De la rue aux scènes internationales
Il s’est formé dans les rues du Sénégal et de la Gambie. Aujourd’hui, il se produit sur les grandes scènes nationales et internationales. B-Da Sufi, de son vrai nom Babacar Diouf, est un rappeur prolifique basé en Norvège.
Rien n’est évident, quand on fait de la musique, surtout du rap. Mais B-Da Sufi a toujours été convaincu qu’il peut réussir de grandes choses, grâce à son art. Rappeur sénégalais résidant en Norvège, il a grandi entre le Sénégal et la Gambie. Avec actuellement 5 albums dans sa discographie, il est arrivé à se faire un nom sur la scène musicale nationale et internationale, grâce notamment à la belle promotion de son premier opus. C’est en 1997 que B-Da Sufi a commencé à faire de la musique. Il ne lui a fallu qu’un an pour produire une maquette avant la sortie, en 2007, de son tout premier album intitulé ‘’Love and peace Séné-Gambie’’. Il y loue la fraternité entre les deux pays voisins qui l’ont vu grandir.
De son vrai nom Babacar Diouf, B-Da Sufi n’est pas allé chercher loin son nom de scène. Il a, en effet, pris la première lettre de son prénom et s’est inspiré de son vécu spirituel. Sufi renvoie, en effet, au soufisme, une voie d’élévation spirituelle par le biais d’une initiation dite ‘’tassawuf’’ ou encore ‘’tariqa’’, explique-t-il. Babacar se fait d’ailleurs remarquer par son éternel chapelet autour du cou. Il se dit ‘’talibé baye’’. Ce qui explique ce style qu’il adopte. C’est pour cela également, affirme-t-il, que les valeurs de paix, d’amour et de spiritualité dominent dans ses chansons. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a que cela dans ses textes, même s’il dit être dégouté par la politique, par exemple.
‘’La politique, dit-il, est sale. Elle est la principale cause de toute les guerres dont souffre l’humanité’’, regrette-t-il. Multilingue, B-Da Sufi rappe généralement en anglais, mais aussi en norvégien et en wolof. Un surplus qui donne plus de punch à sa musique et qui lui permet d’atteindre un très large public.
En outre, après la sortie de son premier album, il en a produit d’autres dont le dernier date d’il y a deux ans. En vacances au Sénégal, B-Da Sufi présente son œuvre aux Sénégalais. En effet, ‘’Fowing into the Blues’’ est le titre de son dernier album sorti en 2018 et disponible sur les plateformes internationales. Il est composé de 10 morceaux. Le titre éponyme de ce produit est un égotrip dans lequel il fait l’éloge de son style musical. Un véritable cocktail de hip hop, tantôt classique, tantôt hardcore, et de blues. C’est sous le charisme du musicien Ali Farka Touré qu’il a décidé de présenter un doux cocktail de blues et de rap.
Très prolifique, le rappeur prépare ‘’Ethnicité’’, son prochain album dans lequel il compte introduire toutes les sonorités locales. L’idée est de fortifier ses influences musicales en sortant de l’ordinaire, mais aussi de montrer, à travers sa musique, ses origines africaines, en magnifiant la diversité culturelle sénégambienne. ‘’Chaque morceau de mon prochain album aura une sonorité ethnique, parce qu’au Sénégal et en Gambie, chaque ethnie présente une sonorité qui lui est particulière’’, fait-il savoir.
Autodidacte dans la musique, il s’est formé dans la rue. Il a participé à beaucoup de cyphers de rue qui lui ont permis de se parfaire, de découvrir de nouvelles techniques et de connaître ses limites. ’’Mes amis et moi faisions des free-styles. C’est au coin d’une rue que nous aménagions, tous les soirs, un petit espace pour l’occasion. La sonorisation attirait les passants. On rappaient souvent sur de bons beats. Une ambiance de folie !’’, se souvient le rappeur avec beaucoup d’émotions et un sourire nostalgique. B-Da d’ajouter avec sa voix rauque, forte et imposante : ‘’Mais c’est dommage qu’il n’y ait plus de cypher. Les quelques-uns que l’on organise encore sont maintenant modernisés ; ils ne servent qu’à faire des clips vidéos.’’
‘’Just for the love’’, son deuxième album, est compose de 13 morceaux et date de 2010. Il est disponible gratuitement sur le net. En 2013, ‘’Hip hop Still Hip hop’’ voit le jour. Quatre ans plus tard, il met sur le marché ‘’I Wish’’ (‘’Je souhaite’’), un Ep de 9 titres enregistrés à Oslo et produit en Gambie. De nombreux grands artistes comme Ole-O de DRM Klikk, Sheldon, Blackman, DJ Leuz ont participé à la réalisation de cet opus. B-Da Sufi se produit de manière assidue sur les scènes de spectacles. Il a d’ailleurs fait des featurings avec des rappeurs sénégalais comme PPS, Youssou de Makkan G, Fuk’N’kuk et des démarches pour obtenir une collaboration avec Leuz Diwan G.
B-Da Sufi vit en Norvège depuis 2012. Et les nombreux voyages effectués à travers le monde lui ont permis de constater avec émerveillement que le rap sénégalais ne se porte si mal qu’on le croit. A titre de comparaison, il considère que le rap sénégalais à un niveau plus élevé que celui de la Norvège, et à plusieurs titres.
‘’Ce qui me plait dans le rap sénégalais, c’est que les rappeurs ont une écriture très pointue. Ils sont forts dans ce domaine. Mais en Norvège, il n'y a qu'une poignée de rappeurs qui ont cette qualité. En plus, au Sénégal, le public envahit tout le temps les concerts. Or, tel n’est pas le cas là où je réside. Il n’y a que les grands artistes qui réussissent à remplir les grandes salles’’, affirme-t-il. ‘’En termes de musicalité, beaucoup pensent que les morceaux produits à l’étranger sont de meilleure qualité. Mais ils ont tort. Ici (Séné-Gambie), il y a des gens qui font un excellent travail. Moi, c’est en Gambie que je produis mes sons. Pourtant, mes amis norvégiens sont séduits par le travail du Gambien. Il y a même certains parmi eux qui sont en collaboration avec lui’’, se réjouit-il.
En attendant la sortie de son 6e album prévu entre 2020 et 2021, B-Da Sufi continue de sortir des singles pour rester actif. C’est dans ce cadre qu’il a produit, en 2019, ‘’Bes bu bess’’ et ‘’The Street’’. Il prévoit aussi de sortir d’autres sons.
BABACAR SY SEYE (STAGIAIRE)