Les journalistes s'inscrivent en faux
Cheikh Yérim Seck ne semble pas apprécier le traitement médiatique de l’affaire du viol présumé de l’étudiante Ndèye Aïssatou Tall qui l’a envoyé en prison, depuis le 8 septembre dernier. Il se dit victime de matraquage médiatique. Ses confrères s'inscrivent en faux.
Matraquage médiatique. Ce bout de phrase a été lâché par Cheikh Yérim Seck, à la fin de son procès. Un bout de phrase qui a laissé pantois le public venu nombreux assister au procès du journaliste qui risque trois ans de prison ferme pour le viol présumé de l’étudiante Ndèye Aïssatou Tall. Car le directeur de publication du site d’informations Dakaractu semble n’être pas content du traitement de cette affaire par ses confrères de la presse. En d’autres termes, Cheikh Yérim Seck, sans le dire, déplore l’absence de réflexe corporatiste.
Cependant certains journalistes interrogés par ''EnQuête'' affirment qu’il n’y a pas eu matraquage médiatique, même si la personnalité des deux parties n’est pas des moindres, surtout celle du prévenu. Daouda Mine, rédacteur en chef du journal L’Observateur, estime que ''les journalistes ont fait leur travail convenablement''. Son confrère du ‘’Populaire’’ est du même avis. Harouna Dème souligne qu’il n’y a pas de réflexe corporatiste dans le traitement de cette affaire. ''Nous avons fait notre travail, dit-il, en traitant l’information de façon professionnelle, car nous ne sommes ni pour Cheikh Yérim, ni pour la fille’’.
D'ailleurs, le chef du desk société du journal ''L'As'' révèle que lorsque l'affaire a éclaté, elle a hésité à la publier. Mais, confie Hadja Diaw Gaye, '' Mon rédacteur en chef m'a dit : ''Pourquoi tu parles des autres pères de famille, des célébrités et que tu hésites parce que c'est un journaliste ?''.
''Cheikh Yérim... est de l’autre côté''
Selon Daouda Mine, le corporatisme ne peut pas prévaloir, dans la mesure où le viol prime sur la personnalité des uns et des autres. ''Le viol a une place de choix dans le traitement des faits divers. S’il est combiné à la personnalité des parties : un journaliste célèbre et la fille d'un magistrat, cela suscite forcément un intérêt certain’’, confie le rédacteur en chef de L’Observateur. Et d’ajouter : ‘’Même si on voulait le protéger, nous sommes astreints au devoir d’informer les populations’’. Surtout que, soutient le rédacteur en chef du journal Walf Grand-place : ''Cette affaire n’a rien à voir avec son travail de journaliste. C’est une affaire privée. Si elle était liée à son travail de journaliste, les gens l’auraient bien défendu’’. Sur sa lancée, Moustapha Diop écarte le matraquage médiatique. ‘’Les journalistes n’ont fait que relayer les faits mentionnées dans le procès-verbal et les déclarations faites à la barre’’, dit-il. Au contraire, poursuit notre interlocuteur, ''les gens se sont abstenus de faire des commentaires pour donner leur opinion''.
Pour Harouna Dème tout comme Daouda Mine, il se trouve que dans cette affaire, il y a inversion de rôle. ‘’Cheikh Yérim était dans la situation de quelqu’un qui rapportait, dénonçait et critiquait des faits et s’érigeait en donneur de leçons, mais aujourd’hui, il est de l’autre côté. Les rôles ont simplement changé et nous sommes obligés de traiter l'information’’, fait remarquer Daouda Mine. Retour de bâton ou ironie du sort, comme disent certains ?
FATOU SY
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