Des femmes repensent l'équité
Pour la 2e édition du Forum exclusivement féminin (Fef), des centaines de femmes venues d'horizons divers se réunissent depuis hier dans la capitale du Nord. Ainsi, pendant 72 heures, elles se pencheront et échangeront à travers différents panels autour du thème "Défaire les codes et repenser l’équité". Une occasion pour ces dernières de réfléchir sur les voies à mettre en œuvre pour encore faire valoir l’ensemble de leurs droits et exiger l'équité.
Le panel d'ouverture a été une tribune, pour les participantes, de décoder et de trouver de nouvelles stratégies de déconstruction ou de déconditionnement pour permettre à la femme de s'épanouir et de participer au développement du Sénégal.
Pour l'écrivaine Mariétou Mbaye Ken Bougoul, il ne s'agit pas de discuter des conditions de la femme, mais plutôt du statut de celle-ci dans nos sociétés. "On ne doit plus parler d'égalité dans nos sociétés, parce que ce sont des concepts qui nous ont été apportés de l'Occident. Même en Occident, on ne peut parler d'égalité. Ce qui est important, c'est de tout faire pour qu'il y ait équité par rapport à la condition de la femme. Mais pour y arriver, il faut surmonter beaucoup de facteurs culturels, religieux, traditionnels et refuser la fatalité. Raison pour laquelle les panélistes ont réfléchi sur différentes stratégies à mettre en œuvre pour qu’il y ait équité dans l'éducation entre hommes et femmes, entre adultes et enfants, parce que tout le monde est concerné", a soutenu l’auteure du bouquin "Le baobab fou", Ken Bougoul Mbaye.
Avant d'ajouter que cela nécessite une déconstruction sociale et économique qui implique une volonté politique. "Il est beau de faire des discours, mais ils doivent être accompagnés d'une volonté politique manifeste, sinon l'application sur le terrain sera très difficile. Pour réaliser l'équité entre hommes et femmes dans nos sociétés, il faut briser le plafond de verre et refuser la fatalité", a déclaré Mariétou Mbaye.
Une vision largement partagée par les autres femmes leaders venues des quatre coins du monde. Car elles continuent toujours de lutter pour leurs droits, dans des pays aux réalités et aux histoires très différentes.
Pour la directrice des Arts et de Cultures africains, les travaux de la 2e édition du Forum exclusivement féminin de Saint-Louis permettent aux femmes de confirmer leur place dans la société et de mieux revaloriser leur statut social. "À travers les échanges, les femmes veulent porter encore plus haut leurs voix en ouvrant plus grandement les portes. Il est temps qu'on démystifie certains aspects culturels pour remettre la femme à la place qu’elle mérite. Puisque c’est elle qui a révolutionné le monde, en étant dans les champs, au foyer et dans tous les domaines de la vie économique, sociale, politique, culturelle, environnementale, sportive", a déclaré Ndèye Marème Thiam.
Initiateurs de l'activité, les responsables de l’Institut culturel français (ICC) de Saint-Louis ont beaucoup apprécié la qualité des travaux du panel d'ouverture. Pour la directrice déléguée de l'ICC de Saint-Louis, Isabelle Boiro Gruet, les participantes de la 2e édition du Forum exclusivement féminin incarnent, par des voix différentes et diverses manières, un exemple de réussite. "Ainsi, les jeunes filles de la nouvelle génération pourront s’inspirer pour affirmer leurs multiples talents avec confiance et fierté. Parce que jusqu'à présent, les voix des femmes à travers le monde continuent d’alerter sur les inégalités entre hommes et femmes", a soutenu Isabelle Boiro Gruet.
Il faut signaler que les organisateurs de cette édition 2022 se sont associés à Octobre Rose pour sensibiliser davantage les femmes sur les ravages des cancers du sein et du col de l'utérus.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS