5 ans et mandat d’arrêt requis contre les prévenus
Le parquet de Dakar a requis, hier, cinq ans de prison ainsi qu’un mandat de dépôt ou un mandat d’arrêt contre Youssou Guèye poursuivi pour escroquerie par le ressortissant tunisien Didri Mohsen.
L’affaire a éclaboussé la magistrature. Maiselle a fait couler des larmes, hier, à la barre du tribunal de Dakar. La partie civile, Didri Mohsen, un commerçant de dattes et d’huile d’olive et le prévenu Youssou Guèye, patron de la compagnie d’avion Afrique Air Assistance, poursuivi pour association de malfaiteurs et escroquerie, ont tous les deux pleuré comme des madeleines. La partie civile pour avoir, selon ses dires, été roulée dans la farine par le prévenu.
En effet, selon Didri Mohsen, Youssou Guèye devait lui vendre des pierres précieuses d’une valeur de 200 millions de francs Cfa. Mais à la place de la marchandise, il n’a reçu que des factures. Il a indiqué que c’est un Irakien qui lui a proposé de se lancer dans ce commerce pour fructifier ses revenus. ''C’est dans un hangar de Youssou Guèye situé à l’aéroport (Léopold Sédar Senghor de Dakar) que l’Irakien m’a montré 10 mallettes de 650 kg chacune. Pendant qu’il me montrait les cristaux, Youssou Guèye a déboulé en disant que je devais payer avant toute livraison'', confie le plaignant. Le Tunisien soutient avoir subi par la suite des pressions de Youssou Guèye. ''Il ne cessait de m’appeler en me demandant de venir prendre la marchandise car la douane risquait de la saisir'', ajoute la partie civile qui dit s’être rendu à Bamako sur invitation de Youssou Guèye. Pour conclure, Didri Mohsen précise que M. Guèye s’est présenté à lui comme le fils de l'ancien président de l'Assemblée nationale, Lamine Guèye, et ami à Karim Wade, fils du président Abdoulaye Wade.
Autant d’allégations balayées d’un revers de main par le mis en cause. Qui accuse à son tour. ''Il voulait m’arnaquer, je le jure sur le Saint Coran'', réfute d’emblée Youssou Guèye. Versant dans le déballage, Youssou Guèye accuse l’ancien régime d’être derrière cette affaire. ''C’est un coup monté par le Palais (durant le règne d'Abdoulaye Wade, Ndlr). L’État me doit deux milliards. Aujourd’hui ils m’ont chassé du pays'', allègue le prévenu. Et d’ajouter : ''Je ne connais même pas son numéro de téléphone, je n’ai jamais traité d’affaires avec lui. Seulement, j’ai une fois établi une facture pro-format à son ami pour la location d’un avion''. Les propos de Youssou Guèye semblent être corroborés par le prévenu Ameth Fall poursuivi pour complicité. ''J’aurais aimé savoir comment je suis complice'', s’interroge M. Fall. A l’en croire, les accusations de Didri Mohsen ne sont pas fondées : ''(Didri Mohsen) me devait 200 mille francs et quand il a été arrêté à la gendarmerie, c’est moi qui lui servais à manger''.
L’avocat de la partie civile réclame 400 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts. ''Ameth Fall est aussi impliqué que Youssou Guèye'', dira le représentant du parquet qui n’a pas manqué de rappeler le passé pénal de Youssou Guèye. Pour la répression, il a requis cinq ans ferme et le mandat de dépôt ou mandat d’arrêt contre les deux prévenus. La défense a plaidé la relaxe pure et simple arguant que la partie civile n’a fourni aucune preuve de la remise du montant versé. Le tribunal rend son délibéré le 16 octobre prochain.
FATOU SY