Publié le 4 Aug 2021 - 19:37
AFFAIRE LOCAFRIQUE- AMADOU BA ENTENDU A LA SECTION DE RECHERCHES

Un feuilleton judiciaire sans fin

 

Dans l’affaire Locafrique, on va de procédure en procédure. Amadou Ba a été entendu, hier, par la Section de recherches de la gendarmerie. Il a été auditionné en même temps que Me Amadou Diagne, greffier, et Imencio Moremo, à la suite d’une plainte de Locafrique.

 

Le milliardaire Amadou Ba, fondateur de Carrefour automobile se retrouve dans le collimateur de la justice. Il a été auditionné, hier, par la section de recherches de la gendarmerie, suite à une plainte déposée par Locafrique. Il a été entendu en même temps que Me Amadou Diagne, greffier, et Imencio Moremo. On les accuse d’avoir été de connivence pour produire de faux documents, afin de faire condamner Khadim Ba et s’accaparer d’une partie des biens de l’entreprise.

Selon nos informations, ils ont été entendus, hier, jusqu’à 21 h. Le trio est attendu, aujourd’hui encore, devant les enquêteurs.

Cette procédure intervient en réponse à une autre procédure qui a valu, le 8 juillet dernier, à Khadim Ba d’être jugé devant la Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar, pour association de malfaiteurs et d’escroquerie au jugement. Amadou Ba réclamait à son fils aîné Khadim Ba et à ses coprévenus Ramin Sedeghi et Momath Sarr le montant de 100 milliards F CFA. A l’occasion, le père avait vilipendé le fils absent.

A l’origine de ce problème familial, il y a eu le mariage d’Amadou Ba qui, après avoir épousé une seconde femme, s’était rendu en France. Au lendemain de son retour, il avait été interpellé par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic). A la police, les enquêteurs lui avaient fait savoir qu’il faisait l’objet d’une plainte de la part de son fils Khadim Ba, pour détournement portant sur 28 milliards de francs CFA, au préjudice de Carrefour Automobile.

En effet, il ressort de la procédure qu’Amadou Ba, qui présidait le Conseil d’administration de la société Locafrique SA, a nommé son fils Khadim Ba au poste de directeur général de ladite société. Celui-ci venait fraîchement de terminer ses études à Montréal.

Selon Amadou Ba, suite à son second mariage, son fils s’est prévalu d’un faux, sous la forme d’un protocole de cession d’actions du 24 novembre 2016, pour prétendre qu’il est devenu minoritaire dans le capital de Carrefour Automobile SA. L’accusation renseignait que son fils a fait croire qu’il a cédé ses actions aux membres de sa famille.

L’homme, qui est entré dans le monde des affaires en vendant des pièces détachées au Crédit foncier, dans les années 80, disait avoir découvert que l'entreprise Casone Finance, une société de droit anglais, réclame à Carrefour Automobile une créance de 12 milliards de F CFA. Ce qui est faux, déclarait la partie civile qui soutient que Casone Finance n'a jamais eu de relation avec Carrefour Automobile, ni avec Locafrique. ‘’Carrefour ne doit rien à Locafrique. Les problèmes ont commencé lorsque j'ai pris une seconde épouse. Khadim Bâ est venu me dire : ‘Puisque les données ont changé, garde Carrefour, nous prenons Locafrique.’ Je lui ai dit qu’il n’en est pas question. Je ne suis pas encore mort pour qu'on pense à mon héritage’’, avait-il déclaré au prétoire, en l’absence aussi bien de son fils que de ses coprévenus.

Ainsi, les avocats de la partie civile avaient réclamé la somme de 100 milliards de francs CFA pour le dédommager. ‘’Il a eu le malheur d’épouser une seconde épouse. Ça fait cinq ans qu’il n’ose pas mettre les pieds chez lui où vit sa première femme. Khadim Ba a porté le combat de sa mère. Pour écarter le père, c’est Khadim qui a élaboré toute la manœuvre. Il a mis en œuvre son imagination pour dépouiller son père’’, avait martelé Me Baboucar Cissé.

Avec cette nouvelle procédure, tout porte à croire que le fils Khadim Ba apporte une riposte cinglante. Alors que son père l’accuse d’avoir usé de faux pour organiser un putsch de la société Locafrique SA, Khadim estime que c’est leur père lui-même qui leur avait cédé ses parts, depuis décembre 2016, au cours d’une réunion tenue à la maison familiale, aux Almadies. ‘’C’est lors d’une réunion tenue à leur domicile aux Almadies qu’il (le père) avait finalement décidé de concrétiser son désir de se retirer devant tous les membres de la famille, à l’exception de Fatou Kiné Ba qui était en France’’, écrivait le journal ‘’Libération’’, lors de l’audition des parties à la Division des investigations criminelles (Dic).

A chaque partie son juge

Dans cette affaire qui a fini de désarçonner plus d’un dans les tribunaux et chez les spécialistes du droit des affaires, on a eu l’impression, par moments, que chaque partie avait son juge. Dans le volet commercial de cette affaire, les décisions se sont suivies, mais se sont rarement rassemblées. Alors que les ordonnances rendues par le tribunal de commerce hors classe de Dakar, sous l’égide du président Alioune Ndiaye, étaient plutôt favorables à Ba père, celles rendues par le premier président de la Cour d’appel, sous Demba Kandji, tranchaient, la plupart, en faveur de Ba fils. Ce qui avait finalement pris les airs d’une guerre des milliardaires par juridiction interposée.

Ainsi, à deux reprises au moins, le tribunal de commerce, qui est une juridiction spécialisée, a pris des décisions remises en cause par le président Kandji.

Ce dernier n’a, en effet, jamais digéré que ses décisions soient remises en cause par un juge de degré inférieur ; quitte à se prononcer parfois par voie de rétractation contre les ordonnances du président du tribunal de commerce.

Dans son ordonnance rendue le 29 avril 2020, le premier président de la Cour d’appel disait : ‘’Recevons l’appel formé par Khadim Ba ; infirmons l’ordonnance sans numéro rendue le 24 avril par le président du tribunal de commerce ; infirmons l’ordonnance n°458 du 17 avril rendue par le tribunal de commerce ; réitérons notre ordonnance en date du 1er avril qui garde son plein et entier effet ; ordonnons à M. l’Administrateur du greffe de rétablir les noms de Khadim Ba…’’

Demba Kandji se prononçait ainsi, suite à une requête des conseils de Khadim Ba, aux fins de rétraction de l’ordonnance n°458 rendue par son homologue Alioune Ndiaye. Dans cette décision, le président du tribunal de commerce donnait injonction à l’administrateur du greffe chargé du RCCM, de rétablir à son registre les noms et qualités d’Amadou Ba et Cie. Cela faisait suite à l’ordonnance n°191 rendue par Demba Kandji le 1er avril 2020. Laquelle rétractait une autre décision du tribunal de commerce rendue le 10 mars 2020.

Un jeu de ping-pong parti pour durer.

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