La colère des agents des ministères de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche
L'Intersyndicale des secteurs de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche a tenu une rencontre ce lundi, pour protester contre la suppression de la prime de motivation du secteur primaire. Ils annoncent une grève de 72 heures, à partir d’aujourd’hui.
Pour son pot de départ, le désormais ex-ministre des Finances et du Budget a joué un vilain tour aux agents des ministères de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche. Dans les faits, Abdoulaye Daouda Diallo a juste mis fin aux primes de motivation de ces travailleurs. Ces derniers, pour leur part, ne l'entendent pas de cette oreille. "Nous n'allons pas nous laisser faire", fulmine le coordonnateur de la cellule de communication de l'Intersyndicale, Cherif Sambou. "Dès mercredi, poursuit-il, nous comptons entrer en grève pour 72 heures. L'objectif est de bloquer tout le secteur primaire pour faire entendre notre voix, pour que justice nous soit rendue. Car, après tout, si la situation reste inchangée, nous serions en face d'une injustice sociale. Pendant que d'autres domaines comme l'éducation ou la santé connaissent de nettes améliorations au plan financier, il est hors de question que nous nagions à contre-courant".
Le syndicaliste n'a pas, non plus, omis de faire un petit historique de cet avantage qui ne date que depuis 2012. "Pour acquérir ces primes de motivation, il nous a fallu être patients pendant plus d'un demi-siècle. En effet, depuis l'indépendance, tous les secteurs d'activité, hormis l'agriculture, l'élevage et la pêche, ont toujours bénéficié de ces primes de motivation. Ce n'est qu'en 2021 que cette mesure a été élargie au secteur primaire. Il est donc inacceptable que l'on perde cet acquis. Après tout, nous sommes le secteur qui nourrit les Sénégalais, nous méritons un minimum de considération", martèle cet agent du ministère de l'Agriculture.
Monsieur Sambou ne comprend pas l'attitude de l'ancien argentier de l'État, car, selon lui, les fonds alloués à ces primes en question n'ont pas manqué d'être préalablement budgétisés. "C’est d'autant plus paradoxal, si l'on sait que le budget qui prend compte ces primes existe déjà. Sans oublier que, sur le plan juridique, cette décision est illégale. Par ailleurs, elle est administrativement absurde et socialement dramatique, dans la mesure où la vie est très chère de nos jours. Ces primes ne venaient qu'essayer de relever les salaires maigrichons des agents du secteur primaire", explique M. Sambou.
À l'en croire, cette affaire devrait constituer le "premier gros test" de la toute nouvelle équipe gouvernementale. "Pour le Premier ministre et le ministre des Finances et du Budget, voici un dossier inaugural qu'il faudra diligemment gérer. D'autant plus qu'il faut juste une annulation de la décision prise par Abdoulaye Daouda Diallo pour que nous soyons rétablis dans nos droits", préconise le syndicaliste.
En dehors d'Amadou Ba et de son ministre des Finances et du Budget, l'Intersyndicale compte aussi sur l'arbitrage du chef de l'État pour recouvrer ses primes. "Nous lançons un appel solennel au président de la République afin qu'il mette fin aux décisions du ministre Abdoulaye Daouda Diallo qui risquent de créer une tension sociale incontrôlable", a conclu Cherif Sambou.
Mamadou Diop stagiaire