La descente aux enfers continue pour Cissé Lo
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Après la séquence politique du film Cissé Lo-APR, l’on se profile vers une séquence judiciaire pleine d’incertitudes. Au-delà du procès des injures, la justice est aussi attendue pour apporter la lumière sur les graves accusations de blanchiment d’argent, détournement de deniers publics et trafic de drogue portées par le député contre de hauts responsables du régime.
La descente aux enfers se poursuit pour le député Moustapha Cissé Lo. Exclu de son parti l’Alliance pour la République (APR), lâché par l’Assemblée nationale, renvoyé de son groupe parlementaire, ‘’l’ami’’ de Niang Xaragne Lo est annoncé aujourd’hui ou demain à la Brigade de recherches pour une autre séquence du film l’opposant à quelques-uns de ses désormais ex-frères de parti, dont Yakham Mbaye et Farba Ngom. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les risques sont énormes pour le parlementaire.
Rien que pour les injures, il risque jusqu’à 5 ans de prison et une amende pouvant aller de 50 000 à 500 000 F CFA. ‘’Quiconque aura, par quelque moyen que ce soit, fait une dénonciation calomnieuse contre un ou plusieurs individus, aux officiers de justice ou de police administrative ou judiciaire ou à toute autre autorité ayant le pouvoir d'y donner suite ou de saisir l'autorité compétente, ou encore aux supérieurs hiérarchiques ou aux employeurs du dénoncé, sera puni d'un emprisonnement de six mois à cinq ans et d'une amende de 50 000 à 500 000 F’’, indique l’article 362 du Code pénal.
Ce n’est pas tout. Moustapha Cissé Lo pourrait même perdre son mandat de député, acquis en 2017. Comme l’écrivait ‘’EnQuête’’ dans son édition du 9 juillet dernier, même si le député conserve son mandat, malgré l’exclusion de son parti, une condamnation par les juridictions pourrait changer totalement la donne. Mais, s’empressait de préciser l’enseignant-chercheur Ngouda Fall Mboup : ‘’Il faudra non seulement que le député soit condamné, mais aussi que cette condamnation soit définitive. Ce qui implique l’usage de toutes les voies de recours judiciaires, à savoir le jeu des appels et la cassation devant la Cour suprême.’’ Ce qui ne serait pas pour déplaire à certains de ses collègues.
Dans une déclaration sur cette affaire, l’Assemblée nationale rappelait qu’il appartient à la République et à ceux qui ont subi de graves préjudices de saisir les juridictions compétentes, pour que force reste à la loi et qu’il soit radicalement et définitivement mis un terme aux actes du député. Dans la même veine, certains destinataires de ses insultes avaient juré de porter l’affaire devant les autorités judiciaires.
Mais, au préalable, il va falloir lever son immunité, soutiennent certains spécialistes.
A l’instar des parlementaires, ils sont nombreux, les Sénégalais, à avoir réclamé la tête de l’ancien président du parlement de la CEDEAO, du fait de ses propos indignes et déshonorants, pour un responsable de son rang. Mais il ne faudrait pas non plus oublier que le député n’a pas fait qu’insulter copieusement ses anciens camarades de parti. Il a également proféré des accusations tout aussi graves contre de hauts dignitaires de la République. Lesquelles accusations méritent également l’ouverture d’une enquête judiciaire. L’homme a l’habitude de clamer haut et fort : ‘’Lima xam buma ko wakhé aduna touki. Vous allez prendre des bâtons pour aller bastonner vos ministres.’’
L’on se demande ce qu’il pourrait dire de plus compromettant que ses précédentes déclarations. En effet, Cissé Lo a clamé urbi et orbi avoir des preuves contre de hautes personnalités de l’Etat, trafiquants de drogue. Il a affirmé publiquement détenir des preuves contre des responsables coupables de malversation, notamment en ce qui concerne la campagne arachidière et le Train express régional. Aussi, assumait-il, défiant presque le procureur de la République : ‘’Si on détruisait les immeubles construits grâce à l’argent de la drogue, il n’en resterait plus rien. Je sais ce que je dis et si j’étais à la tête de la police, j’allais vous en édifier davantage. J’assume. Le procureur n’a qu’à me convoquer demain. Je le lui permets, malgré mes immunités. Je n’ai même pas besoin d’avocat…’’
Entre Moustapha Cissé Lo et l’Alliance pour la République, c’est une longue histoire faite de hauts et de bas. Tout a commencé en 2009, au cœur de la guerre entre l’actuel président de la République et son ancienne formation politique (le PDS). Député de la majorité libérale à l’époque, il avait pris fait et cause pour Macky Sall qui venait d’être débarqué de la présidence de l’Assemblée nationale. C’est d’ailleurs son principal mérite et il aime le crier partout : ‘’J’ai créé l’APR. L’APR c’est moi. Quand je me battais pour Macky Sall, personne n’osait dire quoi que ce soit. Certains parmi les responsables de cette Assemblée étaient avec Wade.’’
MOR AMAR