Plus de ressources dans le secteur
Juste après sa nomination, le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, annonçait les couleurs de sa politique : développer une identité propre au Sénégal. Ainsi dessiné, tout repose sur le patrimoine. Les pouvoirs publics semblent l’avoir compris et souhaitent mieux soutenir cet axe. M. Coulibaly l’a fait savoir, vendredi, lors de la célébration de la Journée nationale du patrimoine au Monument de la Renaissance.
Lors de la remise du Grand Prix du chef de l’Etat pour les Arts, en décembre 2017, le président Macky Sall a tracé les grandes lignes de sa politique culturelle. Il expliquait que l’Etat ferait tout pour que les artistes puissent vivre décemment, en faisant de la culture un puissant levier de développement. Depuis, des choses sont en train d’être faites dans ce sens. Entre 2012 et 2017, l’Etat a consacré une enveloppe de 6 milliards de francs Cfa entre subventions, aides et soutiens. ‘’Les politiques publiques actuelles ont pris en compte de façon systématique la culture et cela a été ponctué par des interventions de dimensions remarquables avec des subventions qui ont été allouées au département de la Culture pour les arts, les artistes, les lettres et la création artistique’’, a rappelé le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly. Cela ira crescendo, d’après ce dernier. Car ‘’les politiques culturelles n’ont de sens que si elles contribuent au Pib’’, comme l’avait déjà dit le ministre, lors des Rencontres cinématographiques internationales de Dakar (Recidak).
Propos qu’il a réitérés vendredi, lors de la célébration de la Journée nationale du patrimoine au Monument de la Renaissance. Une fois encore, pour étayer ses dires, Abdou Latif Coulibaly a pris l’exemple de la France qui investit, disons-le comme ça, 21 milliards d’euros par an dans le secteur culturel. Elle récolte à la fin plus du double : 57 milliards exactement. Seulement, au Sénégal, les gens n’ont pas encore tout à fait compris cet enjeu. Beaucoup réduisent la culture à sa plus simple expression : son aspect ludique. N’allez surtout pas croire que seuls les incultes pensent ainsi. Quand les budgets sont serrés ou qu’il y a des problèmes de trésorerie, souvent, ce sont les budgets de la culture qui sont réséqués. Ce que regrette M. Coulibaly. Il a assuré tout de même que "le chef de l’Etat a décidé de consacrer des investissements plus importants à la culture, pour permettre de valoriser ce que nous avons comme patrimoine, comme sites culturels, les identifier et les répertorier".
Combien ? Pour l’instant, aucun chiffre n’est avancé. La précision faite est que l’Etat veut rendre plus attrayants les espaces. Ainsi, les populations pourront mieux comprendre les enjeux liés à la préservation des sites de patrimoine qui représentent des pans importants de l’identité du peuple. C’est ainsi qu’un musée des royautés et de la chefferie traditionnelle sera construit à Diamniadio. Avant, sera modernisé le musée Lat-Dior sis à Dekheulé que le président Sall a inauguré dernièrement. Selon le ministre de la Culture, l’Etat a décidé de le rendre plus attractif, en construisant un lodge qui pourrait accueillir des touristes. Le musée aura, en outre, une dimension nationale.
Toujours dans le sens de la préservation du patrimoine national et africain, le ministre a affirmé que la Charte du Mandé est considérée, au Musée des civilisations noires, comme le porte-étendard des Droits de l’homme. Il est comme un référentiel.
Pour le nouveau directeur du Bureau régional de l’Unesco en Afrique de l’Ouest, Dimitri Sangan, toute politique de préservation du patrimoine est essentielle. L’Unesco a souvent fait des plaidoyers dans ce sens, d’ailleurs. ‘’Il est important de mettre en place des mesures durables pour transmettre ce patrimoine (…). Investir dans la valorisation du patrimoine permet d’offrir de nouvelles opportunités d’emplois’’, a-t-il indiqué.
Une Journée nationale du patrimoine dont le thème est ‘’L’identité culturelle : socle de la renaissance africaine’’, c’est une occasion de mettre en avant le patrimoine matériel et immatériel du Sénégal. Des prestations de diverses troupes ont égayé la manifestation et des plaidoyers faits à travers sketchs, chorégraphies et même des photographies signées Matar Ndour.
BIGUE BOB