Le scepticisme du docteur Mohammed Ly
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Depuis le début de la semaine, une tendance baissière des cas de Covid-19 est constatée par les acteurs de la lutte. Même si, pour certains, elle est minime, c’est une aubaine pour l’Etat. Hier, le docteur Mohamed Lamine Ly, Médecin spécialisé en santé publique, a fait un diagnostic sans complaisance de cette tendance baissière qui, précise-t-il, reste à confirmer.
C’est clair, la courbe d’évolution hebdomadaire du nombre de cas positifs et de décès de la Covid-19 est descendante. Le nombre de cas baisse de 1 852 unités. Ainsi, il est passé de 3 100 à 1 248 et le nombre de décès chute également de 40 %, passant de 118 à 71. On ne peut, soutient le docteur Mohammed Ly, que se féliciter de ce ralentissement de la pandémie qui pourrait résulter de divers facteurs (efforts des communautés dans la prévention, facteurs climatiques, immunologiques ou autres).
Mais, précise-t-il, il demande à être étayé, à cause des défaillances dans le dépistage. Parce que, souligne le spécialiste en santé publique, le nombre officiel de cas pourrait être biaisé par une pénurie de tests signalés dans certaines régions médicales, une non-satisfaction de la demande (utilisation parcimonieuse des TDR antigéniques, quotas journaliers dans les centres de santé) et des retards dans la délivrance des résultats des tests PCR.
Pour ce qui est de la mortalité, le docteur Mohamed Ly estime qu’elle est faussée non seulement par la non-maîtrise des causes de décès dans notre pays, mais aussi par les décès communautaires (à domicile) ou dans des structures sanitaires privées. A son avis, il est important de cerner les déterminants de cette baisse éventuelle, car ce sera l'occasion unique d'intégrer la lutte anti-Covid-19 au sein des communautés. ‘’C'est dès maintenant que nous devons nous préparer pour une éventuelle prochaine vague et apprendre réellement à vivre avec cette pandémie, avec le moins de préjudice possible. Il est, dès lors, capital d'élargir le dépistage pour identifier précocement les cas positifs et de les prendre en charge le plus tôt possible. Cela devrait être possible, maintenant que les tests rapides sont fabriqués par l'Institut Pasteur de Dakar’’, conseille-t-il.
En outre, le Dr Ly pense qu’il faudrait avoir une idée précise du niveau d'immunité collective, en menant à bien l'enquête sérologique qui se prépare. Il faudra, à son avis, s'efforcer de mettre en place des réseaux impliquant le niveau communautaire pour une notification la plus exhaustive possible du nombre et des causes des décès. ‘’Croisons les doigts pour que cette tendance baissière se confirme’’.
VIVIANE DIATTA