‘’Les leaders de Yewwi n’ont pas hésité à regarder les Sénégalais dans les yeux et leur mentir…’’
Le point de presse d’Ousmane Sonko, un des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, continue d’alimenter la sphère politique. Comme dit l’adage wolof : ‘’Qui s’exprime s’expose.’’ En donnant sa version des causes du non-respect de la parité de la liste qu’a présentée sa coalition pour le département de Dakar, le maire de Ziguinchor a confirmé des ‘’erreurs’’ et ‘’négligences’’ qui ont valu à la formation politique leader de l’opposition le rejet de leur liste dans la capitale. Un ‘’aveu’’ que le porte-parole de la coalition Benno Bokk Yaakaar juge improductif, car basé sur les présomptions qu’avaient beaucoup de Sénégalais : toute cette histoire n’est que de la manipulation politique. Pape Mahawa Diouf revient, dans cet entretien, sur ce qu’il appelle une doctrine et une méthode politique fondée sur la manipulation et les contrevérités.
C’est officiel ! La liste de la coalition Yewwi Askan Wi a été rejetée pour le département de Dakar. Quel sentiment vous anime par rapport à cela ?
Comme l’a rappelé madame Aminata Touré, tête de liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux. Je ne peux que relever la fragilité, la frivolité et la légèreté avec laquelle ces gens, qui prétendent vouloir présider aux destinées de notre peuple, traitent avec la chose politique, de même que la facilité qu’ils ont de mentir aussi froidement. Déthié Fall et Barthélemy Dias n’ont pas hésité à regarder les Sénégalais dans les yeux et leur dire que c’est Macky Sall qui a ourdi un complot pour les empêcher d’avoir une liste pour le département de Dakar. Ce qui est absolument faux ! La coalition Yewwi Askan Wi a déposé une liste non paritaire, incompatible avec la loi constitutionnelle de notre pays. C’est en toute logique que leur liste a été rejetée par la Direction générale des Élections (DGE).
De plus, leurs leaders ont reconnu et expliqué cette erreur. Même sans cette liste paritaire, ce qui s’est passé avec le dépôt de la coalition Yewwi est ahurissant. La date limite de dépôt des listes a expiré d’un jour et demi avant leur dépôt. Cela relève d’une incompétence politique manifeste. Des gens incapables de confectionner une liste avec rigueur, on ne peut pas leur faire confiance pour diriger un pays. Surtout que derrière, ils sont incapables d’assumer leurs responsabilités et dire aux Sénégalais ce qui s’est réellement passé.
Ousmane Sonko, dans sa sortie d’hier, a assumé les ‘’erreurs’’, ‘’négligences’’ de ses partenaires tout écartant la thèse d’une implication du président Macky Sall. Êtes-vous satisfait maintenant ?
C’est l’ambulance après la mort ! Cela fait plus d’une semaine que la thèse d’un complot est brandie par ses collaborateurs. Maintenant que tout le monde s’est rendu compte que le véritable complot vient de leur côté, il vient s’expliquer. Le président de la République n’a jamais fait de complot. Que cela concerne cette histoire de liste ou l’affaire Sweet Beauté. Donc, Ousmane Sonko n’apprend rien aux Sénégalais. Il doit surtout reconnaître que le président de la République n’est pour rien dans toutes les manipulations et tous les mensonges qu’ils ont orchestrés par le passé contre lui, son gouvernement et sa famille, à des desseins politiques. Les incidents de la liste de Yewwi à Dakar révèlent au grand jour une doctrine et une méthode politique chez eux fondées sur la manipulation, sur le mensonge et surtout sur le manque de vision.
Benno Bokk Yaakaar a-t-elle joué un rôle dans cette affaire, comme certains le prétendent ?
Les Sénégalais ont entendu Saliou Sarr (Taxawu Dakar, Yewwi), de même que Déthié Fall (mandataire nationale de la coalition Yewwi). Ousmane Sonko lui-même reconnait qu’ils ont commis l’erreur. Ils ont mis en scène leurs propres divergences. Il semble qu’il s’agissait d’une stratégie pour endormir l’Administration sénégalaise. Sur cette question, les Sénégalais savent ce qui s’est passé, d’autant plus que les leaders de cette coalition se sont exprimés pour clarifier les choses. Ils reconnaissent que Barthélemy Dias racontait des histoires, lorsqu’il a prétendu que cette affaire était un complot de Macky Sall. Raconter des contrevérités est une culture, pour ces gens-là. C’est leur manière de toucher le côté sensible des Sénégalais, mobiliser la jeunesse et les inciter à descendre dans la rue pour affronter les forces de l’ordre. C’est ça le véritable appel de Barthélemy Dias, alors qu’il savait très bien que le président de la République n’avait rien à voir avec cette affaire.
Yewwi Askan Wi a tout de même déposé un recours et Ousmane Sonko a estimé que leur liste à Dakar est malgré tout recevable…
Il faut qu’Ousmane Sonko arrête de penser que le Sénégal a été construit pour lui. Si quelqu’un lui a dit cela, il l’a lourdement trompé. Il ne peut pas insulter les institutions du matin au soir et considérer que c’est lui qui dit le droit. Les lois sont votées à l’Assemblée nationale et leur interprétation est faite par la justice. Cela fait 60 ans que ça se passe comme ça, au profit de la nation. Donc, il doit savoir que cette justice dépasse ses épaules. De la même façon que cette justice a dit le droit en validant sa victoire lors des élections locales à Ziguinchor, elle leur donne un droit de recours lorsque l’Administration a rejeté la liste de Yewwi dans le département de Dakar. S’il ne le fait pas, on va imposer à Ousmane Sonko le respect des Sénégalais. D’une façon ou d’une autre.
Maintenant que Yewwi est vraisemblablement écartée pour le département de Dakar, avez-vous une voie royale pour gagner dans la capitale ?
Respectons d’abord nos compatriotes. Quel que soit le scénario, il faut prendre les élections très au sérieux, aller auprès de nos compatriotes, défendre notre projet politique qui est fiable. On parle de complot, de tout, sauf de l’essentiel : personne ne conteste les résultats de notre projet politique. L’économie, les infrastructures, les réformes structurelles, les résultats sont incontestables. Pour poursuivre cette mission, nous avons besoin d’avoir une majorité à l’Assemblée nationale. C’est cela que nous disons aux Sénégalais. La vision économique du président de la République, les politiques sociales qui ont été menées, c’est cela que nous allons défendre dans les villes comme dans les campagnes, village après village, maison après maison, pour convaincre les Sénégalais de la nécessité absolue de maintenir la majorité Benno Bokk Yaakaar. Il ne s’agit pas simplement d’un désir de conserver le pouvoir, mais de poursuivre et parachever une œuvre qui marche.
Ne peut-il pas y avoir de consensus entre les acteurs politiques pour que la principale force de l’opposition participe à la bataille électorale de Dakar, pour le bien de la démocratie sénégalaise ?
Le bien de notre démocratie, c’est aussi respecter la loi. Force doit rester à la loi. Il y a huit listes qui ont été déposées à la Direction générale des Élections. Beaucoup d’autres que celle de Yewwi sont des listes de l’opposition. Tout le monde a fait preuve de rigueur. Chacun a fait des efforts de conciliation responsables, sachant qu’il parle au peuple sénégalais. À Benno Bokk Yaakaar, le président de la République et la Conférence des leaders ont envoyé partout des missions de conciliation. Au moment du parrainage, un travail rigoureux a été fait pour éviter une cacophonie indigne de notre démocratie. Maintenant, doit-on tordre les règles du jeu pour faire plaisir à une partie de l’opposition qui n’a pas fait son travail convenablement ? Et les efforts fournis par les autres pour être dans les règles ? Il faut être sérieux et respecter nos institutions. Il est hors de question de contraindre nos institutions pour le confort des égos égarés de quelques hommes politiques. Cela nous paraît inacceptable.
Et l’appel des leaders à ce qu’il n’y ait pas d’élections à Dakar sans Yewwi ?
On ne respecte pas les textes, on fait preuve de légèreté, on ment au peuple en disant qu’il s’agit d’un complot, et après on menace qu’il n’y aura pas d’élections à Dakar ? Dans quel pays se croient les leaders de Yewwi ? Les autres coalitions qui ont correctement fait leurs listes n’ont pas le droit d’aller aux élections ? C’est inacceptable et personne ne l’acceptera. Nous leur ferons face. Les élections vont se dérouler correctement, comme d’habitude.
Comment se sont passées les investitures de la coalition Benno Bokk Yaakaar ? Ces investitures sont étonnamment calmes. Qu’est-ce qui l’explique ?
Il y a un travail qui a été fait et qui se poursuit d’ailleurs. Comme je l’ai dit, il y a eu un travail de conciliation et nous avons tous été responsables. C’est de réaffirmer cet appel des leaders de la coalition à l’unité et au rassemblement. Nous devons faire preuve de dépassement pour réussir à conserver la majorité à l’Assemblée nationale. Nous avons le même objectif en termes de vision politique et de développement économique. C’est aussi cela qui fait que nous avons une certaine sérénité en perspective des Législatives. C’est une approche différente, vis-à-vis des querelles de positionnement et combats d’égos qui menacent l’acceptation d’une liste. Il y a une doctrine de gouvernance, chez les leaders de notre coalition, fondée sur le dialogue et les plages de convergence.
On ne connaît pas encore la composition des listes de Benno. Une fois que tout sera divulgué, vous pensez vraiment qu’il n’y aura pas querelles à Benno, comme l’on a vu beaucoup de listes parallèles lors des Locales de janvier dernier ?
Je ne pense pas. Il peut y avoir des tensions. La politique est une question d’ambitions. Mais cela reste dans un cadre maîtrisé. Pas comme avec cette cacophonie qu’on a vue avec la coalition Yewwi. Il faut se rendre compte qu’il y a un nouveau type de leadership aux antipodes de nos valeurs politiques. A-t-on déjà vu une liste de l’opposition qui se plombe de la sorte, se met en scène avec une incroyable violence verbale interne, le mensonge facile et avec une violence contre nos institutions ? C’est nouveau ! Ce groupe, avec à sa tête Ousmane Sonko, a un discours violent et des activités, menace des institutions, ment et essaye de manipuler la population. Cela peut marcher un certain temps, mais au bout du compte, les Sénégalais se rendent compte qu’il s’agit de politiciens très immatures, très irresponsables et donc dangereux. Suffisamment pour qu’on le combatte avec la dernière énergie. Ousmane Sonko a nommément insulté la société civile.
Est-ce que ceux qui ont perdu lors des Locales ont été sanctionnés ?
Il faut le demander à celui qui sanctionne. Je n’en sais rien du tout. Ce qui nous intéresse, c’est d’aller aux élections législatives et gagner le plus largement possible, sur la base des projets politiques et de la vision portée par la majorité du président Macky Sall. Il faut maintenir les pistes rurales, les équipements pour les femmes, les politiques sociales et les politiques d’infrastructures majeures. Il faut remarquer le changement de visage du Sénégal et de Dakar. Il y a 10 ans, ce n’était pas le même pays. Un aéroport flambant neuf, une compagnie aérienne, une nouvelle ville sont devenus une réalité sous nos yeux. Le Train express régional a révolutionné la vie de centaines de milliers de nos compatriotes qui vivaient dans la capitale une galère incroyable. Le Bus Rapid Transit (BRT) aura le même impact. Avec le prolongement de la VDN qui dégage l’autre axe de Dakar, c’est une nouvelle capitale qui se dessine. Avec les aéroports régionaux dont les inaugurations vont commencer à partir du mois de décembre, c’est le visage du Sénégal qui change dans le bon sens. Et le monde le regarde avec admiration. Et c’est pourquoi il faut préserver cette vision politique avec une majorité à l’Assemblée nationale pour Benno Bokk Yaakaar.
Avez-vous été investi sur la liste de Benno ?
Non ! Je n’étais pas candidat à l’investiture, non plus.
Pourquoi le choix d’Aminata Touré comme tête de liste de Benno ?
Nous sommes une coalition dotée d’une large équipe, avec plein de femmes et d’hommes de valeur et d’expérience. Tout ce que nous avons de plus valeureux, en termes d’hommes d’État, est représenté dans la coalition Benno Bokk Yaakaar. Aminata Touré fait partie de ces icônes. Elle représente le choix d’une dame de rigueur, de culture politique, avec un leadership suffisant pour incarner la tête de liste de la coalition. Nous sommes heureux de l’accompagner dans sa mission.
Avec son départ du Conseil économique, social, et environnemental, l’on a pu penser qu’Idrissa Seck aurait pu prendre sa place sur les listes de Benno, comme au Cese. D’ailleurs, est-ce que l’ancien maire de Thiès a été investi ?
On saura le moment venu. Beaucoup de leaders ont été plébiscités sur notre liste, mais les choix sont toujours un peu discutés. De toute façon, tout ce qui a été fait l’a été dans le consensus habituel.
Quelle est la consigne du président de la République Macky Sall, leader de la coalition, pour cette élection ?
Gagner ! Allez à la rencontre des populations dans toute l’étendue du territoire et dans la diaspora, afin de consolider nos acquis avec détermination.
Êtes-vous dans cette logique avec la distribution de cash aux ménages opérée par le président ? Ou s’agit-il d’un achat de conscience avant les élections, comme le dénoncent certaines voix ?
Cette opération, financée par des structures internationales, vient, comme les bourses de sécurité sociale, la Couverture maladie universelle, consolider la politique sociale du président Macky Sall. Depuis 1960, on n’a jamais vu une volonté aussi déterminée d’avoir une politique sociale soutenant les ménages les plus fragiles. Si cela débourse sur des retombées politiques, tant mieux ! Si les populations expriment leur satisfaction, en consolidant les politiques publiques à travers le soutien de la vision politique du président de la République, c’est très bien. C’est ça le but. On ne parle pas de manque de transparence, de distribution marron-beige, etc. C’est vraiment le Registre national unique (RNU) qui concerne tous les Sénégalais.
Au sortir des Locales, Yewwi n’a jamais été autant confiante, pour espérer une cohabitation à l’Assemblée nationale. Avez-vous peur qu’ils y parviennent, après leur remarquable percée en janvier dernier ?
Chacun a fait les interprétations qu’il voulait des résultats des élections locales du 23 janvier 2022. Mais comme nous l’avons dit : si nous obtenons les mêmes résultats au soir du 31 juillet, nous serons très contents : 80 % des collectivités territoriales sont sous le contrôle de Benno Bokk Yaakaar. Mais notre culture politique est de bannir l’arrogance, être proche du peuple et enlever tout ce qui crée de la distance. On va se battre pour préserver nos acquis démocratiques, économiques, infrastructurels et poursuivre le projet pour le peuple sénégalais.
Nous traversons une crise internationale, suite à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine. L’État a fait beaucoup d’efforts : augmentation des salaires, remises fiscales, subventions sur l’électricité, le soutien des ménages du RNU, etc. Tout cela va dans le sens d’aider les populations à traverser cette situation économique exceptionnelle qui touche le monde entier.
Nous allons rencontrer les Sénégalais pour rappeler les performances du Sénégal, avant la Covid-19, avec une politique cohérente, une croissance élevée portée par une politique d’infrastructures et de développement économique et industrielle claire. Il faut poursuivre cette vision d’accès aux accès universels définis par le président de la République Macky Sall.
Le président de la République a soutenu l'international sénégalais Idrissa Gana Guèye, accusé d’homophobie en France. Que pensez-vous de cette histoire ?
On doit laisser aux gens leur liberté d’opinion. Il a le droit de ne pas jouer un match avec des couleurs qui ne lui conviennent pas. Et c’est bien qu’il y ait cet élan de solidarité de tous les Sénégalais.
Lamine Diouf