Ses victimes disent niet
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L’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH) s’oppose toujours à la sortie de prison de l’ancien président tchadien. ‘’Oui à la vaccination, non à la sortie de prison de Hissène Habré, condamné pour crimes contre l’humanité’’, tempête-elle, répondant ainsi aux organisations de défense des droits humains (Raddho, Forum du justiciable et Afrikajom Center) qui sont convaincues de la nécessité de revoir la situation de M. Habré, dans ce contexte de pandémie qui menace particulièrement les personnes âgées.
En effet, depuis la condamnation de ce dernier, en 2016, par les Chambres africaines extraordinaires pour ‘’crimes contre l’humanité, incluant la torture et l'esclavage sexuel’’, ses soutiens n’ont eu de cesse de tenter de faire libérer l’ancien dictateur ‘’pour des motifs fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie’’, selon l’AVCRHH.
Dans une notre transmise à ‘’EnQuête’’, elle dénonce des manœuvres de l’ex-première dame pour faire sortir son époux de prison. ‘’Une fois encore, Mme Habré cherche à mobiliser l’opinion publique pour demander sa sortie de prison. Notre association, qui représente des milliers de ses victimes – des veuves, des orphelins, des survivants de torture qui en portent encore les stigmates – rejette cette demande et exige que M. Habré purge la peine de réclusion à vie à laquelle il a été condamné’’, a-t-elle sommé. Elle précise qu’’’il n’a jamais été apporté la preuve que Hissène Habré est malade ou qu’il manquait des soins’’.
Au contraire, la justice sénégalaise a rejeté ces prétentions à deux reprises. Pour elle, ce qu’il faut, c’est de protéger Hissène Habré contre la Covid-19 et qu’il soit vacciné, s’il ne l’est pas encore. L’AVCRHH souligne que le Comité contre la torture des Nations Unies a déjà écrit au Sénégal pour réaffirmer que ‘’la libération prématurée des auteurs des crimes internationaux les plus graves n'est pas conforme aux obligations’’ de la Convention de l’ONU contre la torture. De plus, quatre rapporteurs de l’ONU ont souligné qu’il était ‘’essentiel’’ que Habré soit maintenu en détention, étant donné la gravité des crimes pour lesquels il a été condamné.