Le ministre cherche des greffiers ad hoc
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La grève du Sytjust handicape les justiciables. Pour faire face à l’impact de ce mouvement d’humeur, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, entend recourir aux greffiers ad hoc. Une note a été envoyée aux différents commandants de brigade de la gendarmerie pour envoyer la liste des gendarmes qui veulent devenir des greffiers ad hoc.
Le mouvement d’humeur des travailleurs membres du Sytjust (Syndicat des travailleurs de la justice) dure depuis un mois et quatre jours. Il n’est pas sans conséquence sur les justiciables. La plupart des personnes qui viennent chercher des documents administratifs sont obligés de rebrousser chemin. Cet élève venu de Birkelane : ‘’J’étais venu chercher un casier judiciaire pour compléter un dossier administratif pour le concours que je devais faire. A cause de la grève, je suis obligé de rebrousser chemin.’’ Une autre personne court derrière son registre de commerce depuis un mois. Plusieurs personnes sont dans le même lot. Elles ne savent pas quoi faire, pour obtenir ces documents et autres actes administratifs.
Afin de satisfaire les usagers, le garde des Sceaux a envoyé une circulaire aux différents commandants des brigades de gendarmerie du Sénégal. Maitre Malick Sall les invite, à travers cette correspondance, à choisir des gendarmes qui voudraient devenir des greffiers ad hoc. De l’avis de Me Ibrahima Guèye, greffier au tribunal de grande instance de Diourbel, membre du Sytjust, ‘’ce n’est pas une bonne chose, pour diverses raisons. La première, ces greffiers ad hoc ne sont pas outillés pour rédiger les jugements après les audiences. En plus, les dossiers risquent d’être égarés’’.
Ce recours à des greffiers ad hoc constitue, pour certains juristes, ‘’une usurpation de fonction, d’actes judiciaires non authentiques et de faux. Il s’agit d’une tentative de néantisation de la lutte des travailleurs de la justice. Ce greffier n’assure pas le travail administratif ou judiciaire d’après audiences qui aboutit à la disponibilité des décisions rendues, à l’occasion de ces audiences ‘irrégulièrement tenues’. Ainsi, beaucoup de décisions restent indisponibles ou introuvables en défaveur des justiciables concernés, par le fait que ce système palliatif de greffiers ad hoc ait été tenu par des juges, lors des grèves observées antérieurement par les travailleurs de la justice’’.
Pour les membres du Sytjust, le préalable à la reprise du travail est le respect du protocole d’accord signé depuis le 17 octobre 2018. Certains, comme Me Ibrahima Guèye, disent ne pas comprendre ce mépris du ministre de la Justice à leur égard, surtout qu’il y a un début de réalisation du protocole, avec le relèvement du niveau de recrutement des greffiers. Sur le site Internet du Centre de formation judiciaire, on peut lire : ‘’Sont recrutés par voie de concours direct des greffiers, les candidats de nationalité sénégalaise âgés de 33 ans au plus, au 1er janvier de l’année du concours et titulaires de la Licence ou d’un diplôme admis en équivalence, remplissant les conditions générales d’accès à la Fonction publique.’’
Boucar Aliou Diallo