L’Unsas s’approprie la lutte du Sytjust
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L’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) a décidé de s’approprier la lutte du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust). Elle l’a fait savoir dans un communiqué transmis hier à ‘’EnQuête’’. Dans le souci de ne pas en rajouter au contexte surchauffé du coronavirus et en vue de donner une chance au dialogue, l’Unsas rappelle qu’elle avait suspendu la conférence de presse initialement prévue le mardi 21 juillet.
‘’Grâce à la médiation du Haut conseil du dialogue social (HCDS), une rencontre entre la direction du Sytjust et le ministre de la Justice était convoquée, en présence du secrétaire général de l’Unsas, en vue de traiter les revendications posées. Une rencontre qui aboutit à une déception, le garde des Sceaux renvoyant les uns et les autres à un rendez-vous après la réunion du Conseil des ministres qui suivait. Depuis lors, les lignes n’ont pas bougé entre le Sytjust et les autorités gouvernementales’’, regrette les syndicalistes.
D’après ces derniers, le climat social ‘’se détériore de jour en jour’’ dans le secteur de la justice, le service public en pâtit, et au grand dam des justiciables. ‘’Le garde des Sceaux se fait menaçant par des velléités de sanction allant jusqu’à la radiation. Comme si la grève est un non-droit qui appelle systématiquement, en lieu et place du dialogue, l’indifférence et la répression aveugle. L’Unsas, s’appropriant la lutte du Sytjust, a donc décidé de mettre en œuvre un plan d’action autour duquel elle va mobiliser les travailleuses et travailleurs de tous les autres secteurs’’, annonce le document.
Pour cette centrale syndicale, les droits acquis et matérialisés par des décrets dûment signés par le président de la République, après de longues et sérieuses séances de négociation entre le gouvernement et le Sytjust, doivent ‘’être absolument préservés’’. Ainsi, elle indique qu’elle restera mobilisée aussi longtemps que l’Etat refuse de le faire. Car elle pense que ‘’rien ne peut justifier’’ le refus d’appliquer les décrets qui formalisent ces droits.
Cette centrale estime aussi que le gouvernement doit ‘’jouer franc jeu’’ avec le Sytjust. ‘’Le vaste chantier de la gouvernance, qui interpelle l’Etat au premier chef, constitue le socle sur lequel repose le dialogue social. En effet, en mettant l’accent sur les formes de coordination, de concertation, de participation, de négociation et de transparence, la gouvernance favorise le partenariat des acteurs et la convergence des intérêts’’, soutient l’Unsas. Sous cet angle, cette centrale syndicale estime que le respect des engagements souscrits participe ‘’très largement’’ à la consolidation du dialogue et, par conséquent, de la bonne gouvernance.
‘’Cependant, paradoxalement, le gouvernement du Sénégal, après avoir institutionnalisé le dialogue comme mode privilégié de pacification des relations professionnelles, s’emploie à une violation presque systématique des accords dûment signés et même matérialisés par des décrets présidentiels. C’est ce que l’on peut constater dans le secteur de la justice’’, renchérit-on dans le communiqué.
Ainsi, l’Unsas réaffirme son attachement au dialogue social. Par conséquent, elle souligne qu’elle ‘’ne peut accepter’’, surtout de la part de l’Etat, ‘’une violation expresse’’ des principes qui soutiennent le dialogue et la négociation. ‘’Le respect de la parole donnée relève de l’éthique et de la morale. Lorsque l’éthique et la morale désertent la conscience des acteurs du dialogue, la confiance s’effrite et les relations sociales se détériorent. C’est pourquoi l’Unsas interpelle le chef de l’Etat sur sa responsabilité de garantir le fonctionnement correct du dialogue social, de veiller au respect des engagements souscrits et surtout de pacifier le champ social’’, lit-on dans le document.