72 heures de grève, des blessés évacués et de la colère
Étudiants et forces de l'ordre se sont encore affrontés hier, devant le grand portail de l'université Gaston Berger. Des heurts qui ont occasionné des blessés légers dans les rangs des étudiants de l'UGB. Les pensionnaires de Sanar ont barré la RN2, perturbant la circulation pendant des heures sur cet axe, pour réclamer de meilleures conditions de vie et d'étude.
L’année universitaire est mal engagée à l’UGB. Quelques semaines seulement après l’ouverture des campus, les enseignements sont déjà perturbés par de nombreux mouvements de cessation de toutes les activités pédagogiques et de l’instauration de journées sans tickets (JST).
Après une assemblée générale d’urgence tenue hier au campus social, les responsables de la Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL) ont décrété 72 heures sans activités pédagogiques et 120 heures de journées sans tickets (JST) pour fustiger les mauvaises conditions de travail et de vie. Et pour marquer leur mécontentement et attirer l'attention des autorités de l'enseignement supérieur, ils ont de nouveau envahi la route nationale 2, en la bloquant à l’aide de pneus brûlés et des troncs d'arbres. Ce qui a poussé les forces de l’ordre à intervenir violemment pour rétablir l'ordre et le trafic.
D'ailleurs, les gendarmes déployés sur le terrain ont recouru à des tirs de grenades lacrymogènes pour disperser les groupes d’étudiants déterminés à en découdre. En répondant aux bombes lacrymogènes des gendarmes par des jets de pierre, les étudiants obligés de battre en retraite au campus social, vu la puissance qui leur a été opposée, ont enregistré dans leur repli huit blessés qui ont été évacués au centre médical du Crous.
‘’Rien ne va l'UGB… 6 à 7 étudiants par chambre’’
Trouvé au chevet des camarades blessés, le président de séance, Amadou Ndiaye, a déploré les dures conditions de vie et d'étude des étudiants de l'UGB. Pour lui, les autorités universitaires ne sont pas sensibles aux nombreuses difficultés auxquelles les 17 000 étudiants sont quotidiennement confrontés pour survivre. "Sans se tromper, on peut dire que les dures conditions des étudiants de l'UGB ne préoccupent pas les autorités, sinon elles nous auraient prêté une oreille attentive. Rien ne va l'UGB. Les problèmes des années passées sont au même stade et elles continuent de nous envoyer des milliers de nouveaux bacheliers" a fustigé Amadou Ndiaye.
Avant d’ajouter que le manque de volonté des autorités universitaires de Saint-Louis de trouver des solutions à leurs problèmes s’est encore manifesté, la semaine dernière. "Mardi dernier, au cours d'une audience avec le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la CESL est venue avec des propositions concrètes. Mais, à l’inverse, nous avons constaté que les autorités universitaires de Saint-Louis n’avaient même pas eu le réflexe de préparer cette séance de travail. Une attitude qui démontre que la situation des étudiants ne les préoccupe pas", a poursuivi le président de séance de la CESL.
Enfonçant le clou, sa camarade et responsable à la CESL, Fatoumata Sané, a rappelé que les étudiants de Saint-Louis poursuivront le combat jusqu'à la satisfaction de leur plateforme revendicative. ‘’Il faut que les autorités trouvent des solutions pour augmenter la capacité d’accueil, parce qu’il y a un manque criant de logements. Pourtant, des milliers de nouveaux bacheliers sont envoyés à l’UGB. On note, depuis quelques années, les modiques capacités d’accueil des restaurants universitaires, face au nombre pléthorique d’étudiants. D'ailleurs, nous souffrons des queues interminables devant les restaurants universitaires. Malgré les promesses, il y a toujours un manque d’eau potable. Les chambres sont bondées de monde. Nous vivons à six ou sept dans les chambres, au moment où de nombreux nouveaux bacheliers continuent d’être orientés ici", dénonce Fatoumata Sané.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT-LOUIS