Publié le 13 Aug 2021 - 22:26
ESCROQUERIE PORTANT SUR PLUS DE 570 MILLIONS DE FRANCS CFA

La famille de feu Serigne Moustapha Djamil Sy au tribunal

 

 
Seydou Nourou Mbengue a été jugé, hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Il est traduit en justice par la veuve et les orphelins de feu Serigne Moustapha Djamil Sy. Le montant du préjudice s’élève à plus de 570 millions de francs CFA. Le prévenu est un ex-employé du défunt marabout. 
 
 
Selon l’économie des faits, telle que relatée par les plaignants, Seydou Nourou Mbengue était le directeur de la société de transport Sogetrans, qui appartenait à Serigne Moustapha Djamil Sy, de 2012 à 2018. Mais la famille du défunt marabout l’accuse de s’être enrichi sur le dos de celui-ci. Pis, elle soutient que le prévenu a dilapidé les biens du marabout. Durant la période où il dirigeait la société, il aurait reçu 30 camions. Dans un contrat qu'il a lui-même paraphé, il était stipulé qu’il devait reverser à Sogetrans la somme d'un million 500 mille pour chaque camion. Dans le contrat, il était également mentionné que Seydou Nourou Mbengue s’engage à payer les créanciers de la société du disparu.
 
A en croire les plaignants, rien de tout cela n’a été respecté. Quand le marabout est décédé, grande fut la surprise de sa veuve et de ses enfants, quand ils ont été assaillis par les créanciers qui réclamaient leur argent. Parmi eux, Sahel Gaz, Iveco, etc. D’après les requérants, le comparant n'a payé que quatre créanciers. A Carrefour Automobile, il n’a remis que 7 millions, sur 14 mois, au moment de sa gestion.
 
En sus de ces manquements, Seydou Nourou Mbengue, qui a créé une autre société, alors que celle qu’il dirigeait traversait des difficultés, a refusé de restituer à la famille Sy les véhicules de l'entreprise dont il disposait. Alors que ces camions lui ont été remis à charge pour lui de les exploiter et de payer aux créanciers chaque mois au minimum le montant de 20 millions F CFA. 
 
Sur les 120 millions de créances, il n’a reversé que 50 millions. Toujours en égrenant les malversations faites par Seydou Nourou Mbengue, les plaignants soutiennent que celui-ci a pris deux véhicules de Sogetrans qu'il a immatriculés à sa guise et donnés en location. Ceci, sans oublier le logo de sa société qu'il avait estampillé dessus.
 
Mais, après de vaines tentatives de résolution de cette affaire, Seydou Nourou Mbengue a refusé de rendre les camions. C’est ainsi qu’une plainte a été déposée contre lui.
 
Le prévenu vante ses mérites
 
Face au juge hier, il a contesté les faits qui lui sont reprochés. Pour sa défense, il renseigne que le marabout a fait recours à ses services, car la société était en faillite. S’érigeant en sauveur, il raconte : ‘’J'ai quitté son entreprise en 2018, avant de créer ma propre société. C'est Serigne Moustapha Djamil Sy qui m'a supplié et sollicité, parce qu'il avait des difficultés pour la gestion de ses affaires. Sa société avait touché le fond et Serigne Moustapha Sy était resté chez lui et il ne sortait plus. Il y avait des foyers de tension et il m'a demandé de lui permettre, avec ma société, d'apaiser sa boîte, ses fournisseurs.’’
 
Vantant ses mérites, il souligne : ‘’Je suis passé de 10 à 30 camions dans la société, durant quatre mois.’’ ‘’En 2020, quand je suis revenu, il y avait 10 camions dans sa société. J'ai démarré en juin jusqu'en février et je lui remettais mensuellement 12 millions, alors que j'ai dépensé plus de 200 millions pour réparer les 10 camions que j'avais trouvés sur place pour les mettre en marche’’, dit-il. 
 
Mais selon le témoin Mamadou Samb, la gestion du prévenu a été une catastrophe. ‘’Mbengue n'avait pas des engagements vis-à-vis du marabout ; il s'agissait de prévisions. Comme Sogetrans avait beaucoup de camions à l'arrêt, Mbengue les a démarrés. Comme il y avait des foyers de tension, Serigne Moustapha Sy et moi avions ciblé les foyers de tension. Sogetrans avait des difficultés, les comptes bancaires étaient bloqués, etc. Et il fallait calmer les endettements, etc., en trouvant un partenariat. Et ce sont des engagements que Mbengue devaient calmer, lorsqu'il est venu. Si je dis engagement, ça n'a rien à voir avec solder la créance que la société avait’’, a relaté le témoin. 
 
Me Basse : ‘’On devrait avoir la décence de ne pas dire certaines choses’’
 
Outré par l’attitude du prévenu, Me El Hadj Malick Basse, avocat des parties civiles, lui a fait prendre pour son grade. ‘’Pour la mémoire du défunt, on devrait avoir la décence de ne pas dire certaines choses’’. Déterminé à apporter la lumière sur cette affaire, Me Basse poursuit, en précisant : ‘’On vient à la barre pour dire que la société était à terre et que Sy ne sortait plus de sa maison. Et qu'il sait que ce n'est pas vrai. Il ne faut pas raconter des contrevérités. Il y a une veuve et des orphelins qui réclament leurs biens. On ne vous dit pas la vérité, si on dit que Moustapha Diamil Sy était à terre. De 2012 à 2018, il était le patron de la société. C'est en 2018, lorsque la société a eu des problèmes, qu'il est parti pour aller créer sa propre société de concurrence. Il a abandonné le navire et c'est lâche’’.
 
‘’Il cause la faillite de la société et vient comme le messie devant la barre. Sogetrans avait des marchés. On a perdu 16 milliards de Sococim qui a résilié le contrat qu'il avait avec Sogetrans’’, a plaidé Me Basse qui estime que le défunt ne mérite pas ce qui lui arrive, car il a toujours travaillé avec acharnement. A l’instar de Me Basse, Me Borso Pouye a fustigé l’attitude du prévenu. Les parties civiles réclament la restitution de leurs biens. 
 
A la suite du parquet qui a requis l’application de la loi, Mes Soumaré et Mbengue de la défense ont sollicité le renvoi du prévenu des fins de la poursuite. ‘’Leur partenariat a duré une année et depuis que mon client a pris les rênes de la société, Sogetrans n'a mis aucun sou’’, a indiqué Me Soumaré. ‘’Si la victime n'était pas dans des difficultés, je suis sûr qu'on n’allait pas en venir là. Elle avait connu des difficultés et avait des problèmes pour fonctionner. C'est mon client qui l'a relevée. Ce sont les véhicules qu'il doit restituer et non de l'argent à propos de l'abus de confiance. À cela, il s'y ajoute que les véhicules ont été retournés’’, a tonné Me Mbengue. 
 
L’affaire mise en délibéré, le tribunal rendra sa décision le 20 août prochain. 
 
MAGUETTE NDAO

 

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