Les populations s’opposent à l’extraction du sable marin
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Situé à quelques encablures au sud de Mbour, sur la Petite Côte, le village de Pointe Sarène est porteur d’avenir pour le tourisme sénégalais, puisque c’est l’un des lieux choisis pour abriter la nouvelle station balnéaire du pays. Sa plage, avec son sable fin, y est pour beaucoup. Toutefois, depuis quelque temps, les populations, pour la plupart des pêcheurs, ont remarqué une opération d’extraction de ce sable pour refaire la plage de Saly touchée profondément par l’érosion côtière. Acte qu’ils dénoncent avec véhémence.
Les populations de Pointe Sarène, accompagnées par les acteurs de la pêche du département de Mbour, pensent que les autorités sénégalaises veulent déshabiller Jean pour habiller Paul.
En effet, pour lutter contre l’érosion côtière qui a mis presque à genoux le tourisme balnéaire à Saly Portudal, les autorités ont émis le projet de refaire la plage de cette station, pour sauver ce qui peut l’être. Elles n’ont rien trouvé de mieux que d’aller prendre le sable de la plage de Pointe Sarène au profit de celle de Saly Portudal.
Pour les acteurs de la pêche regroupés dans le Comité local de pêche artisanale (CLPA), cette extraction du sable de Pointe Sarène constitue un danger, non pas seulement pour la population, mais aussi pour l’économie du pays, puisque la pêche, dans cette zone, va être profondément touchée.
Selon Mbaye Sarr, Coordonnateur du CLPA Sindia Sud (qui regroupe 5 villages : Mbaling, Warang, Nianing, Pointe Sarène et Mbodiène), ‘’cela va toucher l'écosystème marin, parce que c'est un endroit qui a beaucoup de biodiversité et c'est également là où on met les pots à poulpes pour leur reproduction’’. Aussi, ajoute-t-il, ‘’il y a beaucoup d’activités qu'on y déroule. On y met des casiers, des filets dormants et même les espèces pélagiques sont là-bas. Donc, les conséquences sont un peu minimes sur l'effet du changement climatique, parce que là où nous sommes, on est devant le quai de pêche de Pointe Sarène, devant le site de transformation. Vous avez constaté que l'avancée de la mer y est un peu importante’’, soutient Mbaye Sarr.
Il affirme que ‘’les bancs de sable extraits ici atténuaient les courants marins. C'est pour cette raison qu’entre Pointe Sarène et Joal, quand il y a la houle, les vagues sont un peu faibles, car c'est ce qui freinait l'avancée de la mer’’, a-t-il précisé.
Dans cette même dynamique, le coordonnateur du CLPA ajoute : ‘’Vu le changement climatique et l'état de l'avancement de la mer, nous lançons un appel au président de la République, parce qu’il est prévu de faire de Pointe Sarène un site balnéaire, tout comme Saly d’ailleurs.’’ Pour lui, si en agissant ainsi, les autorités pensent refaire de Saly la cité qu’elle était, elles devraient comprendre qu’il y a le risque de faire disparaître Pointe Sarène, Joal-Fadiouth et même Djiffère seraient touchés, car le courant de mer va vers le Sud.
Le responsable des acteurs de la pêche, Mbaye Sarr, en veut pour preuve la brèche de Saint-Louis. Aussi, ajoute-t-il, ‘’il fut des temps où on avait ouvert des carrières au niveau du département de Mbour, comme celle qui était à Balène et nous avons vu les problèmes qu’elles nous ont posés. Depuis, nous ressentons les conséquences. Il en est de même pour celle qui était au Club Aldiana ainsi que celle entre Nianing et Mbaling qui a fait disparaitre le centre de rééducation de Nianing, et celle de Joal’’, argue-t-il.
Eu égard à cela, Mbaye Sarr interpelle directement le chef de l’Etat pour une prompte réaction face à ce phénomène qui fera de son projet de créer une nouvelle station balnéaire entre Pointe Sarène, Mbodiène et Joal-Fadiouth, un projet mort-né.
IDRISSA AMINATA NIANG