Le succès d’Index
Index, du groupe de rap Ñuul Kukk, a initié le concept ‘’A cappella Time’’. Il organise des concerts où se mêlent a cappella, musique, rap et théâtre. Il prévoit de sortir un album 100 % a cappella.
Avec sa voix harmonieuse, sa noirceur et ses dreadlocks, on le prendrait facilement pour Faada Freddy. Comme lui, il a du talent, quand il chante en a cappella. Mais Index a sa personnalité, son originalité. Ses textes, souvent en wolof, sont très profonds. Des fois, sous des airs de slameur, il livre un spectacle sans accompagnement instrumental. Sur scène, micro à la main, accompagné de trois choristes, rien que sa voix suffit pour captiver et divertir le public, comme ce fut le cas, lors d’un de ses shows à Saint-Louis ou lors de son ‘’Ndakaaru Accapella’’ qui s’était tenu au centre culturel Blaise Senghor de Dakar.
A l’occasion, après le passage des troupes théâtrale Kaay Bakh de Saint-Louis et de Dakar Banlieuz'Art, le musicien avait commencé par ‘’échauffer’’ la voix en imitant à la perfection des cris d’animaux dont le chant du coq.
En effet, il sait comment entrainer le public dans son jeu. Puis, il avait demandé au public de faire de même, en lançant des ‘’cocorico’’. Développant ainsi une complicité avec lui. Puis, il avait enchainé avec "Baatu Sénégal", ‘’Na film bi daaw’’, "Xaalis amul xet", "Bànqaasu Géej", entre autres chansons souvent reprises en chœur par les spectateurs, très nombreux, qui les connaissaient presque toutes. Ainsi, à chaque morceau interprété, ils apportaient leur partition.
Ce fait est habituel. Lors les concerts d’Index, beaucoup de spectateurs se lèvent de leur siège pour se rapprocher de la scène. Chantant et dansant, ils se régalent.
Concert en a cappella
Aujourd’hui, le pari est réussi pour le musicien du groupe de rap Ñuul Kukk qui a initié les concerts en a cappella. Cette initiative, dit-il, est arrivée de manière tout à fait accidentelle. ‘’J’avais l’habitude de reprendre mes sons, en chantant en a capella à la maison. Mais je ne me rendais même pas compte de ce que je faisais. Et quand j’ai été en France pour poursuivre mes études, il fallait que continue de faire de la musique en parallèle. J’ai voulu faire des productions, mais je n’avais pas les moyens. Donc, faire de l’a cappella était plus accessible. C’est ainsi que j’ai commencé à le faire. La première vidéo a été filmée à partir d’un téléphone portable’’, détaille le musicien qui avait l’habitude de chanter des chants religieux.
Cette première vidéo a été postée durant le confinement, période où l’artiste ne pouvait pas aller en studio. Il y a eu plusieurs réactions positives à cette vidéo. A travers les commentaires, les internautes qui ont encouragé l’artiste ont donné leurs avis pour une amélioration. Certains ont demandé à Index d’en rajouter des chœurs. Lorsqu’il organise un concert, l’artiste invite, en plus des troupes de théâtre, des slameurs et les autres membres du groupe Ñuul Kukk. ‘’Même sans le vouloir, je suis en train de tracer un chemin, de rassembler des gens que la musique de manière générale n’aurait pas pu toucher. Tous ces gens-là s’intéressent non seulement à ce que je fais, mais aussi à ce que le hip-hop peut proposer’’, dit-il.
Ainsi, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. ‘’J’arrêterai le jour où ça ne me fera plus ‘kiffer’ autant. Pour l’instant, je prends beaucoup de plaisir. Je ne vois pas pourquoi je devrais arrêter (l’a cappella)’’, dit-il.
D’ailleurs, Index prépare un album 100 % a cappella. ‘’Il me faut faire cet album. J’ai envie qu’il soit à part. Il s’appellera ‘Baat ak bind’ (la voix et l’écriture). J’ai déjà enregistré la quasi-totalité des sons’’, annonce le natif de Saint-Louis du Sénégal. Pour l’heure, il entend tester tous les sons prévus dans l’album en live pour voir la réaction du public. ‘’Pour moi, un album, c’est faire en sorte que le public puisse l’écouter, quand il est chez lui, mais aussi chanter et danser, quand il est en concert. C’est un double travail. Petit à petit, je suis en train de voir comment je vais l’offrir au public’’, explique Index qui fait un peu penser à l’interprète de ‘’We Sing In Time’’.
BABACAR SY SEYE