Publié le 10 Apr 2022 - 22:41
JOSEPHINE LOPPY (ÉCRIVAINE) “

C’est une erreur de croire que le MFDC, c’est seulement Salif Sadio...’’

 

Ecrivaine née à Ziguinchor, Joséphine Loppy a publié aux éditions L’Harmattan son quatrième livre intitulé “L’amour au cœur du conflit en Casamance’’. Dans cet entretien accordé à “EnQuête’’, elle revient sur son œuvre, la vie de l’ancien évêque émérite de Ziguinchor, Monseigneur Augustin Sagna, frère germain de sa maman, mais surtout le long et lancinant conflit de la Casamance, de ses origines jusqu’aux derniers développements.

 

Parlez-nous de vous.
Qui est Joséphine Loppy ?

Je suis Joséphine Loppy, auteure de quatre ouvrages publiés aux édi- tions L’Harmattan. Mon premier, je l’ai sorti en 2016. C’est un ouvrage que j’ai écrit sur l’évêque émérite de Ziguinchor, Mgr Augustin Sagna, qui est le frère ainé de ma maman. C’est le premier évêque de Ziguinchor, après Mgr Prosper Dodds. A sa mort, en 2012, j’en étais malade. Je m’en voulais un peu de n’être jamais allé le visiter à Cabrousse où il avait construit son domaine après sa retraite. Parce que je ne comprenais pas le fait qu’il ait choisi d’aller habi- ter là-bas. Moi, je lui disais que tu es de Bignona, du Nord ; comment tu peux choisir d’aller habiter à Cabrousse ? Je ne le comprends pas. Je ne savais pas, en fait, que c’était

dans cette zone qu’il a été nommé pour la première fois, quand il a été ordonné prêtre. Et à chaque fois qu’il me demandait pourquoi tu ne viens pas me voir, parce qu’il m’aimait beaucoup, je lui disais : je ne vien- drai pas, parce que là-bas c’est la zone des rebelles (rires). On était très complice. C’est un homme qui m’a beaucoup marqué, un homme bien, qui aimait aller vers les gens. Sans distinction de leur religion ou de l’ethnie à laquelle ils appartiennent. J’ai vraiment craqué à sa mort. Et cela a été une sorte de déclic, je peux dire.

Qu’en est-il de votre deuxième livre “Les étincelles d’un amour interdit’’ ?

C’est une histoire d’amour entre un jeune banquier musulman et une fille catholique. A travers cette his- toire, je voulais mettre en exergue le

fait qu’un homme puisse se marier sans changer de religion, alors que la femme, elle, ne peut pas. Au départ, la maman ne voulait pas de la rela- tion, parce que simplement c’est un musulman qui demande la main de sa fille. Cette dernière n’a trouvé mieux que de tomber enceinte pour mettre ses parents devant le fait accompli. Malgré cela, les parents ont dit niet... Finalement, après moult efforts et péripéties, ils se sont retrouvés, mais le héros finit par mourir des suites d’un accident et c’est ce que beaucoup de lecteurs n’ont pas du tout aimé (rires). D’autant plus que la fille attendait leur deuxième enfant.

Mais j’ai voulu surtout montrer cet amour intense, la résilience de cer- taines personnes quand ils aiment. Après tout ce qu’ils ont vécu à cause de leurs parents, les deux tourtereaux sont arrivés à se surpasser, à pardon-

ner à leurs parents et à continuer leur vie comme si de rien n’était. C’est vraiment l’histoire que j’ai voulu montrer et dire à tous les parents qu’en voulant empêcher leurs enfants de se marier avec l’être aimé, ils ne font du mal qu’à leurs enfants. C’est d’autant plus à éviter que nous voyons que ça se termine parfois par des drames.

Apparemment, vous aimez bien les histoires d’amour impossible ou difficile, si l’on sait que dans votre dernier livre, vous mettez en scène l’amour entre la fille du président de la République du Sénégal et le fils d’un chef rebelle du MFDC ?

(Rires) C’est un pur hasard. J’ai juste voulu écrire sur le conflit casa- mançais, en tant qu’écrivaine et fille de la Casamance. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve quelque chose

d’original. C’est comme ça que je me suis inventé ces deux personnages, assez atypiques je reconnais. Mais il n’y a aucune corrélation. Et puisque nous parlons d’histoire d’amour, il y a aussi le troisième roman, “Amira’’, qui parle d’un mariage forcé et pré- coce. L’héroïne est une fille de 13 ans qui avait des rêves plein la tête, qui voulait devenir médecin, mais a été sacrifiée par son père adoptif. Son père biologique décédé, sa mère s’est remariée avec l’ami de son meil- leur ami. Pour des intérêts, il l’a donné en mariage au fils d’un de ses amis. De viol en viol, parce que c’est un véritable viol, la fille a pris la déci- sion de s’enfuir pour se sauver. Elle s’est retrouvée en Côte d’Ivoire, où elle a trouvé l’être aimé et s’est rema- riée.

Pour en revenir au dernier, “L’amour au cœur du conflit en Casamance’’, quel est le message que vous avez voulu véhiculer à travers les personnages de Fatima Zohra (fille du président de la République) et Mohamed (fils d’un chef rebelle du MFDC) ?

Ce que j’ai voulu montrer, c’est encore l’amour dans toute sa beauté, dans toute sa plénitude. En fait, moi, je ne peux pas comprendre pourquoi on ne peut pas s’aimer, s’aimer sim- plement en tant qu’être humain ? Pourquoi toute cette haine envers l’autre ? Je n’ai jamais compris et j’ai voulu faire ressortir cet aspect.

Donc, en voulant parler de l’amour au cœur du conflit, je me suis dit qu’il serait peut-être formi- dable de prendre les extrêmes, la fille du président qui est avocate et le fils d’un chef rebelle qui est un médecin tenant son cabinet dans une ville française. Ils se sont ren- contrés lors d’une soirée de gala sans se connaitre ; ils ont com- mencé par une amitié qui s’est très vite muée en amour pur, puis au mariage. Là également, il a fallu se battre jusqu’au bout pour concréti- ser leur rêve, avec des parents hos- tiles. Et c’est le président de la République qui, pour faire plaisir à sa fille, s’est finalement rendu en brousse avec son oncle pour arran- ger les choses. Et cette union a été une porte ouverte pour sceller défi- nitivement la paix.

On voit que des deux côtés, surtout du côté de Mohamed,
il y a eu beaucoup de réticences. Et vous dites que ce n’est pas aux enfants de payer pour les actes de leurs parents...

Voilà ! C’est valable ici, c’est valable en toute chose. Malheureuse-ment, c’est ce qui se passe jusqu’à présent. Par exem- ple, on nous juge parce qu’on appartient à la Casa-mance ; on nous juge parce qu’on vient de cette partie du pays. On ne devrait pas, nous n’avons rien fait. On aurait passé par un référendum, cette rébellion n’aurait jamais eu lieu. C’est un groupuscule qui s’est levé pour revendiquer des choses sans nous demander notre avis. Et ce qui est arrivé est arrivé. Avec l’Etat aussi qui a voulu faire plaisir au MFDC. Ils ont toujours cédé aux caprices et voilà que le problème est toujours là, avec une aile exté- rieure qui continue de s’activer.

Mainte-nant, ça suffit, nous sommes fatigués. La population de la Casamance est fatiguée. Cette situation ne peut continuer.

Au-delà de la fiction (2e partie du livre), vous faites, dans la 1re partie, un récit poignant sur ce conflit de près de 40 ans. Pouvez-vous revenir un peu
sur les raisons du conflit ?

A vrai dire, je voulais juste écrire un récit sur ce que j’ai vécu. C’était ça l’idée de départ. Mais par la suite, je me suis dit que les gens lisent sur- tout les histoires d’amour. C’est de là qu’est partie l’idée du roman avec ces personnages. Je me suis dit qu’il faut faire un avant-propos où je raconterai ce que j’ai vécu. Pourquoi les gens nous ont pris en otage pen- dant tout ce temps ?

Pour en venir aux origines, il faut souligner que la première manifesta- tion du 26 décembre 1982 était dif- férente de la seconde. C’était pour revendiquer des droits légitimes. Les populations de la Casamance avaient accumulé pendant très longtemps des frustrations et elles ont voulu l’exprimer. Malheureusement, cela avait dégénéré. Des gens ont même voulu enlever le drapeau national au niveau de la gouvernance. Et il y a eu par la suite une chasse à l’homme. Certains se sont retirés dans la forêt de Diabir et la chasse à l’homme a continué. Déjà, à la veille de la marche, ils avaient pris abbé Diamacoune au presbytère de la cathédrale, en violant un lieu de culte. Ils pensaient que c’est lui l’ins- tigateur de la marche qui se prépa- rait, parce qu’il s’est toujours battu contre les injustices.

L’abbé n’y était pour rien, selon vous, dans cette marche de décembre 1982 ?

D’abord, l’abbé a une histoire. C’est un religieux qui s’est toujours battu contre les injustices. Il s’est toujours battu contre la spoliation des terres des populations. Il s’est toujours battu contre certaines pra- tiques de l’Administration. C’était ça son combat. C’est quelqu’un qui a vécu les affres de la guerre en Guinée-Bissau, du temps du PAIGC. Il accueillait chez lui des gens qui fuyaient la guerre, l’injustice et la misère. Je dois dire que l’Eglise n’était pas non plus d’accord avec ses méthodes. Mais, il faut lui recon- naitre son engagement pour ses convictions.

A la veille de la marche, il a été injustement arrêté. Après avoir purgé sa peine, en rentrant à Ziguinchor, les gens de la rébellion l’ont accueilli et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé dedans. C’est pourquoi il disait tou- jours que c’est Abdou Diouf qui l’a jeté dans la rébellion et dans les bras du MFDC qui, il faut le souligner, est né pendant qu’il était en prison.

Pour vous, ce sont les frustrations longtemps accumulées par les Casamançais qui ont été à la base de cette rébellion ?

C’est exactement cela. Outre l’ac- caparement des terres, l’Adminis-tra- tion qui arrachait les terres des enfants de la Casamance pour les donner à des gens qui ne sont pas de la région, la grève du lycée Djignabo, la finale rejouée et perdue par le Casa

Sport... S’y ajoute l’enclavement de la région séparée du reste du pays par un autre Etat. Tout ça a fini par exploser.

Au début, c’était une simple marche pour exprimer leur colère. Il y avait même les femmes avec leurs bébés ; on chantait, on dansait et on exprimait les doléances. Mais il faut le reconnaitre, dans ces genres de manifestations, c’est toujours diffi- cile de tout maitriser. Il y a eu effec- tivement des gens qui étaient moins pacifiques et les choses ont fini par dégénérer. Mais on ne pouvait pas encore parler de rébellion qui, je le rappelle, est née en 1983.

Mais est-ce que ces arguments d’une Casamance délaissée tiennent toujours, si l’on sait que l’Etat a quand même fait beaucoup d’efforts ces dernières années ?

On n’en disconvient pas. C’est d’ailleurs pourquoi je dis que le MFDC n’a plus sa raison d’être... Moi, je dis ce que je pense. Et je pense que cette rébellion n’a pas aujourd’hui sa place. Comme j’ai eu à le faire une année avec abbé Diamacoune Senghor devant mon père et devant l’évêque émérite de Ziguinchor, mon oncle Augustin Sagna. J’ai refusé catégoriquement de lui serrer la main. Il est venu, il a salué mon père, ma petite sœur, il m’a donné la main, j’ai dit non. Mon père était très gêné. Il m’a dit pour- quoi tu ne salues pas abbé ? Je lui ai dit non papa. Pourquoi ? Je ne serre pas la main à un rebelle. Mon père n’en revenait pas. L’abbé a ri et lui a dit : laisse-là, il ne faut surtout pas la forcer. Je venais d’avoir mon Bac. Après, monseigneur est venu, il a demandé ce qui se passe. L’abbé lui a répété en rigolant : elle a refusé de me serrer la main, parce que je suis un rebelle. Il a lui aussi tiqué, mais l’abbé leur a fait savoir qu’il me com- prenait. Moi, je suis comme ça, quand je ne suis pas d’accord, je le dis.

Qu’en est-il des expéditions punitives vécues par les populations tenaillées, selon vous, entre le marteau de l’armée et l’enclume du MFDC ?

C’était terrible, surtout au début du conflit, de se réveiller le matin et d’entendre qu’on est venu chercher telle personne. Soit c’était l’armée qui chassait des gens supposés appartenir au mouvement, soit ce sont les rebelles qui viennent cher- cher de supposés traitres. Et il y a eu tellement de règlements de comptes ! Parfois, parce qu’on n’aime pas une personne, on le dénonce. Parfois sans motif, simplement parce qu’on ne l’aime pas. C’était suffisant pour que des gens viennent, la nuit, demander à quelqu’un de les suivre. Et il n’a droit à aucune explication. Quelquefois, on les humilie devant leurs enfants, devant leurs femmes. On l’a vu des deux côtés. Des familles entières se sont enfuies pour ne pas vivre pareille humiliation. Et cela laisse encore des plaies qu’il faudrait bien panser.

“Quand allons-nous nous réveiller et prendre ce problème au sérieux !’’, vous exclamez-vous. Est-ce à dire que le problème n’a jusque-là pas été pris au sérieux ?

CMJN
Que Dieu me pardonne, je ne veux

pas mettre à mal l’armée ou l’Etat du Sénégal, mais je suis une fille du Sénégal, une fille de la Casamance ou de Ziguinchor si on veut - puisque la région a été éclatée. C’est donc à ce titre que je m’interroge, parce que je n’ai pas l’impression que ça bouge. Je m’interroge, parce que je me dis qu’il y a quelque part des gens qui n’ont pas intérêt à ce que ça bouge. Parce que s’ils voulaient que ça s’arrête, le conflit allait s’arrêter.

Est-ce que les opérations actuelles de l’armée ne sont pas la solution ?

Les gens disent que ce sont des opérations de l’armée sénégalaise, mais ce n’est pas l’armée sénéga- laise. Ce sont peut-être des éléments de l’armée qui font partie de la force de la CEDEAO en Gambie, l’Ecomog. J’ai deux commentaires principale- ment. S’ils ont pu le faire, ça veut dire que pendant toutes ces années, c’était possible. Pourquoi ils ne l’ont jamais fait ? Pourquoi ils ont laissé Salif Sadio faire son cinéma pendant tout ce temps ? A quoi ils jouaient ? Ils ont toujours su où se trouve Salif Sadio et les différents chefs. Pourquoi ils n’ont rien fait ? Cela montre que chacun avait ses intérêts à protéger. Que ça soit les rebelles comme les militaires. Et ce sont les pauvres populations qui en ont souf- fert.

L’autre chose, moi, je ne pense pas que c’est une solution pérenne. Parce que le MFDC, ce n’est pas que Salif Sadio ; ce n’est pas seulement que César Atoute Badiate. Le MFDC est éclaté en mille factions. C’est bien de faire des ratissages, de chas- ser les rebelles de leurs bases et de réinstaller les populations, mais cela ne permet pas de construire définiti- vement la paix. Moi, je pense qu’il faut discuter avec tout le monde, avec toutes les factions du MFDC.

Vous pensez donc que le remède, c’est l’amour, pas les opérations militaires ?

C’est l’amour, c’est la concerta- tion. Il faut aller à la table des négo- ciations avec tout le monde. Il faut se mettre dans la tête que la rébellion, ce n’est pas seulement Salif, ce n’est pas que Atoute. On a beau les pren- dre, on a beau même les tuer, mais il en restera toujours des gens qui pren- dront leur place. Il faut faire très attention. C’est une erreur qui a tou- jours été commise par l’Etat, de croire que le problème c’est Sadio. Il faut négocier avec tout le monde. Il y a un Comité des sages qui est là à Ziguinchor. Il faut leur parler. Il faut parler à tout le monde, réconcilier les uns les autres. Il y a des organisa- tions, nationales comme étrangères, qui l’ont bien compris et qui essaient de parler à tous. Pourquoi l’Etat veut laisser en rade ceux qui sont prêts à discuter et passer son temps à cares- ser ceux qui ne veulent pas être rai- sonnables ? Je le dis et je le répète : c’est une erreur de vouloir faire une fixation sur les deux plus grands chefs rebelles et ignorer tout le reste.

Pourquoi écrire sur la “guerre’’ avec toutes ses horreurs, vous qui êtes relativement jeune et romantique ?

C’est parce que j’ai vécu tellement de drames quand j’étais à

Ziguinchor. J’ai grandi avec ce conflit. J’ai vu des familles déci- mées, des hommes et des femmes pleurer, j’ai vu la mort et la misère dans ma région que j’aime plus que tout. Moi-même j’ai perdu des cou- sins, alors que j’étais encore très jeune. J’ai perdu des voisins et des amis... Je me posais alors un tas de questions. Pourquoi ce conflit ? Pourquoi se haïr autant, pourquoi s’entretuer comme ça ? Je m’étais alors promis d’écrire sur ça. Dieu a fait que ce n’est pas mon premier livre, parce qu’il y a eu l’épisode de monseigneur Sagna qui a aussi tout bouleversé. C’est le jour même de sa mort que j’ai commencé à écrire.

Monseigneur (Augustin Sagna) qui a lui-même été victime de ce conflit ?

Oui, il a été pris à deux reprises par des rebelles. La première fois, il s’en est plutôt bien tiré. Il s’est même per- mis de leur dire ses quatre vérités. Mais la seconde fois, dans les années 1990, ils ne l’ont pas raté (rires). Ils lui ont tout pris. Certains parmi les rebelles disaient : c’est monseigneur, on le laisse partir. Les autres leur disaient : et alors ? Pourquoi les autres et pas lui ? On lui avait tout pris. Mais, par la suite, ils sont reve- nus lui rendre tout, sur ordre de leurs patrons.

Quelle a été la place des femmes dans ce conflit ?

Comme à leur habitude. Quand il y a des problèmes, elles font de petits rituels avec leurs calebasses pour essayer de calmer. Je dois reconnaitre qu’il y en a également des femmes qui sont entrées dans le mouvement. J’évoque par exemple la femme de ménage qui travaillait chez nous. On n’a jamais rien su. Mais à son décès,

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suite aux évènements du 18 décem- bre 1983, comme on ne la revoyait pas, on a demandé de ses nouvelles. A notre grande surprise, une de ses connaissances nous informe qu’elle est décédée suite à une blessure par balle et qu’elle faisait partie de la rébellion.

Parfois, en discutant avec des Casamançais, on sent quand même une certaine affection vis-à-vis de la rébellion, sans pour autant soutenir la cause. Comment l’expliqueriez-vous ?

Peut-être c’est par rapport à ce qui se passe. C’est un peuple qui a été meurtri dans sa chair. Chacun devrait comprendre la réaction d’un peuple meurtri. C’est un peuple qui a perdu beaucoup de choses. C’est un peuple qui a perdu ses enfants, que ça soit des gens de l’armée, des gens de la rébellion ou de simples gens qui vaquaient à leurs occupations. C’est un peuple dont la vie économique a été perturbée pendant plusieurs années. C’est un peuple qui réagit au quart de tour. Et quand vous touchez à un de leurs enfants, automatique- ment, le sentimentalisme resurgit. C’est tout à fait normal.

Votre dernier mot ?

Juste dire que mon rêve, c’est de voir la paix définitive revenir en Casamance, pour le bien de tout le monde, pour le bien des Casaman- çais qui ont trop souffert, pour le bien de tous les Sénégalais. Comme je le dis, “Jamm si la lepp xac’’. Quand il y a la paix, tout le monde est content, tout le monde est beau, tu sens la joie de vivre. Sans la paix, on n’a rien. C’est mon souhait le plus ardent. Nous voulons que toutes les parties sortent discuter pour que la paix revienne. Quarante ans, c’est trop !

AMADOU FALL

 

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