« Macky, les arts et le patrimoine ».

Tel est le thème choisi cette année pour le Festival National des Arts et Culture (FESNAC).

Disons-le d’entrée, en voyant ce thème, nous avons été, interloqués...

Nous avons alors eu le sentiment qu’il existerait un fossé de conscience entre les autorités à la charge de la culture et les acteurs culturels du pays : pour notre part, et nous supposons qu’il en est de même pour tous les hommes amoureux d’art et de culture également, le FESNAC est une aubaine pour les artistes pour rivaliser de créativité.

Depuis qu’il existe jusqu’à nos jours, nous constatons que cet événement, à travers lequel on aurait pu dépoussiérer notre riche et pluriel patrimoine commun, pour cultiver, promouvoir..., inventer - j'insiste sur le dernier verbe : inventer - des valeurs qui libèrent les consciences populaires et professionnelles, participe à la "paupérisation" de notre esprit et de notre estime de soi artistiques, et n’a jamais été ce Festival dont nous rêvions.

Les propos que nous tenons sont loin d'être des critiques à l’endroit de qui que ce soit, mais un constat ; cependant, nous savons que l’ouverture d'esprit du ministre de la Culture et sa grandeur humaine lui permettront de comprendre que nos propos sont le symbole de l'immense attachement que nous avons pour notre Art. D'ailleurs, n'illustrent-t-ils pas à suffisance notre maturité ou plutôt l'éveil de notre conscience artistique qui, à n'en point douter, aspire à contribuer au développement socioculturel de notre pays dans la mesure de notre créativité, d'aider l'État central à promouvoir des valeurs utiles et d'espérer contribuer aux changements majeurs auxquels notre grand pays, de culture et d'intellectuels de renom, est en droit d'attendre de nous.

Pour notre part (nous supposons qu'il en est de même pour le Ministre de la Culture), la Culture est une part essentielle de l'âme des communautés structurées et l'Art, l'instrument par lequel, et à travers les artistes, ces communautés rêvent transmettent, élèvent, soignent... et vendent leur beauté, leur grandeur, leur fierté, leurs aspirations, etc. Ce faisant, l'Art nous aide, pacifiquement, lucidement et intelligemment à porter un faisceau de lumières sur des valeurs, endogènes certes, mais universelles, et, pour l'essentiel, porteuses de progrès pour notre humanité acceptée et partagée. Sous, ce rapport, nous vous invitons humblement Monsieur le Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique à revoir le libellé du thème du FESNAC de Fatick pour mettre les acteurs à l'aise dans leur création artistique qu'ils veulent de qualité.

Le thème pour cette prochaine édition du FESNAC ne nous semble ni créatif, ni scientifique, encore moins artistique.

Au lendemain de la dernière édition de Kaffrine, un rapport d’évaluation a été envoyé au Ministre de la Culture par nos soins, avec une ampliation faite à la direction du FESNAC. Ayant assisté aux festivités du début jusqu’à la fin, nous avons voulu apporter un regard critique sur certains aspects de l’organisation mais surtout, les conditions dans lesquelles les artistes sont pris en charge. C’est parce que nous aimons ce festival que nous avons tenu à envoyer à l’autorité ce rapport dans le but de l’améliorer. Malheureusement nous avons été considérés par certains comme des fossoyeurs.      

Le Président de la République montre à travers toutes ses réalisations en matière de culture, à quel point il est attaché à la création artistique et au travail intellectuel. La culture constitue un volet essentiel du Plan Sénégal Emergent (PSE) et les différents jalons qu’il ne cesse de poser, montrent à suffisance qu’il a compris que la croissance économique d’un pays doit être accompagnée par un développement culturel. Quand le peuple semble s’essouffler, gagné par la lassitude, dépassé par l’ampleur de ses problèmes, la culture intervient pour échauffer le sang des jeunes générations et des moins jeunes, pour maintenir vivace, l’espoir.

Les acteurs culturels jouent donc un rôle très important de régulation sociale. Il en est conscient, le Président de la République et son ambition est de les mettre dans les conditions de bien-être optimum. Cette volonté du Président de la République contraste avec la volonté de Monsieur le Ministre de la Culture de proposer un thème pour ce FESNAC qui ne laisse aucune place la création artistique. L’artiste se veut libre et libéré dans ses créations. Un tel thème nous met très mal à l’aise et réduit à néant toute la créativité et sape le bagage intellectuel de ces « géants » de la culture qui ont eu à étudier, pour certains, à l’Université Senghor d’Alexandrie, au CRAC de Lomé et dans les grandes Universités Européennes.

Nous ne cessons jamais de rappeler que le Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique doit aujourd'hui solliciter les services de vrais professionnels, aguerris dans l'organisation de manifestations culturelles de cette envergure, pour réussir le FESNAC.

Il ne suffit pas de ressusciter le FESNAC mais de bien repenser l’organisation.

Ne serait-il pas mieux de faire du FESNAC non plus un service du Ministère de la Culture mais l’ériger en une Délégation Générale ?

Nous avons attendu en vain une vraie et bonne évaluation de l’édition de l’année dernière, qui a été une belle réussite, et la mise en œuvre des résolutions de l’atelier de réflexion sur le Festival tenu il y a quelques années mais hélas….

Pour revenir au thème de cette année, il renseigne sur une noble intention du Ministre de la Culture Aliou Sow de rendre un hommage mérité au Président Macky SALL, surtout à ce tournant, oh, combien important de sa vie politique (ainsi que de celle de beaucoup de sénégalais), après tant de sacrifices au service de son Pays qu’il aura marqué positivement et de façon indélébile. Il aurait pu être bien accueilli si le Ministre avait eu le temps et la latitude d’en discuter avec les acteurs que nous sommes, pour nous permettre de l’intégrer et de le « digérer ». A Monsieur Aliou Sow, Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique, Convenez-en donc avec nous, que c’est son caractère instantané et brusque qui aura contribué à l’effet de surprise et du rejet, presque unanime, de la part des acteurs.

Nous restons cependant convaincus qu’il reste très peu de temps pour changer d’orientation et que ce thème du Ministre sera surement retenu. Nonobstant, nous avons tenu à vous transmettre notre sentiment profond, d’autant que notre compagnonnage avec l’Institution est inscrit dans la durée. Mais,

NOTRE REVE DE VOIR LE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DEVENIR UNE REALITE ENCORE UNE FOIS S’EST ENVOLE COMME DES FEUILLES MORTES.

QUAND ON N’EST PAS D’ACCORD, ON DIT NON !