3 QUESTIONS À... TAMSIR JUPITER NDIAYE (CHRONIQUEUR)
Pourquoi les leaders de parti s’éternisent à la tête de leur parti ?
C'est parce qu'au Sénégal, on a une conception très autoritariste de la gestion d'un parti politique. Nos chefs de parti, trop souvent, se prennent pour des petits rois, comme des gens qui ne doivent pas être contournés. Cela crée une gestion purement clanique, fasciste à la limite. A part le PDS et les partis qui sont issu de ses flancs, pratiquement tous les partis sont issus de la gauche communiste, socialiste. De là, émerge ladite conception. La deuxième raison, est que, à part le Parti socialiste, la Ligue démocratique, presque tous les partis sont formés par leur propre leader. Ce qui fait que beaucoup de partis ne vont pas survivre à Wade. Les libéraux se sont identifiés à la personne de Wade et non à l’idéologie de Wade. Ensuite, les parti ont des textes pour se faire valider, mais le plus souvent, l'autorité est unilatérale. Par exemple, au PDS, tous les responsables sont (ou étaient) cooptés par Wade. A l’AFP, tous les responsables sont nommés par Moustapha Niasse et ils s’identifient à sa personne.(…) Les partis politiques ne sont finalement que des propriétés privées apparemment à des individus.
Donc, c’est un business…
Les partis au Sénégal ont deux existences : il y a des partis qui ont une existence politique réelle, sociale et c'est constaté sur le terrain. Il y a par contre des partis qui ont une existence médiatique, qui excellent dans le chantage et la menace. De telle sorte qu’ils cherchent à se faire peur et se faire inviter soit dans le pouvoir ou dans les grandes discussions. On peut défier certains partis pour qu’ils aillent aux élections. On n’a pas encore compris qu’un parti politique, c’est d’abord une idéologie, un programme et une orientation.
Quels risques pour les partis de ne pas renouveler leurs instances de façon acceptable ?
Le risque est que ces partis vont être ankylosés par des conflits d’intérêt, des combats à l’interne. Le militant est intéressé et mobilise quand il prépare les renouvellements. Prenons le cas de la France, François Hollande s’était opposé à Martine Aubry, mais lorsqu’elle a été battue, elle l’a soutenu. Ce n’est pas notre cas au Sénégal. Quand on est battu, on quitte le parti et on en crée un autre.
Daouda GBAYA
AVERTISSEMENT!
Il est strictement interdit aux sites d'information établis ou non au Sénégal de copier-coller les articles d' EnQuête+ sans autorisation express. Les contrevenants à cette interdiction feront l'objet de poursuites judiciaires immédiates.