Les sœurs Dia faisaient chanter des responsables politiques
A. Ba et I. Dembélé espèrent un jour sortir de leurs tourments. Ces deux responsables politiques de la mouvance présidentielle à Ourossogui ont vu leurs vidéos obscènes circuler sur la toile et dans leur fief. L’auteure de cette ignominie n’est personne d’autre que leur petite-amie Aby Ibrahima Dia.
Ils sont nombreux les gens qui n’ont plus goût à la vie, à cause de la diffusion de leurs vidéos obscènes sur les réseaux sociaux. Et malgré les peines répressives infligées aux auteurs de ces actes, le phénomène prend, de plus en plus, de l’ampleur. Il y a chaque jour un peu plus de victimes. Leurs familles sont disloquées et leurs carrières détruites.
Pas plus tard qu’hier, une affaire similaire a été évoquée à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar. Les sœurs Aby Ibrahima Dia et Oumou Dia en sont les principales mises en cause. Les deux dames, pour se faire de l’argent, ont fait chanter deux hommes politiques de la mouvance présidentielle. Les nommés A. Ba et I. Dembélé, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont vu leurs vidéos obscènes faire le tour de Ourossogui et de la toile. Les deux plaignants ont eu le malheur de nouer une relation amoureuse avec Aby Ibrahima Dia.
La demoiselle née en 1989 prenait le malin plaisir de filmer ses partenaires, soit à l’hôtel lors de leur escapade, soit lors de leurs appels vidéo. Pour tirer profit de ces images, elle s’est ensuite confié à sa sœur Oumou Dia. Les deux ont élaboré un plan pour faire chanter leurs proies. Ainsi, Aby a été la première à lancer les hostilités. Dominée par sa cupidité, elle a intimé l’ordre à A. Ba, principal du Lycée de Ourossogui, de lui envoyer 500 mille francs CFA, au risque de voir ses vidéos entre les mains de ses adversaires politiques. Pendant ce temps, sa grande sœur contactait I. Dembélé et lui réclamait 6 millions de francs CFA.
Mais, ceux-ci n’ont pas pris ces menaces au sérieux. C’est durant la campagne des dernières élections législatives que leur vie a basculé dans l’horreur. Aby, avec la complicité de sa sœur, a exécuté ses menaces.
Désemparés, les deux responsables politiques ont saisi la justice. Poursuivie pour diffusion d'images contraires aux bonnes mœurs, tentative d'extorsion de fonds, Haby Ibrahima Dia a plaidé coupable. Cette commerçante, même si elle reconnaît avoir filmé A. Ba, soutient que celui-ci ne cessait de la harceler, alors qu’elle ne l’aime pas. Elle soutient avoir envoyé la vidéo d’A. Ba à un de ses amis. Âgée de 44 ans, Oumou Dia, reconnaît également le délit de tentative d’extorsion de fonds qui lui est reproché.
Dans leurs plaidoiries, les avocats des parties civiles ont déploré l’attitude des prévenues. D’après eux, celles-ci ont ruiné la vie de leurs clients. A cause de cette affaire, disent-ils, les parties civiles n’ont plus d’avenir dans la politique. Ils sollicitent ainsi que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur.
La représentante du ministère public, qui n’a guère cautionné l’attitude des comparantes, a requis un an d’emprisonnement ferme contre Aby I. Dia et trois mois de prison ferme contre Oumou Dia. « C'est un phénomène récurrent. Aby Dia l'a fait à deux personnes Et elle était motivée par l'appât du gain. Les conséquences sur les parties civiles sont drastiques. Bâ et Dembélé verront leur nudité à chaque fois qu'ils partiront sur internet », a regretté la représentante du parquet.
Selon Me Aboubacry Barro, sa cliente Aby, qui est divorcée et mère de quatre enfants, a été utilisée par des hommes politiques véreux tapis dans l’ombre. D’après l’avocat, les prévenues ont mesuré les conséquences de leur acte. A cet effet, il a sollicité une application bienveillante de la loi pénale. Me Ousseynou Ngom admet que les faits pour lesquels ses clientes comparaissent doivent cesser. Néanmoins, il invite le tribunal à leur accorder son pardon.
Finalement, le tribunal a reconnu les deux frangines coupables des faits qui leur sont reprochés. Aby Ibrahima Dia est condamnée à deux ans dont quatre mois d’emprisonnement ferme, tandis que sa sœur Oumou, elle a écopé d’une peine de deux mois d’emprisonnement ferme.
MAGUETTE NDAO