Publié le 1 Oct 2020 - 02:30
POUR UNE RELANCE ECONOMIQUE POST COVID

L’Etat doit concrétiser la territorialisation des politiques publiques

 

Pour un développement harmonieux du Sénégal, notamment après la pandémie de Covid-19, il urge d’avoir une politique de territorialisation concrète des politiques publiques. C’est ce qu’a soutenu l’économiste Mouhamed Diankha, spécialisé en question de développement, dans un entretien avec ‘’EnQuête’’.

 

La pandémie de Covid-19 a révélé des vulnérabilités potentielles qui exposeraient le Sénégal, selon le chef de l’Etat, à des ‘’pénuries’’ en cas de rupture de fret ou de rétention de certains produits par les pays exportateurs pour satisfaire leurs propres besoins.

Ainsi, pour parer de tels risques, Macky Sall a relevé, hier, à l’occasion du Conseil présidentiel, qu’à travers le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (PAP2), et sur la séquence 2019-2023, qu’il donne une ‘’sur-priorité’’ à la souveraineté alimentaire, pharmaceutique et sanitaire. Et booster en même temps l’industrialisation de l’économie, le numérique, le tourisme et le logement. Ceci en favorisant davantage l’équité territoriale et l’inclusion sociale.

Dans un entretien accordé à ‘’EnQuête’’, l’économiste Mouhamed Diankha, spécialisé en question de développement, souligne que le Sénégal est un pays où le niveau de richesse ‘’n’est pas assez important’’ et l’inégale répartition des richesses est ‘’énorme’’. ‘’Il faut qu’il y ait une politique de territorialisation concrète de nos politiques publiques. Dans l’esprit, l’Etat est dans cette logique. Mais, en réalité, il y a une disparité énorme dans la faisabilité. Ce qu’il faut, c’est sortir des grandes agglomérations, des grands pôles pour aller vers des pôles plus ou moins denses pour y investir de manière à maintenir les populations au niveau de leur territoire et également d’offrir les mêmes chances de réussite à tous les citoyens sénégalais, quel que soit leur lieu’’, dit-il. 

Notre interlocuteur soutient qu’il ‘’n’est pas trop compliqué’’ de développer le Sénégal. D’après lui, il suffit d’aller dans chaque région et essayer de voir ce qu’il y a comme opportunités, de faire des investissements importants. ‘’Si on prend l’exemple d’une région comme Kaolack, qui est en constante mutation économique et qui présente d’énormes potentialités, il serait pertinent de penser y implanter des usines de transformation de nos produits agricoles. Ce sont des milliers d’emplois qui vont être créés’’, poursuit M. Diankha.

Notre interlocuteur rappelle qu’il y a des dizaines d’années, il y avait des usines implantées dans le bassin arachidier qui avaient pour vocation de transformer les produits agricoles, à travailler dans le secteur agricole. Mais toutes ces usines ont fermé leurs portes, parce qu’il ‘’n’y a pas eu une politique concrète’’ de territorialisation des politiques publiques. ‘’La vision n’est pas poursuivie jusqu’à terme. Pour moi, c’est ce qu’il faut apporter comme solution, en ce moment. En amont, ce qu’il faut faire en matière de développement, c’est maitriser la situation de la zone, avoir une cartographie de la zone pour pouvoir faire des investissements qui peuvent être utiles. On n’a pas une vision prospective de notre politique de développement’’, regrette l’économiste.

Déconcentrer les départements ministériels dans les régions

Pour lui, aujourd’hui, même dans l’organisation de l’Administration, si l’Etat se permettait de déconcentrer un département ministériel dans une région, ce serait l’idéal. ‘’On sait que Matam est la zone où l’activité d’élevage est plus développée au Sénégal. Donc, ce serait pertinent de déplacer le département ministériel en charge de l’Elevage dans ce secteur. Parce que tous les grands projets et programmes qui interviennent dans le secteur de l’élevage, sont à Matam, Tamba et Kédougou. Il fera de même pour l’agriculture, en installant le département dans le Sine-Saloum. Mais tout est concentré à Dakar. Et vouloir créer le pôle urbain de Diamniadio pour déconcentrer Dakar, c’est manquer d’ambition. Parce que Diamniadio et Dakar, c’est la même chose. Il fallait aller à des centaines de kilomètres de Dakar, pour créer une ville futuriste, urbaine’’, poursuit-il.

Il convient de noter que le chef de l’Etat a relevé hier, dans son allocution, que les projets stratégiques des infrastructures et de l’énergie seront poursuivis.

Et par rapport aux infrastructures, Mouhamed Diankha pense que le président Macky Sall a ‘’réussi’’ durant son premier quinquennat. ‘’Les défis qu’il fallait relever pour son second mandat concernent la résolution de la demande sociale, résorber le chômage des jeunes, appuyer le tissu économique et industriel du pays. Car, par rapport aux infrastructures, beaucoup de choses ont déjà été faites. Donc, le challenge est de tout de faire pour renforcer l’économie nationale.

Dans le contexte de la pandémie, aujourd’hui, on a plus besoin d’aider nos entreprises à se relever, appuyer celles qui sont dans l’agroalimentaire’’, suggère le spécialiste en économie du développement.

Cette pandémie n’a pas aussi épargné l’école qui a dû fermer ses portes pour laisser libre-cour au virus. A ce propos, M. Diankha a notifié qu’il était ‘’très important’’ de miser sur la formation non-présentielle, en utilisant les technologies de la communication pour les apprentissages. ‘’Durant ces trois à quatre où toutes les écoles ont été fermées et les cours suspendus parce qu’on n’a investi que sur la formation en présentiel. Pour la formation à distance, rien n’a été fait. A part l’UVS, d’autres universités ont essayé de se rattraper, mais ce n’était pas possible, car aucune des universités publiques n’était pas préparée à ça. Donc, il urge que l’Etat voit comment investir dans ce domaine pour assurer une bonne formation en ligne de qualité’’, préconise-t-il.

Concernant l’accès à Internet, l’économiste signale qu’il existe ‘’une disparité énorme’’ entre les villes et les campagnes. ‘’Les étudiants qui vivent dans les zones rurales n’ont pas tous accès à un réseau internet stable. Ils ne disposaient pas tous d’outils qui leur permettaient de se connecter, que ce soit un smartphone, un ordinateur ou une tablette. L’Etat doit investir dans ce secteur pour concilier le déséquilibre qui existe dans ce pays’’, conclut-il.

MARIAMA DIEME

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