L’OMS alerte sur la propagation du variant plus contagieux
Officiellement, trois pays, dans trois sous-régions différentes du continent, ont annoncé avoir relevé des cas du variant de la Covid-19. Et selon les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il pourrait s’agir de beaucoup plus.
L’Afrique n’est pas en reste. A l’image de ce qui se passe dans la planète, la deuxième vague de contamination au coronavirus y bat son plein. Si le continent reste loin derrière, en termes de cas répertoriés, l’arrivée de la variante de la Covid-19 inquiète tout de même les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Celle-ci a été repérée dans trois régions : en Gambie (Afrique de l’Ouest), en Zambie (Afrique de l’Est) et au Botswana (Afrique australe). Cette confirmation faite hier par le Dr Matshidiso Moeti, lors de la première conférence de presse virtuelle pour l’Afrique de la nouvelle année, a été l’occasion d’avertir les pays du continent sur une deuxième vague potentiellement plus contagieuse.
Selon la directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, ‘’plus le virus se propage, plus la probabilité de récidive est élevée. Cependant, certains de ces changements sont préoccupants. L'analyse préliminaire révèle que les nouvelles variantes circulant en Afrique du Sud sont plus transmissibles. Et cela semble être à l'origine de la flambée de nouvelles infections dans le pays et dans le génome de la sous-région’’.
La situation est d’autant plus préoccupante que, d’après les experts de l’OMS, le séquençage a trouvé une nouvelle variante très inquiétante dans les trois pays. ‘’Et franchement, nous pensons qu'il pourrait être présent dans plusieurs autres pays et que des enquêtes plus approfondies sont en cours pour comprendre pleinement les implications épidémiologiques. Mais, pour le moment, rien n'indique que la nouvelle variante augmente la gravité de la maladie’’, retient le Dr Matshidiso Moeti.
Le nouveau variant du Covid-19 détecté en décembre en Angleterre s'est répandu, depuis, dans plusieurs pays. Sa dangerosité réside principalement dans le fait qu'il est 50 à 70 % plus contagieux que les autres souches, une circulation plus forte que les scientifiques tentent actuellement d'expliquer.
Toutefois, il fait craindre une nouvelle année rythmée par une épidémie difficilement contrôlable, alors que l'arrivée des vaccins avait fait naître l'espoir de la fin de la crise sanitaire liée au Covid-19. Même si le laboratoire Pfizer a assuré dans un communiqué vendredi que ‘’les anticorps de personnes qui ont reçu le vaccin Pfizer-BioNTech Covid-19 neutralisent efficacement le SARS-CoV-2 avec une mutation’’.
Une nouvelle rassurante pour les mois à venir, dans l'attente des résultats d'autres laboratoires à l'origine de vaccins.
‘’Rien n'indique que la nouvelle variante augmente la gravité de la maladie’’
D’après les chiffres annoncés par l’organisation de préservation de la santé à travers le monde, le nombre moyen de nouveaux cas quotidiens en Afrique est de plus de 25 000, ces 40 derniers jours. Des chiffres qui devraient probablement augmenter à mesure que l'impact de la période des fêtes et des rencontres se fait ressentir. Le continent noir a noté plus de 3 millions de cas. Plus de 22 000 décès ont été enregistrés. Pour le directrice régionale de l’OMS, ‘’cela est un rappel brutal que le virus est implacable, mais qu'il présente toujours une menace manifeste. Et c'est loin d'être terminé’’.
Cette tendance se vérifie avec l’évolution de la courbe de contamination au Sénégal, depuis un peu plus d’un mois. Malgré l’instauration d’un couvre-feu partiel sur Dakar et Thiès - les régions les plus touchées par la pandémie - la journée d’hier a enregistré une contamination record de 295 cas. Cependant, la présence de la nouvelle variante n’a pas été établie dans le pays.
Dans les zones touchées actuellement au Royaume-Uni, la forte propagation due au variant entraine une surcharge dans les hôpitaux. Or, depuis un an, c'est la peur de voir les services hospitaliers débordés qui dirige, en grande partie, les politiques gouvernementales, car cela oblige le personnel soignant non seulement à déprogrammer des opérations chirurgicales, mais aussi à faire un tri parmi ceux ou celles qui seront traités pour Covid-19.
‘’Il est important que les pays améliorent le séquençage de routine du coronavirus’’
Consciente que les hôpitaux et les agents de santé, dans de nombreux pays africains, sont déjà surchargés de travail, le Dr Matshidiso Moeti invite les autorités étatiques à anticiper la propagation ultérieure de la nouvelle variance de la Covid-19, à travers les pays. ‘’Il est important que les pays améliorent le séquençage de routine du coronavirus sur le continent africain, afin de mieux surveiller l'émergence de la variance’’, conseille la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Car, ‘’lorsque nous saurons comment le virus a changé et que nous comprendrons pleinement la signification épidémiologique et pathologique de ce changement, nous pourrons ajuster notre réponse en conséquence qui, avec nos collègues du CDC Afrique, ont aidé les pays à intensifier le séquençage du génome grâce à un réseau de laboratoires spécialisés’’, ajoute-t-elle.
L’OMS travaille avec un groupe de scientifiques internationaux pour coordonner les efforts de recherche. Elle aide également à expédier des échantillons, en fournissant des fournitures de laboratoire ainsi que techniques, l’orientation et la mobilisation de fonds.
En attendant, une méthode a jusqu’ici fait ses preuves dans la prévention de la pandémie : les mesures barrières qui ont contribué à ralentir la propagation du virus. Ce qui a motivé le Dr Moeti à soutenir : ‘’Nous savons comment arrêter ces nouvelles et anciennes variantes du virus.’’
Ce nouveau variant pourrait accélérer la mise en place de nouvelles mesures dans les relations internationales. En effet, lors de la 6e Réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (RSI) sur la Covid-19, le directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a demandé aux participants ‘’d'accorder une attention particulière à deux questions urgentes pour lesquelles nous sollicitons vos conseils aujourd’hui : la première concerne l’émergence récente de nouvelles souches variantes du SARS-CoV‑2 ; et la deuxième a trait à l’utilisation potentielle de certificats de vaccination et de dépistage pour les voyages internationaux’’. Une piste vers l’obligation de se faire vacciner à l’avenir.
Lamine Diouf