Les ‘’sages’’ du Pastef érigent des barbelés autour de Sonko et Yaw
Face aux attaques de la coalition Benno Bokk Yaakaar et une ‘’instrumentalisation’’ des institutions publiques, Taxawu Magi Pastef a décidé de descendre sur le terrain politique et d’apporter protection aux plus jeunes de la coalition Yewwi Askan Wi et du parti d’Ousmane Sonko.
Pastef, parti des jeunes ? Oui, mais pas que. Car ils sont sortis de l’ombre. Un mouvement regroupant les personnes de plus d’une cinquantaine d’années dénommé Taxawu Magi Pastef et qui entend se constituer en bouclier permanent autour d’Ousmane Sonko et des autres leaders de Yewwi Askan Wi, à chacune de leurs sorties et apparitions publiques. Face à la presse, hier, le mouvement des ‘’sages’’ appelle même les Sénégalais à se rendre au rassemblement de Yewwi Askan Wi du 29 juin 2022 pour sauvegarder des acquis démocratiques.
Il n’est plus question, pour Henri Antoine Badiane, qui a lu la déclaration de Taxawu Magi Pastef, de laisser prospérer la ‘’violence exercée par la coalition au pouvoir (Benno Bokk Yaakaar) à travers une instrumentalisation inouïe de l’Administration et de la justice’’. En résulte un pays placé dans l’impasse par ‘’les privations ou les tentatives de privation de la liberté des populations, l’emprisonnement d’élus de la République, ainsi que l’assassinat de jeunes manifestants (qui) ont fini d’élucider les dérives dictatoriales du régime de Macky Sall’’.
La tentative d’exclusion d’Ousmane Sonko et Cie des Législatives 2022
Les ‘’sages’’ du Pastef ajoutent que la libre participation aux compétitions électorales est une règle bafouée depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir en 2012. ‘’Après Karim Wade et Khalifa Sall, il met en place une tentative d’exclusion des ténors de l’opposition actuelle tels qu’Ousmane Sonko et Cie, aux élections législatives 2022’’, dénonce Henri Antoine Badiane. Aussi, ‘’la violation flagrante des lois et règlements respectivement par l’administration électorale et par le Conseil constitutionnel, malgré le respect de toutes les formes de recours légaux, reste une constante’’.
Malgré la répression et l’arrestation de plusieurs manifestants et de leaders de l’opposition le 17 juin dernier, la coalition de l’opposition compte remettre cela ce mercredi. Ousmane Sonko et Yewwi Askan Wi ont appelé à une nouvelle manifestation lors de laquelle il a promis de s’exécuter, après avoir été assigné à résidence lors du dernier rassemblement avorté. Alors qu’aucune information officielle n’a été prise sur l’interdiction ou non de la manifestation, Taxawu Magi Pastef rappelle que ‘’la vie humaine ainsi que la dignité des individus et des peuples sont d’une importance capitale. Aucune forme de restriction de ces droits fondamentaux ne saurait être acceptée au risque de conduire à des conséquences sociales et économiques désastreuses’’.
Bien décidés à user de leur droit constitutionnel, les sages du Pastef exigent déjà le redressement de la situation économique par des mesures conjoncturelles appropriées pour baisser les prix des denrées et autres produits courants ; la réparation des injustices politiques posées par des décisions anticonstitutionnelles et illégales prises par l’administration électorale et le Conseil constitutionnel ; la libération immédiate et inconditionnelle des otages politiques appréhendés. Sur ce dernier point, Ahmed Aïdara a été libéré à la suite de sa condamnation à un mois de prison avec sursis, lors de son procès en flagrant délit hier.
Le drame du Maroc : illustration de l’échec de nos dirigeants
Avant Henri Antoine Badiane, d’autres membres des sages ont souligné les manquements graves de l’État de plus en plus insoutenables pour la population. L’actualité suffit comme l’illustration, avec la vingtaine de migrants africains tués, alors qu’ils essayaient de forcer un passage vers un territoire espagnol depuis le Maroc.
Pour Alla Kane, ‘’il s’agit d’une illustration de l’échec de nos dirigeants. Nous devons faire de la politique pour empêcher nos enfants de revivre des choses similaires, en raison de politiques d’emploi et d’éducation catastrophiques’’.
Adja Touty Mané souligne qu’à travers cette migration irrégulière, des ‘’enfants se suicident pour essayer de mettre leurs parents dans de meilleures conditions de vie. La justice est partisane. Les manifestants sont tués pour la revendication de leurs droits. Il est temps que les sages parlent. Car nous sommes très préoccupés par la situation du pays’’.
Regrettant que ‘’certains régulateurs socioculturels et socioprofessionnels aient adopté des positions partisanes’’, Taxawu Magui Pastef sonne la mobilisation de toutes les composantes de la société, y compris les familles religieuses musulmanes, chrétiennes et traditionnelles pour une issue pacifique et équitable de la crise actuelle.
Adja Touty Mané a été plus catégorique en appelant les chefs religieux à arrêter Macky Sall : ‘’Qu’on lui dise la vérité. Il a le pouvoir, mais il en abuse. Pour tous ceux qui ont vécu les dernières alternances, il est évident que les signes d’une fin de règne sont visibles.’’
Lamine Diouf