Publié le 28 Feb 2022 - 14:41
HATEM FELLAH (AGRONOME PRINCIPAL BAD, CHARGE SUIVI PASA)

‘’Le Pasa LMK constitue une réponse très concrète à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques’’

 

Le Projet d'appui à la sécurité alimentaire (Pasa) déroulé à Louga, Matam et Kaffrine, constitue une réponse ‘’très concrète’’ à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques, en rapport avec la préservation et la valorisation durable du capital productif, grâce à un ‘’meilleur contrôle’’ et une utilisation ‘’plus rationnelle’’ de la ressource en eau. C’est ce qu’a soutenu l’agronome principal à la Banque africaine de développement (Bad) et chargé du suivi Pasa, Hatem Fellah, dans un entretien avec ‘’EnQuête’’.

 

Pour lutter contre les effets du changement climatique, les banques sont, aujourd’hui, tenues de respecter certains critères et d’allouer un financement pour la mise en œuvre d’un projet. En Afrique, la Banque africaine de développement (Bad) s’est montrée des ‘’plus actives’’ pour aider le continent à faire face au changement climatique. ‘’Les cinq grandes priorités de la banque, à savoir éclairer l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations de l’Afrique, sont alignées sur les Objectifs de développement durable et fournissent le cadre pour la mise en œuvre du plan d’action de la banque.

Quand nous envisageons l’avenir, nous prévoyons un continent africain qui s’engage dans une voie de développement à faible émission de carbone et moins vulnérable aux changements climatiques’’, affirme en avant-propos le président du groupe de la Bad, Akinwumi A. Adesina, dans le rapport du IIe Plan d’action du groupe de la Banque africaine de développement pour les changements climatiques (2016–2020).

Concernant le Projet d'appui à la sécurité alimentaire (Pasa) mis en œuvre dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine, l’agronome principal de la Bad au Sénégal, par ailleurs chargé du suivi du projet, Hatem Fellah a indiqué qu’il est classé comme projet de catégorie 2 par la banque.

‘’Les projets de la catégorie 2 nécessitent l’élaboration d’un plan de gestion environnementale et sociale (PGES) qui a été fait. Ces projets sont susceptibles d’avoir des impacts environnementaux et/ou sociaux négatifs et spécifiques aux sites moins graves que ceux des projets de la catégorie 1 et susceptibles d’être réduits au minimum par la mise en œuvre de mesures d’optimisation, d’atténuation et de minimisation. Le Code de l’environnement du Sénégal dispose, en ses annexes 1 et 2, de listes nominatives de projets sujets à évaluation environnementale. Le décret n°2001-282 du 12 avril 2001 portant application du Code de l'environnement réglemente les études d’impact. L’annexe 2 du décret correspondant aux projets de catégorie 2 contient la liste des projets et programmes qui nécessitent une analyse environnementale initiale’’, explique-t-il dans un entretien avec ‘’EnQuête’’.

Cette liste, renseigne M. Fellah, inclut la réhabilitation eau souterraine allant de 200 à 1 000 ha. A ce niveau, le Pasa correspond, selon lui, à un projet de catégorie 2, du fait que l’ensemble des interventions préconisées dans le cadre du projet sont de petite envergure (petits périmètres irrigués entre 1 et 4 ha ; fermes agricoles entre 4 et 15 ha, magasins de stockage, panneaux solaires, bergeries, poulailler, etc.) qui auront des impacts ‘’négatifs limités’’, voire ‘’faibles’’ et qui peuvent être réduits en appliquant des mesures de mitigation. ‘’La dégradation constatée du milieu naturel aggravée par les effets du changement climatique a mis en exergue la pertinence du projet et l’intérêt d’en intensifier l’impact. Le Pasa LMK constitue une réponse très concrète à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques, en rapport avec la préservation et la valorisation durable du capital productif, grâce à un meilleur contrôle et une utilisation plus rationnelle de la ressource en eau. Il contribue de manière significative dans ces zones d’intervention à la préservation et la régénération du milieu naturel, à l’accroissement de la production agricole, et à l’autopromotion du monde rural. La mise en œuvre du Pasa LMK a suscité beaucoup d’espoir au niveau des communautés concernées’’, poursuit l’agronome principal de la Bad.

‘’L’accord de financement du Programme additionnel va être signé’’

Pour la région de Louga, notre interlocuteur soutient que toutes les fermes sont ‘’fonctionnelles’’. ‘’Dans le cadre du Programme additionnel, 14 fermes seront équipées de systèmes de pompage solaire pour favoriser le mix énergétique et minimiser les charges d’exploitation. Également par souci de durabilité et de rentabilité des investissements. Le projet avait comme exigence de la Bad de faire l’audit environnemental du Programme initial et le PGES du Programme additionnel, ce qui a été fait. Le projet vient d’être notifié de la réponse de la Bad sur ces deux rapports. L’accord de financement du Programme additionnel va être signé afin de démarrer les activités’’, informe-t-il.

Hatem Fellah a aussi rappelé que le projet contribue à la mise en œuvre de contributions déterminées au niveau national (CDN) du Sénégal. ‘’Les travaux de construction et/ou de réhabilitation n’ont pas d’incidence majeure sur le changement climatique, en termes de déboisement (diminution de puits de carbone).

Les autres actions contribuent au renforcement de l’adaptation des populations bénéficiaires et de leurs moyens d’existence face aux changements climatiques, sont les suivantes : les mesures de conservation des eaux et des sols (CES) et de défense et restauration des sols (DRS) (527 ha traités) qui ont permis de reconstituer les terres arables au profit de 17 000 agriculteurs, induisant ainsi un couvert végétal et la protection des bassins versants et des cuvettes des ouvrages contre l’ensablement ; l’appui à l’adoption des itinéraires techniques innovants et résilients aux changements climatiques et les bonnes pratiques agricoles qui sont promues dans le cadre des champs écoles à installer sur les sites d’intervention du projet’’, fait  savoir le chargé du Suivi du Pasa à la Bad.

MARIAMA DIEME

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