“Le Festival de jazz de Saint-Louis est l’une des valeurs sûres de l’Afrique’’
La 30e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis a démarré le jeudi 2 juin. À cette occasion, l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française devient le point de convergence de toutes les cultures. Hier (jeudi), l’artiste guinéen Sékouba Bambino a assuré le concert d’ouverture. Après sa prestation, le griot mandingue a reçu la presse nationale dans sa loge, pour une interview sur sa participation au festival. Avec le sourire, il s’est aimablement prêté au petit jeu des questions-réponses, en revenant sur la particularité de la musique mandingue, sur ses relations avec les artistes sénégalais, son passage à Africando, entre autres.
C’est votre première fois au Festival de jazz de Saint-Louis. Comment trouvez-vous l’évènement ?
J’avais toujours entendu dire du bien de ce festival. Mais je peux affirmer ici qu’il constitue aujourd’hui, du haut de ses 30 ans d’existence, l’une des valeurs sûres de l’Afrique. C’est un festival qui fait la fierté de toute l’Afrique. Trente ans, ce n’est pas 30 jours, ce n’est pas 30 mois. Un festival qui existe depuis 30 ans, ça veut dire que ce n’est pas un petit festival. C’est un festival de valeur. Donc, nous disons merci et c’était un grand plaisir pour moi d’être là pour la 30e édition.
Pouvez-vous revenir sur la teneur des morceaux que vous chantez lors de votre prestation ?
Le morceau d’ouverture s’intitule ‘’Koumakelalou’’, qui veut dire ‘’les paroliers’’ en mandingue. Vous savez, il y a l’art de parler. Avant de parler, il faut remuer sa langue sept fois. Dans cette chanson, on met en exergue le pouvoir, la puissance de la parole, ainsi que le sens de la retenue et de la mesure dans les propos en toute circonstance. J’ai également revisité plusieurs titres de mon répertoire, des classiques tels que ‘’Diougouya’’, pour rendre hommage aux enfants, en tant qu’ambassadeur de l’Unicef en Guinée ; ‘’Saratenite’’, ‘’Autorail’’ ou encore ‘’Apollo’’. Il a aussi repris une chanson célèbre de sa mère Mariama Samoura, NDLR.
Envisagez-vous de sortir un nouvel album ?
Je dirai oui, pourquoi pas ? C’est possible, puisque c’est vrai que pour moi, c’est un grand honneur de venir faire l’ouverture des 30 ans du Festival de jazz de Saint Louis. Ça mérite de faire un nouvel album pour cette ambiance.
C’est quoi la particularité de Sékouba Bambino qui compte à son actif une quinzaine d’albums depuis qu’il a entamé une carrière solo depuis plusieurs années, qui lui a valu une notoriété sur la scène mondiale ?
Chaque pays a sa culture. Moi, je suis musicien et chanteur griot. Je suis un griot avant tout. Partout où je m’en vais, je mets en accent mon identité de griot. C’est avec fierté que je mets en avant ma musique traditionnelle. Ce, partout où je m’en vais. C’est à travers la musique traditionnelle qu’on retrouve le véritable Sékouba Bambino. Néanmoins, cela ne m’empêche pas de flirter avec les autres genres musicaux. La preuve, j’ai commencé la soirée aujourd’hui (NDLR : jeudi) avec la musique traditionnelle. J’ai utilisé d’autres genres, pour montrer à ce merveilleux public que la musique n’a pas de frontières.
Quelle relation entretenez-vous avec vos anciens amis du groupe Africando, notamment Nicolas Menheim ?
J’entretiens de très bonnes relations avec mes anciens amis du groupe Africando. Notamment avec Médoune Diallo et Nicolas Menheim. D’ailleurs, ce dernier est comme mon frère. Même hier, avant de venir, je l’ai appelé. Il devait être là avec nous ce soir, mais malheureusement (…). J’avais même programmé le morceau ‘’Salsa’’ avec lui. Bon, on va remettre ça pour la prochaine fois.
Peut-on s’attendre à une collaboration entre vous et les artistes sénégalais ?
Bien sûr ! Je compte faire une collaboration avec les artistes sénégalais. Parmi eux, j’ai beaucoup d’amis. Mais je suis plus proche de certains comme Coumba Gawlo Seck, Youssou Ndour, Ismaël Lo, Thione Seck, paix à son âme, et Omar Pène. La liste est loin d’être exhaustive. Comme vous le savez, le Sénégal et la Guinée sont deux frères siamois. De ce fait, l’intégration culturelle et sociale devient facile.
Vous comptez préserver le surnom ‘’Bambino’’ que vous avez acquis depuis vos débuts dans le groupe mythique Bembaya où vous étiez le plus jeune ?
(Rires) C’est un petit surnom. Vous savez, quand c’est le surnom, il faut l’accepter. Ça nous accompagne jusqu’à notre dernier jour. Au départ, j’étais le plus jeune du groupe Bembeya Jazz national. Aujourd’hui, je peux dire que je suis le plus vieux en dehors de mes aînés. C’est comme ça, j’accepte ce surnom. Mais quand je vais revenir de La Mecque, je dirai aux amis, au lieu d’El Hadj Bambino, de m’appeler El Hadj Sékouba.
MAGUETTE NDAO