Kolda pleure une icône de la musique pulaar
Abdou Diop est un artiste musicien koldois, décédé le dimanche 4 avril, à l’âge de 57 ans, des suites de complications cardiaques. Il repose désormais au cimetière de Sikilo, dans la commune de Kolda. L’annonce de son décès a suscité une grande émotion chez ses aficionados. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui lui ont rendu un vibrant hommage. Abdou Diop a laissé une trace indélébile dans la culture koldoise. ‘’EnQuête’’ retrace une partie de la vie et l’œuvre de cette icône de la musique pulaar.
L’annonce de sa mort a suscité une grande émotion. Abdou Diop, chanteur musicien, a marqué d’une pierre blanche le monde de la culture en général et la musique pulaar en particulier. Fondateur du groupe Aynoobé, il était un talentueux artiste. Il a su faire une symbiose originale et admirable de la musique traditionnelle et de la musique moderne, en hissant les instruments de la musique pulaar dans le répertoire de la World Music. Il a eu un succès que peu de ses pairs habitant dans cette région Sud ont pu avoir.
Mais au-delà de son immense talent, Abdou Diop était un vrai Koldois, fier de ses origines et de sa culture, et surtout un humaniste et un patriote. Il a ainsi contribué à faire aimer Kolda et son pays le Sénégal. Âgé de 57 ans, il est décédé ce 4 avril à Saré Bidji, à 21 h, dans son domicile, des suites de complications cardiaques.
Poèmes, photos et vidéos d’Abdou Diop circule en ces moments difficiles. Chacun se remémore des moments passés avec cet artiste connu et aimé dans le Sud. Personnage incontournable du milieu musical koldois, Abdou Diop est un artiste engagé qui aura marqué son passage sur terre.
Vie et œuvre de l’artiste
Né en 1964 à Kolda, Abdou Diop est un artiste connu sur le plan national et international. En 1974, il est inscrit à l’école en cours d’initiation. Il obtient son BFEM en 1985. Ce qui lui a permis de faire la classe de seconde. Mais, en pleine année scolaire, il abandonne les études au profit de la musique. ‘’J’avais des ambitions de désenclaver la région de Kolda à travers la musique. Parce que d’aucuns pensaient que la langue pulaar ne pouvait pas être chantée. C’est ce qui m’a poussé à abandonner mes études. Je suis allé à l’armée et j’étais membre de la Musique principale des forces armées. C’est là que j’ai appris les rudiments de la musique, avant d’embrasser une carrière. C’était en 1991. J’ai passé deux ans et 18 mois dans l’armée sénégalaise’’, expliquait Abdou Diop.
En 1993, il inscrit ses premières lettres indélébiles dans la musique. Il a sorti deux albums et un single. Le premier s’intitule ‘’Madié Kawry’’ ; le second ‘’Noté’’. Il a également un single baptisé ‘’Batouba’’. Avec ses albums, Abdou Diop parvient à effectuer des tournées au Sénégal, en Belgique, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Angleterre et en Suède.
Après des concerts couronnés de succès, Abdou Diop avait décidé de revenir au bercail. ‘’Je n’ai pas envie de vivre en Europe, ni à Dakar, encore moins à Kolda-commune. Je préfère vivre au village. Je vis entre Saré Bidji et Saré Guéladio où se trouve ma deuxième femme. Concrètement, j’ai décidé de vivre dans ces localités pour pouvoir me ressourcer aux puits intarissables des ancêtres’’, disait le fondateur du groupe Aynoobé.
L’icône de la musique pulaar préparait la sortie de son troisième album. Mais le destin en a décidé autrement. Abdou Diop est inhumé ce lundi 5 avril au cimetière de Sikilo de la commune de Kolda, où il repose désormais.
NFALY MANSALY