Publié le 16 Jul 2020 - 16:45
MATAM

Début d’hivernage, une pluie de dégâts

 

L’hivernage est enfin lancé dans la région de Matam avec d’importantes précipitations enregistrées ces dernières 48 heures. Des pluies qui étaient fort longtemps attendues par les agriculteurs malmenés par la laborieuse période de soudure, mais qui sont arrivées avec un cortège de désagréments. Les routes sont jalonnées de véhicules immobilisés par la boue.

 

Sur le tronçon Ourossogui-Thilogne en cours de travaux, c’est devenu la croix et la bannière pour les gros porteurs. La piètre qualité des pistes de déviation n’aidant pas, les voitures s’enlisent jusqu’à la hauteur des essieux. Ndiaga et ses deux petits apprentis chauffeurs ont passé la nuit à la belle Etoile à quelques encablures du village de Bokidiawé, situé à près de 40 km au nord de Ourossogui. Leur camion s’est embourbé au beau milieu de la route. « C’est un calvaire de voyager dans cette partie du Sénégal en période d’hivernage. Je suis bloqué ici avec les marchandises que je transporte.

Ceux qui ont construit ces pistes ne respectent pas  les gens, ils savent très bien qu’avec la pluie, ces pistes seront impraticables. Mais il n’y a pas de loi dans ce pays. Ceux qui devraient contrôler ces travaux sont muets et en fin de compte, c’est nous qui payons les pots cassés. Je dois payer à mes frais le mécanicien, mais surtout c’est un risque que je prends, en étant immobilisé ici, avec toute cette quantité de marchandises que je transporte. Si je me fais voler, je paierai, car rien de ce que je transporte ne m’appartient », fulmine-t-il.

Sur le même tronçon, à hauteur de Nabadji, un bus transportant une soixantaine de passagers en provenance de Dakar s’est retrouvé bloqué dans le sol argileux, en voulant éviter les grandes flaques d’eau sur la route, son chauffeur était sur les nerfs. Submergé par sa colère, il n’a même pas daigné répondre à nos questions. Le téléphone scotché à l’oreille, il était lancé dans des explications prolixes dans lesquelles transparaissait nettement son dépit.

Les véhicules gros porteurs n’ont pas été les seuls à subir les désagréments des pluies sur les pistes. Les minicars assurant la desserte Ourossogui-Orefondé ont été aussi bloqués par les eaux de ruissellement. Une file de plus de 10 petites voitures attendaient patiemment que les techniciens et ouvriers de la société en charge du tronçon colmatent la piste. Une attente qui s’est avérée être un véritable manque à gagner pour les chauffeurs du transport en commun. « J’ai perdu ma journée, nous lance un jeune chauffeur, casquette sur la tête, depuis 09 heures, je suis ici et il est presque midi et je n’ai toujours pas traversé ce ruissellement. Les ouvriers sont en train de faire le maximum, mais je sais que les travaux prendront encore deux heures, les eaux viennent du Ferloo. C’est difficile, mais c’est la faute à personne. C’est Dieu seul qui décide du moment où il pleuvra », philosopha-t-il

Au même moment, les voyageurs traversaient le ruissellement à pied pour continuer leur voyage. Des femmes avec des bébés sur le dos soulevaient leur pagne et progressaient avec précaution. Doro est retraité de la France qui vit paisiblement au village de Sinthiou Garba, dans la commune de Ogo, il se rendait au village de Pété dans le département de Podor pour assister aux funérailles d’un de ses proches prévu à 10 heures. Il était 11h35mn, quand on l’a trouvé assis sous un arbre avec ses boubous blancs légèrement entachés. « Je devais assister à des funérailles au village de Pété et j’ai pris départ juste après la prière de l’aube. Me voilà coincé ici, je sais à présent que la dépouille a déjà été inhumée, je suis en retard, mais en même temps, je ne peux pas rebrousser chemin. Voilà pourquoi nous sommes en retard au Sénégal, nous perdons beaucoup de temps. Le temps est précieux. Cette situation est inimaginable en France. J’y ai vécu 35 ans, mais jamais, je n’y ai vu de pareilles situations. Si cela arrivait, ne ce reste qu’une fois, le directeur des travaux allait être limogé. Mais ici je sais que le directeur est en train de boire son café dans son bureau climatisé… Donc, je suis là en attendant que la situation se décante. »

L’école paie déjà un lourd tribut du côté sud de la région, au village de Ndendory, dans le département de Kanel. Les élèves de l’école primaire Ndendory 2 ont été obligés de rester chez eux par leur directeur à cause du ravin, séparant l’école des habitations, pris d’assaut par les eaux de ruissellement. La traversée se présentait périlleuse pour les jeunes potaches. Une situation qui a poussé le directeur à envisager la poursuite des cours vers une autre école. A quelques kilomètres de là, à Sinthiou Garba, les cours ont été temporairement suspendus à cause des eaux de pluie. Avec la confection de la route nationale, les eaux obstruées se retrouvent bloquées dans le lycée entravant sérieusement le déroulement des enseignements-apprentissages.

Ces pluies bien que les importantes jusque-là enregistrées n’étaient pas particulièrement abondantes. Cependant les dégâts causés laissent présager qu’avec une pluviométrie plus régulière, les populations vivront un hivernage des plus cauchemardesques.

Djibril Ba

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