Publié le 6 Nov 2017 - 19:46
PRIX DU JURY – ‘’TERRE ET OMBRE’’

Le difficile vécu de paysans sud-américains

 

Les images, l’atmosphère, l’environnement, tout est presque noir dans ‘’Terre et ombre’’. Seuls les champs de cannes à sucre, avant d’être calcinés, sont verts et quand la fumée et les cendres s’envolent, il n’en reste plus rien. C’est dans ces conditions de pollution quasi-perpétuelle que vivent des paysans. C’est ce que montre le cinéaste Cesar Augusto Acevedo.

 

Avec, à leur tête, le cinéaste marocain Faouzi Bensaïdi, le jury international de la 22e édition du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat a décerné son Grand Prix au film ‘’Terre et ombre’’ de César Augusto Acevedo. Le titre campe et le décor et l’histoire. Le réalisateur a tourné dans un village où il y a des champs de cannes à sucre à perte de vue, qui symbolisent la terre, cette terre fertile qui fait le bonheur de riches producteurs sud-américains. L’ombre est présente à travers ce rideau de fumée qui couvre ce patelin. En outre, ‘’Terre et ombre’’ est l’histoire de paysans sud-américains surexploités, racontée à travers le retour d’un père de famille, Alfonso, qui a divorcé, il y a 17 ans. Sa séparation avec sa femme Alicia est due à sa décision de quitter sa ferme et d’aller s’installer en ville. Son fils, Gerardo, a décidé de rester avec sa mère.

Malheureusement, l’environnement étant pollué à cause des champs de cannes à sucre brûlés avant leur abattement, le fils tombe malade. Le village étant une zone habitée majoritairement par des pauvres, l’hôpital qui y est implanté est trop petit et ne peut accueillir grand-monde. Ainsi, il ne peut recueillir Gerardo, malgré son cas critique. Marié et père d’un enfant - Manuel - ce dernier, convaincu par son épouse Esperanza, décide d’appeler son père, après cette longue séparation. De retour, ce dernier s’occupe des travaux ménagers, parce que son ex-femme, malgré son âge avancé, et sa belle-fille vont travailler dans les champs. Elles abattent les cannes à sucre et sont payées à la journée. Elles sont les seules femmes paysannes à travailler dans ces champs-là. Elles sont obligées de le faire pour vivre, puisque le seul homme de la maison est alité.

C’est également le prétexte, pour le réalisateur, de montrer et de dénoncer les dures conditions de travail des paysans évoluant dans les champs de cannes à sucre, mais également leur désespoir. Aujourd’hui où les machines ont fini de remplacer les hommes dans les champs, dans les pays même émergents, en Amérique du Sud, ce sont encore des hommes qui font le travail le plus dur. Les producteurs s’enrichissent sur leurs dos, en leur payant des miettes. Qu’ils peinent d’ailleurs à recevoir. Dans le film de César Augusto Acevedo, c’est après une grève qu’ils ont pu recouvrer leur dû. Encore que certains travailleurs ne voulaient pas rallier le mouvement au début, craignant d’être renvoyés et d’être remplacés par des machines qui feront le travail à leur place. Seulement, ils ne savent pas qu’ils coûtent moins cher que ces moteurs.

Malgré ces dures conditions de travail et de vie, Alicia refuse de partir. Il en est de même pour Gerardo qui, de jour en jour, a encore plus de problèmes pour respirer normalement. Ne tenant plus et étant renvoyée de la ferme où elle travaillait, Esparanza décide de partir avec ou sans le consentement de son mari. Comme elle s’y attendait, Gerardo refuse toujours de partir et de laisser seule sa mère. Son cas allant de mal en pis, sa mère l’y contraint, mais avant son départ, il meurt. Bien dommage. Le grand-père repart avec son petit-fils et sa belle-fille, laissant maintenant Alicia seule, sans travail, ni compagnie. Elle tient à sa ferme bordée de cannes à sucre et à son village qui n’est maintenant que ‘’terre et ombre’’. 

 BIGUE BOB (Envoyée spéciale à Rabat)

 

Section: 
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024
PRÉSENTATION TAARU SÉNÉGAL : La première Symphonie d'Amadeus
PARTICIPATION DES USA À LA BIENNALE DE DAKAR : Mettre en lumière l’influence de la culture africaine sur l'art américain
MARIAM SELLY KANE - JOURNALISTE : Une voix pour les femmes et les enfants