Je refuse la forfaiture de Diouf Sarr, et vous ?
Le sort en est déjà jeté à cette heure de la précampagne électorale, non pas parce que je pense que Benno Bokk Yaakaar n’a plus la certitude d’une victoire à la ville de Dakar, mais parce que tout ce que nous avons vu faire jusque-là pour la ville est tristement accablant et se passe d’un acte suicidaire. La décision d’appartenance à un parti ou à une coalition a été bien faible à côté de l’émotion qu’on a pu fortement ressentir en contemplant cette liste des investis de Diouf Sarr.
La morale, si elle n’est toujours de mise, elle est quand même essentielle dans notre façon de manier la politique ; la question des valeurs est ici fondamentale, celles qui sont derrière les grands principes politiques du même leader auprès duquel nous cheminons. Quelqu’un disait que la politique n’est rien d’autre que des risques assumés et des opportunités inattendues. Avec sa liste de la ville hautement partisane, Diouf Sarr doit assumer ses risques. Nous ne sommes pas des ennemis mais plutôt des adversaires. Mon maitre en politique, notamment Macky Sall dans son discours de rupture, disait ceci : «Abdoulaye Wade n’a jamais été mon ennemi. C’était mon adversaire, je l’ai vaincu. C’est l’élève qui a battu le maître. (…) Pendant 19 ans, on a cheminé, 11 ans dans l’opposition et 8 ans au pouvoir. Nous avons eu des divergences sur les principes... »
C’est cette même logique du refus de l’inacceptable qui s’applique devant la forfaiture de Diouf Sarr. Me juger, c’est juger Macky Sall par contumace. Le militant de base que je suis n’a fait que refuser de permettre le sacrifice et l’exclusion de militants travailleurs au profit d’intérêts crypto-personnels des diouf-sarriens.
Quelques exemples latents des catastrophes de la liste clanique de Diouf Sarr : Mbaye Ndiaye , directeur des structures du parti et responsable de la première agglomération électorale de Dakar, relégué à la 23ème position derrière « d’illustres » nouveau-nés politiques, d’inconnus et de méconnues; Dr Anta Sarr Diacko retenue loin derrière comme si elle ne valait plus qu’un «dereum» CFA chez elle ; l’Honorable député Moussa Sané de Grand Yoff qui se retrouve à la 11ème position des Suppléants comme un moins que rien; l’Honorable député Mme Paye Aïda Seck de Patte d’Oie, 2ème sur la liste législative en 2017 qui se retrouve dorénavant à la 32eme position; Me Djibril War à la 21eme position; Alioune Mara à la 41eme; Pape Mahawa Diouf, la voix d’or de Bby omis de la liste de la ville et relégué à la 17ème position sur la liste communale.
C’est quand même les rendre petits, trop petits à la limite les ridiculiser devant leurs bases politiques respectives. Qu’est-ce qu’a fait le mandataire de Dakar, l’Honorable député Alioune Badara Diouf, qui s’est pointé à tous les combats, pour se retrouver lui aussi dans cette situation ? Sa proximité avec Amadou Ba ? Quelle rancune ! Que sont devenus les autres responsables politiques de Benno ? Disparus accidentellement ou écrasés volontairement ? Lisez la liste et dites-vous si vous vous y reconnaissez. Certainement pas !
J’éprouve de la honte pour ces hommes et ces femmes de premier rang, royalement oubliés, honteusement sacrifiés, volontairement muselés et stratégiquement poussés par un tel ou un tel à faire le mort à défaut de publier un texte rédigé depuis le bureau d’un lointain manipulateur ou de lire une déclaration timide de soutien pour dit-on « ne pas gêner le président ». Je dirais à ces braves dames et à ces hommes de valeur : regardez-vous dans le miroir et dites-vous si vous méritez bien cette humiliation. Si vous répondez par l’affirmative, alors, battez-vous pour lui ; vous aurez bien mérité cette honte.
Mesdames et messieurs, cette logique sectaire « Diouf-sarrienne » me dirait-on ne date pas d’aujourd’hui. Elle a vu le jour au sein de la Convergence des Cadres Républicains (CCR) ; une CCR qui devrait jouer le rôle de fer de lance du parti, le rôle d’un Tink-Tank et de sève nourricière d’une logique de gouvernance irréprochable, le rôle d’un éclaireur d’une communication limpide et convaincante, le rôle d’un organe d’autocritique et de réorientation de nos politiques, bref le cœur de toutes nos stratégies. Hélas, cette CCR, sous la houlette de la médiocre et étroite doctrine « diouf-sarrienne », la doctrine du « moi et moi seul ; mes amis au podium, les autres à l’applauditoire », est devenue une Cellule de Communication Réactive aux communiqués du Secrétariat exécutif national et aux sorties de l’opposition. Qui pourrait faire moins ? Et pourtant cette même CCR regorge d’imminents cadres et de grands connaisseurs de tous les secteurs, aussi engagés, compétents, pertinents et percutants les uns que les autres. Mais Diouf Sarr a brisé leur élan.
Rendons-nous compte que, jusqu’à ce que des voix interdites s’élèvent, ces pratiques desservent plus qu’elles ne soient utiles ?
L’on s’est jamais posé la question de savoir pourquoi deux COJER à la place d’une ? Pourquoi les anciens du MEER n’évoluent que rarement vers la COJER ? Ceux de la COJER vers la CCR ? Nous sommes tous nés pour grandir. Malheureusement, les escaliers de Diouf Sarr nous renvoient toujours au même étage. Le fairplay, la promotion, l’incubation et la formation par excellence devraient être une source d’attraction et de motivation pour marcher vers l’avant et grimper les échelons des structures. Malheureusement, la doctrine partisane et sectaire « diouf-sarrienne » ne charme pas grand nombre de candidats. Depuis quand la CCR a-t-elle faite une rentrée politique avec de nouvelles recrues ? Quelle a été sa dernière contribution intellectuelle de taille produite dans les annales politiques de l’APR ?
Nous avons entendu souvent dire qu’il s’agit d’une révolte passagère des aigris prétentieux, des “bébêtes égarées” d’une tendance de la COJER manipulés par des mécontents des investitures. Ce serait malheureusement méconnaitre cette dynamique, les hommes et les femmes qui la composent avec. Les récupérations et les rendez-vous nocturnes n’y feront rien.
Qu’on arrête cette hypocrisie de nous dire que c’est le Président qui ait dressé la liste.
C’est un mensonge ! Quand on accompagne un leader, il faut quand même savoir assumer ses erreurs et lui imputer tout succès. Ayez l’élégance d’assumer vos erreurs de choix stratégiques. Le Président n’a fait que choisir un homme et c’est déjà une charge bien trop lourde. Si vous devez perdre, perdez avec de la dignité ; si vous devez gagner, gagnez avec de l’humilité. Malheureusement, vous n’en disposez que très peu.
Qu’on arrête de nous dire que cela relève de l’intérêt supérieur de Dakar et que Diouf Sarr est un travail modèle, le portrait parfait d’un maire idéal.
Cet argument, nous en entendons parler du matin au soir et depuis très longtemps. Mais que veut-on dire par là ? Cela veut dire que l’intérêt de Dakar l’emporte sur le reste ; que les autres notions possibles et imaginables s’inclinent devant Dakar. Dans ce cas alors, Dakar ne mériterait-elle pas plus ? Qu’est-ce que Diouf Sarr a fait de marquant dans sa commune à Yoff au point de mériter à ce que l’on le choisisse comme maire de Dakar, les yeux fermés parce que nous sommes de la mouvance présidentielle ? L’homme a quand même géré près de 14milliards de francs CFA de 2014 à nos jours (7ans) rien que pour les 15 km2 de Yoff. Cela équivaut à presque un milliard par kilomètre carré. Qu’en a t’il fait ? Des plages aux odeurs nauséabondes, encombrées et infectées par des algues toxiques et le déversement sans arrêt d’eaux usées ? Des stades jamais livrés? Des marchés toujours fantômes? Des pavages encore à l’état sablonneux? Mais de quel travailleur parlons-nous vraiment ? C’est à ce même homme que nous voulons maintenant confier 10 fois plus de charges pour des promesses-ipad qu’il a déjà fini d’archiver ? Les seuls quelques réalisations marquantes sont celles de notre brave président: l’auto-pont de l’Ageroute, le qu’aise de pêche du Ministere de la pêche, etc.
Qu’on arrête de nous dire de la boucler parce que nous avons besoin de gagner Dakar.
À quel prix ? N’avons-nous pas d’ailleurs gagné ou perdu Dakar dans le passé ? Durant toutes les élections disputées depuis 2012, Diouf Sarr, avait-il pesé un gramme de plus au-delà de Yoff? Pour ceux qui veulent réfléchir, tous ceux qui ont perdu une élection l’ont fait parce qu’ils ont eu trop confiance en soi ou parce qu’ils ont rêvé petit. Les pouvoirs qui ont grandi avec des egos surdimensionnés au point de mépriser leurs compagnons politiques, ils sont tombés un à un. Il méprise les responsables et militants du parti autant ? Je vous jure que pas grand monde de l’APR n’aurait misé sur la perte de Diouf Sarr à la ville de Dakar, mais pas grand nombre aurait aussi regretté sa perte au soir du 23 janvier 2022. S’il sort vainqueur, la jeunesse et les responsables du parti méprisés et humiliés ne vaudraient plus grand-chose.
Le respect de la dignité des personnes et le droit à la reconnaissance et à la diversité en politique sont primordiales.
Quand je vois la façon dont les subordonnés de Diouf Sarr, se croyant au-dessus de la mêlée, traite les responsables politiques dans les réseaux sociaux, je me dis que cette notion de dignité devrait être restaurée très fortement, non seulement dans le parti, mais aussi parmi les politiques.
À mes camarades, je demanderais de mettre cette liste départementale de Diouf Sarr à la retraite, non sur une base ridicule de principe de vote aveugle, pour ou contre BENNO, mais sur un seul argument, selon lequel il s’agit de la liste clanique des amis de Diouf Sarr taillée sur mesure pour profiter à leurs intérêts fantaisistes. Aux vieilles ruses trotskistes de manipulation, nous opposerons de simples méthodes de sensibilisation ; à l’art d’intimer, nous opposerons l’art de convaincre.
Mesdames et messieurs, si je me permets de faire ce réquisitoire, c’est parce que j’ai compris qu’il y a des milliers d’hommes et de femmes, frappés par ce même sentiment d’exclusion et de mépris, qui éprouvent quand même le désir d’accompagner encore Macky Sall, mais hélas ils ne sauraient comment s’y prendre. À tout ce beau monde, je dirais que nous avons le noble et logique choix de refuser cette forfaiture mesquine et sectaire tout en restant fidèle à notre engagement de loyauté. Gagnons cette élection à la mairie de la ville à notre manière ; offrons nos communes au Président et votons l’alternative à la ville. Je l’ai fait à titre personnel et dans un moment d’aberration, certes, mais parce que je ne pouvais faire autrement. Vous vous apercevrez plus tard que j’avais raison.
Je ne saurais terminer sans prendre le temps de vous remercier pour avoir pris le temps de me lire et de me comprendre.
Ensemble contre la forfaiture de Diouf Sarr!
Ousmane Ndiaye,
Coordonateur COJER Dakar
Secrétaire général COJER Nationale