respect’’, a déclaré Mamadou Dia.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS