En avant la culture mouride !
Après la très belle et remarquable exposition d’Ousmane Ndiaye Dago, les tableaux que reçoivent actuellement les cimaises de la Galerie nationale portent sur ‘‘L’esthétique mouride : un modèle de savoir-être, de savoir-faire et de savoir-devenir’’. Une exhibition d’un tout autre genre mais tout aussi exquise et splendide que celle du photographe.
Tout commence avec la création de la ville de Touba en 1988. A travers une photo au décor assez sommaire est présentée jadis la capitale du mouridisme. Une représentation qui ouvre la série de fresques d’art et d’installations que reçoit actuellement la Galerie nationale d’art. Elles portent toutes sur l’esthétique mouride. Ainsi, après ce tableau qui campe le décor de ce qu’on découvrira au fil de la visite dans cette exhibition, est proposé une photo de la mosquée de Touba. Elle a été prise en 1950 et présente une architecture assez dépouillée, loin de l’actuel lieu de culte, dont des photocopies trônent quelque part dans la salle. Sur bien d’entre elles, on découvre ce lieu de prière de l’extérieur comme de l’intérieur. Ils sont colorés et décorés avec goût. Le luxe y apparait surtout dans les vidéos projetées et dans lesquelles on découvre une séance de prière du vendredi à la grande mosquée de la ville sainte. Il est également montré des images de dignitaires mourides comme Serigne Saliou Mbacké, Cheikh Ibrahima Fall, Serigne Bara Falilou, etc.
Les artistes participant à cette exposition ont allié collage, peinture et photographie. En effet, ils ont pris des clichés des marabouts. Pour donner de l’envergure à ces derniers, ils ont juste laissé la tête et avec du tissu en basin ont refait les boubous. Ils y ont même ajouté quelques touches de broderie par ci et par là. La coupe ‘’Baye Lakhaat’’, un modèle vestimentaire bien mouride, est ressorti dans quelques-unes de ces tenues. De loin, ces tableaux aux personnages géants donnent un air de réel tellement le travail est bien fait. Mais il n’y a pas que des hommes : Il y a aussi les femmes qui sont présentes dans cette exposition à travers des portraits de Sokhna Moumy Mbacké ou encore Sokhna Mbène Mbacké entres autres. Comme pour respecter un principe islamique qui voudrait que lors de rassemblements les hommes ne se mélangent pas aux femmes, un coin est spécialement aménagé pour recevoir les photos de ces grandes dames.
‘’Dalbergua melanoxyl’’
Au-delà de ces figures du mouridisme, sont proposés d’autres éléments faisant la particularité de cette confrérie. Ainsi, sont mis en avant le ‘‘Ndialabaane ébène’’ (Dalbergua melanoxyl) bois avec lequel est fait le chapelet. Le ‘‘Berndé’’, service grandeur nature de victuailles, est également mis en exergue, avec celui des ‘‘Baye Fall’’ pendant le ramadan. Le ‘‘ndiakhass’’ ou patch en wax, un style vestimentaire bien mouride est naturellement vanté dans cette exposition. Le culte du travail est bien connu chez les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba. Et travailler la terre, ils savent bien le faire. Cet aspect ressort à travers quelques photographies de ‘’talibés’’ dans les champs. Rien n’a véritablement manqué pour montrer toutes les facettes de cette culture. Donc, évidemment il y a du succulent ‘’Café Touba’’ distribué.
‘’Je me rappelle du jour où je suis venu, au nom du Président Macky Sall, présider le vernissage de l’exposition qui précède la célébration du ‘’Juli guedj gui’’. J’ai appelé Matar Diouf (ndlr président du comité d’organisation) et Awa Cheikh Diouf (ndlr la directrice de la Galerie nationale d’art) pour organiser une exposition sur le vêtu mouride’’, s’est souvenu le ministre de la Culture et de la Communication qui a assisté au vernissage. ‘’Aujourd’hui, on a eu plus que le vêtu mouride et je pense qu’après Dakar il faut amener cette exposition en pays sérère’’, a-t-il proposé.
BIGUE BOB