La psychose des inondations perturbe la quiétude des populations

Les dernières fortes pluies ont occasionné de nombreux désagréments aux Saint-Louisiens. La psychose des inondations hante le sommeil des populations des zones inondables de Ndar, surtout avec les dernières prévisions de la météo annonçant des pluies et des orages pour les prochaines heures à Saint-Louis. Les habitants de la vieille cité invitent les autorités nationales et locales à prédisposer du matériel de pompage pour les soulager, en cas de catastrophe.
Depuis quelques jours, Saint-Louis est arrosé par de fortes pluies. Elles ont causé de nombreux dégâts, surtout dans les quartiers inondables du faubourg de Sor. De Pikine Tableau Walo, Guinaw-Rails, Diaminar en passant par Darou, Cité-Niakh et Khor, les conditions de vie des populations se sont fortement dégradées. Les routes sont quasi impraticables et la plupart des demeures envahies par les eaux pluviales.
‘’Depuis la première pluie, nous vivons le calvaire à Pikine. Nos maisons sont remplies d’eau et les rues et ruelles environnantes sont impraticables. Les déplacements sont devenus de véritables parcours du combattant. Les chauffeurs de transport en commun ne s’aventurent plus dans certains quartiers de la ville à cause des eaux pluviales. Tous nos meubles sont trempés. Nous vivons présentement de grosses difficultés avec nos familles et cette terrible situation est similaire à celle que vivent toutes les populations des zones inondables de Saint-Louis’’, râle le vieux Abdou Seck.
Malgré tous les désagréments déjà enregistrés, les populations des quartiers périphériques redoutent le pire dans les prochains jours voire prochaines heures. Puisque le bulletin météo annonce de fortes pluies et orages jusqu’au 22 août prochain sur la Grande Côte, dont Saint-Louis.
Les eaux pluviales, une menace pour la santé publique
Une psychose d’inondations qui hante le sommeil des populations déjà grandement impactées par les premières pluies. ‘’C'est la hantise des inondations qui s’empare de la tête des populations. Déjà, nous vivons des conditions très difficiles avec la première pluie. Pour vaquer à nos occupations, il faut faire de grands détours pour passer. Donc si on nous annonce que de fortes pluies sont attendues, vraiment les gens ne peuvent plus dormir tranquillement, surtout dans le quartier de Pikine et environs’’, signale Malick Sangué, habitant Pikine Diokoul.
Autre quartier du faubourg de Sor, même calvaire. À Darou Marmiyal, les populations sont confrontées aux nombreux désagréments de la saison des pluies. ‘’Les rues, les ruelles, les grandes artères et même les maisons du quartier sont submergées d'eau. Heureusement, il y a une forte mobilisation et une grande solidarité des populations de la localité. D’ailleurs, les jeunes du quartier se sont procuré une motopompe et les chefs de famille se sont cotisés pour l’achat du carburant. Malgré tout, nous pataugeons toujours dans des eaux très sales’’, déclare l’imam de la mosquée.
Pourtant, la cohabitation entre les eaux stagnantes de la pluie, les eaux usées et les populations ne fait pas bon ménage. Car elle constitue une véritable menace pour la santé publique. ‘’La nappe phréatique de Saint-Louis affleure. Ce qui augmente les risques d’inondations dans certains quartiers comme le nôtre. Il suffit qu’il pleuve une petite quantité de pluie pour que l’eau soit partout. Une situation qui facilite la montée des fosses septiques et favorise la cohabitation avec les eaux usées et celles des fosses. Ainsi les populations sont exposées à certaines maladies cutanées, diarrhéiques et au paludisme’’, déplore la dame Fatou Kane.
L’audit de la gestion du programme d’assainissement réclamé
Face à cette situation, les autorités locales et étatiques sont ainsi interpellées. Les populations les appellent à intervenir rapidement pour les soulager. ‘’Il faut qu’elles anticipent et mettent à la disposition des populations des motopompes, des tuyaux et du carburant. Il ne sert à rien d’attendre que la catastrophe se produise pour nous secourir. Nous réclamons la restructuration de nos quartiers et de leur assainissement. D’ailleurs, nous exigeons l’audit des milliards de francs CFA du programme d’assainissement des six villes dont Saint-Louis fait partie. Puisque seules quelques rues des quartiers de Ndiolofène et de Balacoss en ont bénéficié. Nous sommes fatigués en tant que pères de famille. Nous demandons au président de la République et à son Premier ministre de nous aider’’, soutient M. Touré, enseignant à la retraite.
Pour le président de l’ASC Espoirs de Pikine, club de navetanes, la gestion des inondations doit être l’affaire de tous, et non seulement des services techniques. C’est pourquoi Idrissa Diagne invite la jeunesse à une citoyenneté active et transformative. ‘’Comme cette année, nous n’organisons pas de compétitions de navetanes. Il faut mobiliser toutes les ASC et organisations de jeunesse de la ville pour des actions concrètes dans les quartiers en mettant en place des cellules d’appui et d’alerte communautaires, en synergie avec les services compétents’’, renseigne-t-il.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS