Publié le 22 Aug 2021 - 00:37
CONDITIONS DE TRAVAIL INSUPPORTABLES, VETUSTE INFRASTRUCTURE…

L’hôpital Aristide Le Dantec en situation de mort clinique

 

L’ensemble des services de l’hôpital Aristide Le Dantec est dans un tel état, que l’administration de soins de qualité aux patients y est quasiment ‘’impossible’’. C’est ce qu’a révélé la Commission médicale d’établissement (CME) de cette structure sanitaire, dans une déclaration transmise, hier, à ‘’EnQuête’’.

 

La Commission médicale d’établissement (CME) de l’hôpital Aristide Le Dantec sort de son silence pour dénoncer la situation qui prévaut au sein de cette structure hospitalière. Dans une déclaration reçue hier, à ‘’EnQuête’’, celle-ci relève qu’il y a un an, devant la ‘’situation difficile’’ que traversait l’hôpital Aristide Le Dantec (surendettement, baisse des recettes, ruptures de réactifs et de médicaments, pannes en série et défaillances graves de l’infrastructure), l’ensemble des praticiens de l’hôpital s’était investi dans l’inventaire des problèmes. Ainsi, elle a proposé des solutions à travers un mémorandum selon cinq axes. Il s’agit de l’infrastructure, du projet d’établissement, du fonctionnement de l’établissement, des urgences et de l’équipement.

 ‘’Devant la vétusté de l’infrastructure, il avait été proposé de mettre l’accent sur le projet d’établissement. La réfection de plusieurs services et des blocs opératoires entamée depuis plus de deux ans n’est toujours pas finalisée (le bureau d’accueil des patients, la salle commune de prélèvements, le bloc de l’urologie…), tandis que d’autres n’ont jamais démarré, notamment pour le service de chirurgie plastique, de stomatologie, d’ophtalmologie, de chirurgie dentaire et de kinésithérapie, ainsi que les locaux de la consultation externe’’, renseigne le texte.

En réalité, la CME informe que l’ensemble des services de l’hôpital est dans un tel état, que l’administration de soins de qualité aux patients y est ‘’quasiment impossible’’. ‘’De plus, sont apparues des dégradations, pour la plupart liées au non-entretien d’un bâtiment ancien, mais aussi à la mauvaise qualité des travaux de réfection qui y sont effectués. Le projet de reconstruction, qui est la seule véritable solution devant cet état de fait, tarde à voir un début de réalisation, ceci malgré la finalisation de la rédaction et de la révision du projet d’établissement de l’hôpital selon les recommandations du ministère de la Santé et de la Banque mondiale’’, souligne le document.

Concernant le fonctionnement de l’établissement, il est indiqué, dans la déclaration, que l’audit de la masse salariale inscrit dans le mémorandum ‘’ne parait pas être une urgence’’ pour l’administration de l’hôpital, alors que le déficit en personnel qualifié est ‘’évident’’. ‘’L’informatisation des services avance, mais risque de s’arrêter, faute de budget. Le conseil d’administration ne joue toujours pas son rôle de contrôle des finances et des investissements et, à ce jour, les ruptures répétées et durables de médicaments et de réactifs persistent et les renouvellements de matériel (instruments de bloc opératoire, tables d’opérations, matériaux de laboratoires) ne sont toujours pas assurés’’, poursuit la CME.

Le soutien du ministère de la Santé jugé ‘’insuffisant’’

Au niveau du service des urgences, qui est la vitrine de l’hôpital, la même source relève que la prise en charge des patients continue de poser problème. ‘’La mise à disposition d’analyses, d’examens d’imagerie et de traitements urgents sans attendre le règlement des patients, n’est pas effective. Tous ces manquements rendent à suffisance compte de graves soucis de gouvernance (financière et organisationnelle) de l’hôpital. Le soutien apporté par le ministère de la Santé est insuffisant pour régler les problèmes auxquels l’hôpital est confronté et l’impact attendu du travail réalisé depuis un an est largement en deçà de nos espérances, avec comme principales raisons : l’insuffisance de la subvention ministérielle et le non-respect, voire l’absence de procédures transparentes de gestion’’, rapporte le communiqué.

Néanmoins, la Commission médicale d’établissement informe que l’hôpital Aristide Le Dantec, malgré toutes ses difficultés, ‘’continue encore de participer de façon importante’’ à la prise en charge des patients Covid depuis le début de la pandémie. Une partie des charges non-négligeable a été financée sur fonds propres. ‘’A ce jour, le nouveau service d’accueil des urgences de l’hôpital a été consacré à la prise en charge des cas graves ou oxygéno-nécessitants. Ainsi, nous mettons à la disposition des populations six lits (extensibles à 10) de réanimation entièrement équipés et 16 lits pour patients à risque ou oxygéno-nécessitants. Les activités de prise en charge des patients non-Covid se poursuivent difficilement en raison des nombreux problèmes qui semblent ne préoccuper au quotidien que les médecins, le corps paramédical et les usagers directement concernés’’, lit-on dans le texte.

Ainsi, considérant et comparant les aides et financements reçus du fonds de riposte à l’épidémie de Covid contrairement à d’autres hôpitaux, la CME estime que le niveau de résilience des praticiens, aussi extraordinaire soit-il, a ‘’atteint ses limites’’. ‘’Les praticiens de l’hôpital se sont posé les questions suivantes : Comment avons-nous été formatés pour accepter de telles conditions de travail ? Devons-nous continuer de laisser faire ? Est-ce bien ce que nous voulons laisser en héritage, sous le prétexte que notre pays est pauvre ? La communauté médicale de l’hôpital considère que tout ceci est un véritable affront à ses compétences. Elle pense qu’il est non seulement normal, mais même obligatoire de réclamer beaucoup mieux. Désormais, nous souhaitons mettre en avant notre obligation de moyens, quoi qu’il puisse nous en coûter.  Nous voulons, à travers notre plan d'action, régler deux problèmes : la gouvernance locale et l'absence de considération des autorités’’, avertit la commission.

Après avoir mis les patients devant toute autre considération et analysé les risques qu’ils leur font courir à vouloir pratiquer dans des conditions insupportables, les responsables de l’hôpital Aristide Le Dantec trouvent que c’est l’attitude ‘’la plus responsable’’ à adopter, jusqu’à preuve du contraire.

‘’Soyez assurés, chers compatriotes, de toute notre bonne volonté vers une solution définitive des problèmes de notre hôpital. Nous comptons, à la suite de cette déclaration, organiser une conférence de presse, afin de clarifier notre démarche auprès de la population’’, alertent-ils.

MARIAMA DIEME

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