Les défis de Diomaye Faye
Selon Omar Ndiaye, journaliste et chef du desk Relations internationales au quotidien ‘’Le Soleil’’, Diomaye et son équipe ont des chances de réussir ce rôle de médiateur entre ces pays de la sous-région. D’après lui, les nouveaux dirigeants du Sénégal partagent également quelques affinités idéologiques avec ceux qui sont à la tête des pays de l'AES sur des questions ayant trait à la souveraineté, à la présence des bases militaires étrangères, entre autres. Il souligne aussi que la nouvelle politique étrangère du Sénégal a pour pierre angulaire le panafricanisme, ce qui peut faciliter l'approche du Sénégal pour mener des médiations visant à faire revenir les pays de l'AES au sein de la CEDEAO.
Le dernier Sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest s’est tenu le 7 juillet 2024 à Abuja, alors que la veille, a eu lieu la première rencontre de l'Alliance des États du Sahel (AES). Cette dualité marque une étape cruciale dans la réorganisation géopolitique de l'Afrique de l'Ouest. Avec la création de cette nouvelle confédération regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les tensions avec la CEDEAO se sont intensifiées.
Dans ce contexte délicat, le président Bassirou Diomaye Faye a émergé comme une figure clé de la médiation, s'efforçant de rétablir la paix et la coopération régionale.
La formation de l'AES est une réponse directe aux sanctions économiques et diplomatiques imposées par la CEDEAO aux trois pays sahéliens, suite à leurs coups d'État respectifs. Cette situation a exacerbé les tensions et installé un climat d'instabilité dans la région. La CEDEAO, soucieuse de maintenir son intégrité et de prévenir la propagation des régimes militaires, a adopté une position ferme, tandis que les membres de l'AES ont cherché à affirmer leur souveraineté et leur indépendance.
Pour rappel, avec ce divorce, la CEDEAO perd 54 % de sa superficie, 7 % de son PIB et 17 % de sa population.
Face à cette impasse, Bassirou Diomaye Faye s'est engagé à jouer un rôle de médiateur. Connu pour son approche diplomatique et son engagement en faveur de la paix, Faye a entrepris une série de démarches pour rapprocher les positions des deux blocs. Dès son entrée en fonction, il a exprimé sa volonté de désamorcer les tensions. Il a immédiatement entrepris des visites à Bamako et à Ouagadougou, cherchant à comprendre les perspectives des dirigeants sahéliens et à ouvrir des canaux de communication.
Une visite était aussi prévue à Niamey, mais elle a été annulée par les diplomates nigériens en raison d’un calendrier chargé du président Tiani. Son approche a été marquée par un respect des souverainetés nationales tout en promouvant le dialogue et la coopération régionale.
Une participation active aux sommets régionaux
Le dernier sommet extraordinaire de la CEDEAO à Abuja, le 7 juillet 2024, a offert au président Faye une plateforme pour articuler sa vision de la médiation. Lors de son intervention, il a souligné les risques de la désintégration de l'organisation régionale et a appelé à éviter les manipulations constitutionnelles et les influences étrangères. Il a également mis en avant l'importance de la libre circulation et de la sécurité régionale, rappelant les bénéfices d'une intégration économique et politique harmonieuse.
En acceptant de se rendre chez les putschistes pour tenter une médiation, le chef de l’État sénégalais a démontré son engagement pour une résolution pacifique de la crise. Malgré les critiques et les défis, il a persévéré dans ses efforts pour établir un pont entre la CEDEAO et l'AES. Ses visites diplomatiques et ses négociations ont été guidées par un désir de réconciliation et de stabilisation de la région.
Défis et perspectives
La médiation de Bassirou Diomaye Faye n'est pas sans défis. Les divergences idéologiques et politiques entre la CEDEAO et l'AES restent profondes et la méfiance mutuelle complique les négociations.
Cependant, sa détermination à favoriser le dialogue et à rechercher des solutions mutuellement bénéfiques est un signe prometteur pour l'avenir de la région.
Les efforts de médiation ont reçu des réactions mitigées. Certains acteurs politiques et observateurs louent son approche pragmatique et son engagement en faveur de la paix. D'autres, en revanche, restent sceptiques quant aux chances de succès de cette médiation.
Néanmoins, la position du président Faye en tant que médiateur est largement perçue comme un pas positif vers la désescalade des tensions.
Le rôle de médiateur de Bassirou Diomaye Faye dans la crise entre la CEDEAO et l'AES illustre son engagement envers la paix et la stabilité en Afrique de l'Ouest. Ses efforts pour rapprocher les positions des deux blocs et promouvoir le dialogue témoignent de son leadership et de sa vision pour une région unie et prospère. Alors que les défis persistent, l'engagement de Bassirou Faye pour une résolution pacifique de la crise offre une lueur d'espoir pour l'avenir des relations entre la CEDEAO et l'AES.