Une première enrichissante
Le public dakarois a pu visiter, hier, pour la première fois, le Musée de civilisations noires. Plusieurs œuvres préhistoriques et contemporaines ont été présentées et expliquées aux visiteurs. Parmi eux, des Occidentaux surtout et des Africains de toutes nationalités confondues et peu de Sénégalais.
Le Musée des civilisations noires a reçu, hier, des Africains de divers horizons et de nombreux Occidentaux. Les visiteurs, majoritairement jeunes, ont répondu présents, même si l’affluence n’est pas encore au rendez-vous. Le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, a profité de l’occasion pour saluer l’écho médiatique mondial de ce musée, depuis son inauguration. Il a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’un musée pour les Noirs, mais plutôt celui du ‘’Noir dans l’évolution du monde’’. ‘’Le plus important, poursuit-il, est de montrer le rôle qu’a joué l’Afrique dans la marche du monde’’. Depuis l’inauguration, le délai a été mis à profit pour mettre en place un bon dispositif sécuritaire et de préparer les moniteurs.
L’édifice de trois étages, inauguré en grande pompe le 6 décembre dernier, est entièrement équipé d’œuvres d’art et de vestiges. Il a la particularité d’exposer des œuvres anciennes, mais aussi contemporaines. ‘’Ce musée n’est pas typologique, mais global, qui se veut évolutif, parce que retraçant, montrant l’évolution de l’Homo sapiens dans le temps. Chaque jour, il y aura des changements. Actuellement, nous nous attelons à communiquer, à travailler davantage, afin que tous les Sénégalais se retrouvent dans cette œuvre mondialement reconnue’’, a expliqué le directeur général Hamady Bocoum, qui a évalué le nombre d’entrées de ce premier jour à 512.
Il a tenu à souligner que ‘’60 % des œuvres exposées sont le fruit du travail des Sénégalais de la diaspora. Nous en comptons aujourd’hui 1 300’’. Le rez-de-chaussée, regorgeant d’outils utilisés par l’homme à la Préhistoire, a constitué la plus grande attraction. Le rayon ‘’Métallurgie’’ montre comment le genre humain a découvert le fer ainsi que ses premières réalisations.
Des impressions différentes
Cependant, bien qu’approuvant la qualité de l’exposition, beaucoup de visiteurs auraient aimé voir des œuvres d’art typiquement africaines. ‘’C’est ce qui manque ici. Je m’attendais à voir de la poterie, des statuts faites par nos parents. L’art, ce n’est pas que des tableaux’’, tel est l’avis du vieux Assane Diop, un visiteur.
Par contre, les élèves et étudiants ont été séduits par les tableaux retraçant la découverte des mathématiques en Egypte, ainsi que les premiers traitements médicaux de l’humanité qui y ont aussi été découverts. Ce qui fait dire à Anta Ndiaye, diplômée de la faculté de Droit de l’Ucad, que ‘’cette exposition (lui) apprend ce que l’école ne fait pas voir. Je me rends compte que tout est parti de l’Afrique et nos ancêtres étaient des hommes doués d’une intelligence incomparable’’. L’on y trouve aussi les crânes des premiers hommes, ainsi que leur évolution dans le temps.
Le public présent a aussi eu l’occasion de voir les preuves que l’homme, au départ, se déplaçait à quatre pattes avant de devenir bipède. De ce processus est née la fabrication d’outils tels que la pierre polie nécessaire à sa vie sur terre. Ces découvertes de traces de pieds faites en Centrafrique sont aussi en exposition.
Le deuxième étage est dédié aux tableaux d’artistes africains et occidentaux, aux premiers tissus africains confectionnés en Zambie, ainsi qu’à la littérature africaine. Des chants religieux musulmans et chrétiens résonnent dans des baffles installés dans une grande salle, au premier étage. ‘’Tout Sénégalais qui entre ici ressort forcément en sachant que son pays n’est pas le centre du monde. Il nous manque cette dose d’humilité, car nous pensons que Dakar est le centre du monde. Chose fausse, l’histoire de l’humanité ne date pas d’aujourd’hui’’. Une pensée d’Amadou Ndao, artiste peintre qui invite les élèves à venir s’enrichir en connaissances.
Emmanuella Marame FAYE