Les ‘’Visages de la Résistance’’ contre l’excision
La Maison de la presse accueille, depuis hier, une exposition de 15 photographies réalisées par Jason Ashwood. Elles parlent de l’excision et de ses méfaits.
Ils ne sourient pas. Pourtant, ils ne paraissent pas tristes, même si leurs regards sont sibyllins. Certains semblent détendus, d’autres donnent l’air de se tenir en bride. Divers sentiments se lisent ainsi sur chaque portrait que soumet à l’appréciation du public le photographe Jason Ashwood. Ils sont des hommes et des femmes qui luttent contre l’excision. Ils veulent faire découvrir au monde les méfaits de cette pratique, à travers leurs expressions faciales, mais également leurs histoires.
Ainsi, ces sujets sont des Sénégalais qui mènent un combat ardu contre l’excision. Ils sont décrits comme des ‘’survivantes’’ et ‘’militants’’ contre cette pratique traditionnelle.
Une exposition de ces photos en noir et blanc est visible actuellement à la Maison de la presse. Le vernissage de cette dernière s’est tenu hier. ‘’Cette collection de 15 portraits s’inscrit dans le cadre du projet ‘’Les visages de la Résistance’’. Ce programme relate les histoires singulières des survivantes et des militants contre l’excision à travers le monde’’, informe le catalogue de l’exhibition. Ces derniers, précise-t-on, sont tous prêts à témoigner et parler de leurs expériences personnellement publiquement. Pour d’aucuns, c’est une première.
Et les sujets choisis viennent de milieux différents. ‘’Ces modèles sont des thérapeutes, des infirmières, des porte-parole, des auteurs et des militants. Elles ont toutes consacré leur vie à défier leur communauté en faisant campagne pour mettre fin à l’excision et soutenir d’autres survivantes’’, indique-t-on dans le catalogue. Parmi eux, la jeune Assy Diamanka, survivante qui a créé un club de jeunes filles pour lutter contre cette pratique dans son village natal, Faraba, grâce aux formations qu’elle a reçues et son engagement dans ce combat.
En outre, ajoute-t-on, ‘’Le ‘Visage de la Résistance’ souhaite mettre en lumière, à l’échelle mondiale, la lutte contre l’excision et créer un dialogue positif sur la manière de mettre fin à l’excision’’. Sur ce plan, les victimes qui ont pris part à la conférence de presse organisée hier, en prélude au vernissage, sont d’avis que la loi à elle seule ne suffit pas à dissuader ceux et celles qui pratiquent l’excision. Pour elles, la meilleure des méthodes dissuasives est la sensibilisation. Sous cet angle, elles optent pour une mise en exergue des conséquences auxquelles s’exposent les filles excisées. Des fistules obstétricales à l’accouchement difficile ou une vie sexuelle compliquée, tout doit être expliqué aux mères et vieilles femmes pratiquant cela. Séance tenante, sans calcul, il s’est avéré que c’est le meilleur canal.
Parmi les invités, il y avait une dame ancienne exciseuse. Elle a avoué n’avoir laissé son ‘’métier’’ qu’à cause de la loi. Elle dit avoir peur d’aller en prison et de fatiguer sa famille. Elle regrette le fait qu’elle n’a plus de ressources aujourd’hui pour faire vivre sa famille comme avant. Elle informe gagner jadis 25 mille par séance. Avec 10 filles et 250 mille francs Cfa, dit-elle, son année était assurée.
‘’L’excision fait partie de notre culture, de nos traditions’’
‘’J’ai laissé cette pratique parce que vous dites qu’elle n’est pas bonne. Ma grand-mère, ma mère et moi la faisons depuis longtemps sans problème. Cela fait partie de notre culture, de nos traditions’’, dit-elle sur un ton qui laisse croire que s’il n’y avait pas la loi, elle continuerait et qu’elle n’est pas totalement convaincue que l’excision ne soit pas bonne pour les filles. Dans son discours, à aucun moment, elle n’évoque les conséquences médicales. Pis, elle les ignore et dit n’avoir jamais eu de problème quelconque, ne serait-ce qu’une effusion de sang de trop, de toute son expérience.
BIGUE BOB