Les forces de l’ordre “verrouillent” la demeure de Sonko et le siège du PRP
Les forces de l’ordre ont réussi, hier, à ‘’bunkeriser’’ les demeures et les lieux de rencontre des leaders de Yewwi Askan Wi, afin d’étouffer dans l’œuf toute forte mobilisation des partisans de l’opposition. Ces derniers, qui comptaient manifester à la place de la Nation, se sont finalement contentés de quelques escarmouches avec les forces de l’ordre sur la VDN et à la cité Keur Gorgui.
C’est une partie du quartier de la cité Keur Gorgui qui prend des allures de camp retranché, en ce début de matinée. Partout, près du domicile d’Ousmane Sonko, derrière l’école Bordeaux Ecole Management (BEM), des blindés, des véhicules de police et des groupes de policiers arborant plastrons et boucliers ont pris position. Des membres de la Brigade d’Intervention de la police (Bip) et des gendarmes quadrillent le secteur. Plus loin, au rond-point de la cité Keur Gorgui, des pandores bloquent le passage aux militants venus accompagner leur leader à la marche de l'intercoalition Yeewi-Wallu à la place de la Nation.
L’important dispositif sécuritaire filtre toutes les entrées. Les riverains doivent montrer patte blanche, avant d’accéder aux alentours. Les gardes du corps du leader du Pastef sont rapidement maîtrisés par les forces de l’ordre qui empêchent ce dernier de sortir de sa demeure. Les quelques rares tentatives de dialogue avec les forces de l’ordre sont vaines.
Ousmane Sonko empêché d’aller prier
Emmitouflé dans un boubou blanc, Ousmane Sonko, qui veut sacrifier au rituel de la prière hebdomadaire du vendredi, se voit empêcher de se rendre à la mosquée de la cité Keur Gorgui par les forces de sécurité. Les militants sont tenus à bonne distance du périmètre de sécurité installé autour du domicile de l’ancien inspecteur des impôts et domaines. Des manifestants furieux de cette situation veulent en découdre.
Mais un véhicule de la police s’avance vers la foule qui s’est regroupée près du rond-point ; des grenades lacrymogènes sont tirées. Les courses-poursuites s'enchaînent dans la cité, entre forces de l’ordre et manifestants. Quelques personnalités veulent accéder au camp retranché d’Ousmane Sonko. Au volant d’une voiture rouge, Abass Fall, Chef de Pastef dans la région de Dakar, s’avance vers le groupe de limiers. Le responsable du Pastef/Les patriotes se voit intimer l’ordre de rebrousser chemin.
‘’Vous avez vu comme moi qu’on nous empêche d’accéder au domicile d’Ousmane Sonko. C’est inadmissible et contraire à l’État de droit. Pour l’instant, nous avons nos leaders qui sont encerclés au niveau du siège du Parti républicain pour le progrès (PRP). On verra s’ils comptent rester ici toute la journée’’, indique le premier adjoint au maire de la ville de Dakar. Il en est de même pour l’ancien ministre de l’Agriculture sous Wade, Habib Sy, qui est refoulé par les limiers. Il est suivi par une cohorte de journalistes. Mais la tentative d’Habib Sy de s’adresser à la presse est rapidement interrompue par une volée de grenades lacrymogènes.
Arrestation de Déthie Fall, mandataire de Yaw
La tension reste palpable. De petits détachements de la maréchaussée tentent de disperser des groupes de manifestants qui brûlent des pneus et des détritus sur les deux voies de Sacré-Cœur et de la VDN. Près du siège du parti du mandataire de Yewwi Askan Wi, Déthié Fall, les forces de l’ordre repoussent les militants qui tentent de s’approcher du lieu où sont regroupés les responsables de Yaw, notamment Khalifa Sall et Déthié Fall. La porte d'accès du siège, ainsi que toutes les ruelles qui le jouxtent ont été bloquées.
L’ancien vice-président de Rewmi, qui marchait avec ses militants sur la VDN devant le siège de son parti PRP, a été interpellé par la gendarmerie. Selon l'avocat Me Cheikh Koureyssi Ba, Déthié Fall a été conduit à la brigade de la Foire, avant d'être transféré à la Section de recherches (SR) de Colobane. Une arrestation qui a suscité la colère de Khalifa Sall. ‘’On a dépassé l’étape de la révolte et du dégoût. Mais croyez-moi, ils verront ce qu’on va leur servir, tout à l’heure. Ils auront ce qu’ils méritent. Il n’est que 16 h et la manifestation aura bel et bien lieu. Nous sommes en train de coordonner avec tous les leaders…’’, fulmine l’ancien ministre sous Abdou Diouf.
Makhfouz NGOM